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Le deuxième vice-président du Sénat appelle les auteurs des massacres de 1972 à demander pardon

ByAdministrateur

Sep 12, 2021

BUJUMBURA, 8 sept (ABP) – Le deuxième vice-président du Sénat, M. Cyriaque Nshimirimana, a lancé un appel aux auteurs des massacres de 1972 d’oser demander pardon pour les crimes commis contre des innocents de l’ethnie hutu tués par le pouvoir de Michel Micombero car, selon lui, demander pardon les libèrera de l’angoisse qu’ils vivent.

Cet appel a été lancé mardi le 7 septembre, au site de Buterere, près de la station d’épuration des eaux usées où la Commission vérité et réconciliation (CVR) a procédé à la clôture provisoire de la campagne des enquêtes et auditions sur les violations graves des droits de l’homme perpétrées en 1972 dans la mairie de Bujumbura et ses alentours, ainsi que les enquêtes et exhumations des fosses communes datant de cette même époque.

M. Nshimirimana a également demandé aux rescapés, aux veuves et orphelins de se préparer à leur donner du pardon car, a-t-il souligné, l’objectif de la CVR n’est pas de raviver les démons du passé, comme certains le pensent, mais de réconcilier le peuple burundais. Les Burundais doivent savoir que ce ne sont pas les tutsis qui ont tué les hutus, mais que c’est le mauvais pouvoir d’alors qui a tué une partie de la population, a-t-il estimé.  Il a réitéré le soutien du pouvoir actuel à la CVR pour son travail louable et en a profité pour demander à la population de ne pas avoir peur de donner des informations à cette commission qui compte bientôt mener un recensement général pour connaitre le nombre exact de toutes les personnes disparues dans différentes crises qui ont ensanglanté le pays.

Le président de la CVR, M. Pierre Claver Ndayicariye, a fait savoir qu’en marie de Bujumbura, la CVR a pu auditionner 174 personnes, dont 31 de la commune Muha, 35 de la commune Mukaza et 68 de la commune Ntahangwa. Quelques 17 autres témoins ont raconté à la CVR les atrocités qu’ils ont vécues dans leurs écoles comme à l’ENA, à l’Athénée Royal, à l’ENE Ngagara, au Collège du Saint-Esprit, à l’ETS Kamenge, au Grand Séminaire de Bujumbura, au MP pour filles de Gisenyi, au Petit Séminaire de Kanyosha, à l’Université officielle du Burundi, à l’UOB et à l’ENS où plusieurs étudiants hutus ont été arrêtés et tués. D’autres témoignages proviennent de la prison de centrale de Mpimba.

Les auditions de la CVR ont été également faites à l’endroit de certaines autorités du pays de cette époque-là, au sein du mouvement de la JRR (Jeunesse révolutionnaire de Rwagasore) qui était affilié au parti UPRONA (Union pour le progrès national) qui dirigeait le pays, au ministère des Finances, à la Sureté nationale ainsi que beaucoup de gens en provenance des alentours de la ville de Bujumbura, dont Buhonga, Kanyosha, Muyira, Kabezi, Mubone et Ruyaga, sans oublier des documents écrits qui sont très importants dans la recherche de la vérité. Cependant, des recherches sont encore menées à ce niveau, selon le président de la CVR.

La CVR a pu ouvrir quelques fosses communes du site Bumwe, au quartier Buterere, où elle a pu déterrer des restes des victimes de 1972 dont des ossements très décomposés, des restes d’habits, des objets en fer que les bourreaux utilisaient pour les achever. Ces restes découverts en mairie de Bujumbura sont insignifiants par rapport à ceux découverts dans les autres régions du pays. D’autres sites renseignés abritent actuellement des maisons, des industries et des usines. Toute la zone abritant l’Otraco, la Sodeco, le CNTA, la Centrale d’achat des médicaments et la station d’épuration des eaux usées a été construite sur les fosses communes abritant les victimes des massacres de 1972. Selon M. Ndayicariye, cela a été fait sciemment pour les cacher.

Il ressort de toutes ces enquêtes que les institutions étatiques, la sureté nationale, le parquet, le parti UPRONA et la jeunesse de ce parti sont à la tête des atrocités commises contre les hutus, à majorité des cadres, des enseignants, des étudiants, des commerçants et des religieux. Ils étaient ligotés puis tués. Certains tutsis ont été emprisonnés pour des règlements de compte car cette période sombre de l’histoire était caractérisée par le désordre. Chaque autorité faisait ce qu’elle voulait. Des tutsis qui ont été emprisonnés puis libérés quelques mois après ont témoigné les atrocités qu’ils ont vues en prison où des hutus étaient tués à l’intérieur de leurs cellules, où des cris et du sang qui y sortaient. Les hutus tués ont été jetés dans des fosses communes à Buterere qui étaient creusées par les machines du ministère des travaux publics et de la société Amsar d’alors.

Les familles ont témoigné, quant à elles, qu’elles étaient autorisées à voir les leurs emprisonnés, tandis que les veuves et les orphelins étaient chassés dans leurs maisons car, ils étaient qualifiés d’enfants ou veuves de traitres.

Selon le président de la CVR, il y a eu des tutsis qui ont sauvé des hutus et certains en ont payé le prix car, ils ont été tués.

Signalons que des cérémonies de levée de deuil partielle ont été organisées pour clôturer les travaux de la CVR en mairie de Bujumbura. L’étape prochaine est Muramvya et Mwaro. La CVR continuera cependant à écouter toute personne qui a des informations à lui livrer.