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Appel à la mobilisation générale pour la lutte contre les VBG

ByAdministrateur

Mar 27, 2024

BUJUMBURA, 26 mars (ABP) – Les Violences basées sur le genre (VBG) comprennent des actes qui causent un préjudice physique, sexuel et mental, ou d’autres formes de souffrance, de coercition et de limitation des libertés individuelles et ont des conséquences à long terme sur la santé sexuelle, physique et psychologique des victimes.

Au Burundi, les femmes leaders « Imboneza » jouent un rôle prépondérant dans la lutte contre les VBG, a rassuré Mme Emma Gakobwa, une femme leader du centre Nturengaho, un des centres qui visent à contribuer à la réduction des violences envers les femmes et plus particulièrement les adolescentes vulnérables, qui sont les plus exposées aux risques de grossesses non désirées et à la contamination par le VIH/SIDA.

Dans une interview accordée à l’ABP, Mme Gakobwa a fait savoir que dans la mise en œuvre de la prévention des VBG, il existe de nombreux défis. Les jeunes filles ayant des grossesses non désirées abandonnent les écoles, sont refoulées dans leurs familles respectives et restent dans un isolement total. La principale raison pour laquelle de nombreuses femmes sont victimes des VBG est le manque de moyens économiques de subsistance, a indiqué Mme Emma Gakobwa, soulignant que l’inégalité entre les sexes constitue un obstacle aux efforts de développement à tous les niveaux.

« Les femmes et les hommes devraient tous pouvoir accéder aux opportunités économiques afin de parvenir à une réelle indépendance dans leur vie », a-t-elle suggéré.

Mme Gakobwa n’a pas manqué de signaler que la lutte contre les Violences basées sur le genre est vitale pour la survie des femmes et aussi pour le développement du pays. Elle conseille ainsi à toutes les femmes qui n’ont pas été victimes des VBG de s’engager dans des activités génératrices de revenus afin d’éliminer la pauvreté et de restaurer leur dignité et leur image au sein de la famille. « Dans la famille, une femme qui n’a aucune activité génératrice de revenus est sous-estimée ».

                Mme Gakobwa avec les victimes des VBG au centre Nturengaho

Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, le centre Nturengaho dispose d’un centre d’hébergement pour les jeunes adolescentes ayant eu des grossesses non désirées. Il les encadre et les surveille pendant la période prénatale. Après avoir accouché, a-t-elle informé, ces jeunes adolescentes sont accompagnées jusqu’à leurs collines d’origine.

Agée de 23 ans, Mlle Sophie Iradukunda est une victime de violences psychologiques et socio-économiques. C’est une élève de deuxième année post-fondamentale, qui réside en zone Kinama de la Mairie de Bujumbura. Elle est orpheline de père et de mère. Elle a déclaré à l’ABP qu’après la mort de ses parents, elle a été éduquée et scolarisée par ses grands-parents. Au fil du temps, la situation est allée en se détériorant. Ses grands-parents sont devenus incapables de lui payer les frais de scolarité. Mlle Iradukunda précise qu’en dehors des heures de cours, elle est obligée de chercher du travail pour subvenir à ses besoins. « Mes grands-parents se désintéressent actuellement de moi. Quand je suis en période menstruelle, j’utilise des serviettes hygiéniques lavables car je n’ai pas de moyens pour acheter des serviettes hygiéniques de bonne qualité. Elle a rejoint le centre Nturengaho et espère obtenir de meilleures conditions pour poursuivre ses études, a-t-elle confié.

Pierre Claver Nizigama, victime de violences socio-économiques, est un homme âgé de 32 ans et résidant au quartier Mirango II de la zone Kamenge en Mairie de Bujumbura. Son épouse l’a quitté avec leurs trois enfants et est partie à Oman, a-t-il raconté. Comme occupation principale, il est conducteur d’un taxi-vélo, mais les recettes issues de cette activité ne lui permettent pas de payer les loyers d’une maison qu’il habite et subvenir aux besoins de ses enfants. Il a rejoint le centre Nturengaho où il espère avoir une assistance financière pour subvenir aux besoins de sa famille.

Jacques Ndihokubwayo, conseiller chargé de la planification et du partenariat à la Direction générale de la promotion de la femme et de l’égalité des genres au ministère des Droits de la personne humaine, des Affaires sociales et du Genre, a indiqué qu’une faible sensibilité communautaire sur les VBG conduit à l’impunité. « Au cas où il y a une violence contre une femme, des fois la communauté n’y accorde pas une attention voulue, ce qui entraîne un désespoir pour la victime qui constate que même en cas de recours en justice, personne ne témoignera en sa faveur ».

Selon M. Ndihokubwayo, s’il y a une victime évidente de VBG, la communauté devrait prendre l’initiative d’aider l’opprimée à sortir de cette situation et de dénoncer publiquement les oppresseurs. Pour réduire ces VBG au Burundi, il indique que la Direction générale de la promotion de la femme et de l’égalité des genres, dans son volet prévention, assure des séances d’entraide et organise des formations sur toutes les formes de violences.

M. Jacques Ndihokubwayo, conseiller chargé de la planification et du partenariat à la Direction générale de la promotion de la femme et de l’égalité des genres

Evoquant les victimes de VBG qui se sont présentées dans les centres de traitement au niveau national, M. Ndihokubwayo a déclaré que les chiffres des femmes victimes des VBG continuent d’augmenter et que seules les formes de violence diffèrent. Il fait remarquer que le ministère ayant le Genre dans ses attributions a fourni des téléphones portables et des unités à toutes les femmes leaders « Imboneza » sur toutes les collines du Burundi pour signaler chaque cas de VBG.  D’après lui, le 76822000 est un numéro d’alerte « Tabara » auquel ces femmes leaders envoient des messages pour signaler les cas de violences.

Ledit ministère dispose des experts qui lisent attentivement ces messages pour confirmer ou pas ces nouveaux cas. Une fois la situation confirmée, le ministère suit de près ces cas de violences, en passant par toutes les autorités administratives de la province où le cas a été signalé.

Les chiffres montrent qu’au cours de l’année 2023, la Direction générale de la promotion de la femme et de l’égalité des genres au ministère en charge du Genre a enregistré un total de 13 681 cas de VBG dans toutes les provinces du Burundi, dont 2 111 cas masculins et 11 570 cas féminins. Il s’agit de 1 191 cas de violences sexuelles, soit 42 cas masculins et 1 149 cas féminins ; 3060 cas de violences physiques, soit 514 cas masculins et 2546 cas féminins ; 5 606 cas de violences socio-économiques, soit 911 cas masculins et 4 635 cas féminins ; 3742 cas de violences psychologiques, soit 597 cas masculins et 3145 cas féminins ; et 82 cas de tueries, soit 47 cas masculins et 35 cas féminins.

Afin de réduire les cas de VBG, le conseiller chargé de la planification et du partenariat à la Direction générale de la promotion de la femme et de l’égalité de genre au ministère des droits de la personne humaine appelle tout un chacun à se sentir concerné par le cas d’une victime des VBG. Selon lui, il faut être sensible au malheur d’autrui, c’est à ce moment qu’on pourra s’engager dans la prévention et agir en conséquence quand des situations pareilles surgissent.  Abp /dnt