BUJUMBURA, 20 juin (ABP) – L’hypertension artérielle (HTA) est une maladie chronique dangereuse, asymptomatique, qui, une fois non contrôlée peut entrainer des complications pouvant même conduire jusqu’ à la mort, a indiqué le cardiologue Guy Mugisha, lors d’une interview qu’il a accordée, samedi, le 8 juin 2024, à l’Agence burundaise de Presse (ABP).
Selon lui, l’hypertension artérielle est définie de manière consensuelle comme une pression artérielle supérieure ou égale à 140/90 mm de mercure (Hg) mesurée en consultation et persistant dans le temps.
Sauf pour des tensions artérielles sévères (Tension supérieure ou égale à 180/110 mm d’Hg), il est recommandé de répéter les mesures, au domicile ou faire deux consultations différentes.
Concernant les causes de ladite pathologie, Dr Mugisha a fait savoir que dans la majorité des cas (90%), on ne retrouve aucune cause. On parle d’une hypertension artérielle primitive ou essentielle. Toutefois, certains facteurs de risque peuvent contribuer à sa survenue, à savoir l’âge avancé, 50 ans chez l’homme et 55 ans chez la femme, l’hérédité, la sédentarité, un apport trop important en sel, une consommation excessive d’alcool, la consommation du tabac, le diabète et autres. Dans environ 10% des cas, on retrouve une cause secondaire comme la maladie rénale ou des glandes surrénales, la grossesse etc. Il a précisé que ce type d’hypertension secondaire est rare, la majorité des cas c’est l’hypertension artérielle primitive sans cause déterminée.
Concernant les symptômes, il a souligné que l’hypertension artérielle est une maladie généralement asymptomatique, c’est à dire que dans la plupart des cas elle n’entraîne pas de symptômes. Il a profité de cette occasion pour demander aux personnes qui ont des facteurs de risque, d’avoir la bonne habitude de faire le contrôle de leur tension artérielle régulièrement, au moins deux fois par mois, précisant qu’il ne faut pas dépasser 6 mois quand on est à risque, sans connaître les chiffres tensionnels et sans faire le contrôle de la glycémie. Si la tension s’élève et que ça traîne plusieurs jours, ça peut donner des symptômes. Il a cité les maux de tête qui surviennent surtout le matin, les vertiges, les bourdonnements d’oreilles, des palpitations cardiaques (cœur qui bat rapidement), des saignements de nez, des troubles de vision, des engourdissements, etc.
S’agissant du traitement, Dr Mugisha a indiqué que le traitement de l’hypertension artérielle repose sur le suivi des conseils hygiéno-diététiques avec l’adoption d’un régime alimentaire sain. Selon lui, il faut manger moins salé, éviter le sel ajouté. Il faut faire l’activité physique 3 fois la semaine, en faisant au minimum 30 minutes par jour. Si l’hypertension n’arrive pas à être contrôlée par ces mesures hygiéno- diététiques, le médecin recommande qu’il faille commencer un traitement médicamenteux à prendre tous les jours et à vie.
L’hypertension artérielle non traitée abime les vaisseaux de petit calibre et donnera une insuffisance rénale, une atteinte de la rétine ainsi que des accidents vasculaires cérébraux qui se manifestent par des paralysies totales ou incomplètes, dont l’incidence est en nette augmentation au Burundi, a-t-il fait remarquer.
Pour se prévenir de l’hypertension artérielle, il faut éviter les facteurs de risque évitables. Il faut éviter de fumer, ne pas consommer d’alcool en excès, manger de façon équilibrée en privilégiant les fruits et les légumes, manger moins salé, et pratiquer une activité physique régulière.
Il existe peu de données disponibles sur les facteurs de risque cardiovasculaire au Burundi, selon Dr Mugisha. Lors d’une enquête réalisée à l’occasion de la célébration de la journée mondiale du cœur à l’hôpital » Natwe Turashoboye « , en province Karusi, on a fait l’enregistrement de toutes les personnes qui sont venus pour une évaluation volontaire des facteurs de risque cardiovasculaire ou des maladies cardiovasculaires, a-t-il révélé. Au total, 580 personnes ont participé à l’enquête. L’hypertension artérielle était la principale cause avec 48,2% des cas, l’obésité abdominale avec 17,8%, le diabète avec 9%, et le tabac avec 7,2%. Ladite enquête a révélé que la fréquence des facteurs de risque cardiovasculaire était élevée tandis que l’hypertension artérielle était de loin le facteur le plus courant.
La prévention et le diagnostic précoce serait un atout dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires au Burundi.
Selon le rapport de l’OMS de 2023, environ 4 personnes sur 5 personnes qui souffrent de l’hypertension artérielle ne sont pas traitées correctement. Si les pays pouvaient étendre la couverture des traitements, 76 millions de décès pourraient être évités entre 2023 et 2050. L’hypertension touche un adulte sur 3 dans le monde, précise le rapport.
Dans son témoignage, Hakizimana Bernadette vivant en commune et province Gitega a été diagnostiquée hypertendue depuis 1998. Elle a été mise sous régime et sous traitement de tous les jours, une discipline qui, selon elle, qui n’est pas du tout facile. « J’ai abandonné le sel, les boissons alcoolisées et je pratique l’activité physique », a-t-elle confié. « Je conseille aux autres personnes qui ont cette maladie de bien suivre les conseils des médecins pour survivre. Celui qui échoue et qui continue à prendre des boissons alcoolisées, de consommer du sel, qui ne prend pas les médicaments conformément à la prescription des médecins meurt des complications liées à cette maladie. ».