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Du juriste à l’entrepreneure

ByAdministrateur

Oct 10, 2021

BUJUMBURA, 15 juil (ABP) – Motivée par l’entrepreneuriat, Mme Suavis Citegetse, juriste de formation et membre du barreau de Bujumbura, a déposé sa toge pour embrasser la carrière entrepreneuriale. Malgré les difficultés liées au Covid-19 qui a dévoré une bonne partie de sa clientèle son entreprise résiste toujours.

Le choix entrepreneurial de Mme Citegetse a été tout d’abord motivé par, comme elle l’affirme elle-même, le temps libre après son boulot qui l’a vite poussée à réaliser qu’il faut chercher quelque chose à faire pour s’occuper utilement et ensuite par le chômage de certains membres de sa famille qui après avoir terminé le cursus scolaire venaient lui demander de les aider à trouver de l’emploi en tant qu’aînée de la famille.

Tous ces facteurs réunis, précise-t-elle, l’ont poussée à créer l’entreprise le « Sourire plus », qui consiste à faire de nouvelles collections des sacs à mains pour dames, jeunes filles ainsi que des bijoux et différents articles de décoration.

Actuellement Mme Citegetse consacre la plupart de son temps à son entreprise. « Avant c’était pour occuper les autres mais par après j’ai découvert que c’est ma passion. J’y consacre beaucoup de temps moi-même avec mon équipe et je suis à l’aise », a-t-elle déclaré. L’équipe dont elle parle est constituée de 5 employés dont des membres de sa famille déjà engagés à temps plein.

En tant que patronne d’entreprise, elle s’occupe du design et de l’administration tandis que les autres s’occupent du reste. A deux ans seulement d’opération, Mme Citegetse apprécie le pas déjà franchi. « Nos produits sont vraiment appréciés par nos clients qui trouvent nos designs et notre façon de faire impeccable », a-t-elle révélé tout en informant que son capital de départ était de 500.000 FBu mais que son chiffre d’affaires actuel s’élève à 5.000.000 FBu.

La situation actuelle liée au coronavirus a un impact profond sur tous les types d’entreprises, celle de Mme Citegetse n’est pas épargnée.

Suite à cette pandémie une bonne partie de sa clientèle a carrément disparu. Actuellement elle mise uniquement sur la clientèle locale. « Nos produits étaient pour la plupart achetés par des gens qui les offraient en cadeaux aux leurs qui sont essentiellement en Europe, aux USA, au Canada, etc. Mais actuellement, à cause de ce fléau on n’envoie plus de colis à l’étranger », s’indigne-t-elle. « Aujourd’hui on reste seulement avec le marché local, ce qui veut dire que notre clientèle a sensiblement diminué », a-t-elle poursuivi.

Malgré cette situation de précarité, l’entreprise « Sourire plus » a pu survivre grâce à des stratégies de résistance qui ont été instaurées. « Face à ces défis, nous avons renforcé notre système de marketing.

Désormais, on attend plus le client qui vient vers nous, mais c’est plutôt nous-mêmes qui allons vers le client », témoigne-t-elle. Elle indique en outre qu’elle passe elle-même et son équipe du temps à parcourir les lieux de travail (de bureau en bureau), à marchander les produits, à faire des livraisons et des fois des livraisons à domicile.

Aux entrepreneurs qui font face aux défis liés au Covid-19, Mme Citegetse prodigue des conseils. « Les besoins sont toujours là au pays entre les hommes, il faut repérer ce dont les gens ont le plus besoin et opérer dans ce domaine », a-t-elle prévenu.

Actuellement le Burundi fait face à une situation préoccupante entre l’offre et la demande de l’emploi par le fait qu’une bonne partie des jeunes diplômés est confrontée au chômage.

Selon le rapport de l’Appui au développement intégral et à la solidarité sur les collines (ADISCO), en 2015, 60 % des jeunes n’avaient pas d’emploi et 2 ans plus tard, en 2017, 65% des jeunes étaient, selon la Banque mondiale (BM) sans travail.

Selon toujours la BM, cette situation est due à la croissance économique du Burundi qui ne suit pas la croissance démographique. Actuellement, 93 % des jeunes qui arrivent sur le marché du travail mettront en moyenne 5 ans pour trouver un emploi (ADISCO).

Pour Mme Citegetse, seul le développement d’une culture entrepreneuriale chez les jeunes burundais est nécessaire pour faire reculer le chômage qui les gangrène. « Les jeunes en situation de chômage devraient prendre conscience et emprunter, sans trop tarder, la voie entrepreneuriale », souligne-t-elle.

L’entrepreneuriat chez Mme Citegetse ne se limite pas seulement sur « Le Sourire plus ». Elle a déjà fondé une école, « Ecole le Sourire » dont la création a été, elle aussi, motivée par la situation longtemps vécue et observée où les enfants de sa province natale (Ruyigi) ne pouvaient pas faire l’école maternelle. « J’ai été, profondément touchée et hantée par le fait que les enfants de ma région natale n’ont pas accès à l’école maternelle et j’ai voulu contribuer de ma manière à pallier à cette problématique », a-t-elle fait remarquer.

L’école Le Sourire compte actuellement 360 élèves (maternelle et primaire) et la première promotion arrive en 6ème primaire, a-t-elle souligné tout en précisant qu’un groupe de parents, animés de bonnes initiatives et dont la plupart ont des enfants à cette école, s’est joint à elle à partir de l’école fondamentale en tant qu’actionnaires.