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Une femme autonome est le pilier d’une bonne vie au sein de la famille et de la communauté

ByAdministrateur

Jan 14, 2025

BUJUMBURA, 8 jan (ABP) – Lors d’une interview accordée à l’ABP vendredi le 3 janvier 2025 à Bujumbura, la directrice de l’autonomisation de la femme et de la promotion de la fille au ministère de la solidarité nationale, des affaires sociales, de la personne humaine et du genre, Claudine Ahishakiye, a montré qu’une femme autonome contribue dans le développement de sa famille, de la communauté et du pays.

Elle a indiqué qu’une fois que la femme est autonome, ses enfants ne sont pas mal-nourris et fréquentent l’école aisément avec tout le matériel nécessaire pour leur scolarité.

Donc, la femme autonome est le pilier d’une bonne vie au sein de la famille et même au sein de la communauté, a-t-elle mentionné.

Ahishakiye a illustré l’exemple d’une femme qui se lance dans la vente de beignets : chaque matin, son entourage vient acheter ses produits, ce qui lui permet de subvenir à ses besoins. Ainsi, grâce à son autonomie, cette femme ne se contente pas de répondre à ses propres besoins, mais elle contribue également au bien-être de sa famille et de sa communauté. En exerçant une activité génératrice de revenus, elle participe au développement de son pays, car ses profits lui permettent de payer des taxes et des impôts, qui sont ensuite utilisés pour financer des projets nationaux. En ce qui concerne les défis, elle a souligné que la culture burundaise, d’une manière particulière, entrave l’épanouissement économique de la femme. Une femme autonome sur le plan économique, capable de subvenir à ses besoins, est perçue comme n’ayant plus de respect pour son mari.

Laurette Mukunzi

Ainsi, déplore-t-elle, une telle femme est souvent considérée comme ne correspondant plus aux normes traditionnelles de la culture burundaise. Ahishakiye a également souligné que l’autonomisation nécessite des connaissances et de l’intelligence.

Cependant, a-t-elle estimé, la majorité des femmes burundaises ne bénéficient pas d’une éducation suffisante. Pour atteindre l’autonomie, elles ont besoin d’acquérir des compétences spécifiques, notamment en matière d’organisation et de gestion de micro-projets, a-t-elle poursuivi.

La même source indique que les femmes n’ont même pas accès au crédit, car elles ne sont pas en mesure de fournir des garanties hypothécaires pour les banques. Elle a donc encouragé les femmes à se regrouper en coopératives afin de pouvoir bénéficier de crédits auprès de la Banque d’investissement et de développement pour les femmes (BIDF).

Bien que le ministère dispose d’une ligne budgétaire destinée à soutenir l’autonomisation économique des femmes et la promotion des filles, celle-ci reste insuffisante. Elle en a donc profité pour solliciter le gouvernement afin de renforcer cette ligne budgétaire, ce qui pourrait permettre à ce ministère en charge du genre de mieux répondre aux besoins d’un plus grand nombre de femmes souhaitant bénéficier d’un soutien économique.

Bruce Nineza, directeur des opérations à Wise Microfinance, a indiqué que cette institution financière a déjà mis en place des crédits spécifiques pour les femmes, avec des garanties facilitées, afin de surmonter la difficulté d’accès au crédit en raison du manque d’hypothèques. Il a conseillé aux femmes de se regrouper en coopératives afin de bénéficier de crédits collectifs et de renforcer leurs compétences en élaboration de projets bancables. Nineza a, également, salué la rigueur des femmes dans le remboursement de leurs crédits, soulignant qu’elles font preuve de plus de responsabilité que les hommes dans ce domaine.

Nibizi Béatrice, mère de 5 enfants, vend des aubergines au marché de Cotebu témoigne : « Avant, je restais à la maison en attendant que mon mari rentre pour me donner de l’argent, afin de subvenir aux besoins familiaux. Je ne parvenais même pas à m’acheter du savon. Lorsque mon mari n’est pas parvenu à avoir de l’argent, nous ne pouvions pas trouver quoi mettre sous la dent. Après j’ai constaté qu’il est temps de changer de mentalité et de ne pas toujours attendre ce que va apporter mon mari, plutôt de mettre nos efforts ensemble et apprendre à me débrouiller une fois qu’il ne sera encore en vie ».

Nibizi souligne qu’en faisant du commerce des aubergines, elle parvient à bien nourrir ses enfants, leur acheter du matériel scolaire et ainsi satisfaire à d’autres besoins, ce qui n’était pas le cas auparavant. Elle a affirmé qu’elle contribue au développement du pays en payant les taxes.  C’est ainsi qu’elle a encouragé d’autres femmes à trousser les manches en s’attelant au business afin d’éviter de tendre toujours les bras à leurs maris.

Concernant les défis, elle a souligné que la majorité des femmes hésitent à contracter des crédits auprès des institutions financières en raison des difficultés liées au remboursement, expliquant que dans le domaine du business, il peut y avoir des situations où des pertes sont enregistrées. Selon toujours Nibizi, la BIDF n’est pas beaucoup connue par les femmes. Il faut que cette dernière dispose des agences partout dans le pays afin de faciliter la tâche aux femmes ayant besoins des crédits pour leur autonomisation économique.

Laurette Mukunzi est une autre femme qui s’est exprimée. Elle vend des bananes dans ce même marché de COTEBU. Elle a aussi affirmé qu’elle a peur de contracter un crédit auprès des banques. Elle estime que c’est, en quelque sorte, difficile de rembourser un crédit avec intérêt si on est un petit commerçant. Elle souligne que, pour le moment, les femmes qui font le petit commerce préfèrent participer aux cirques en épargnant une petite somme d’argent chaque jour ce qui leur permet un accès à des micro-crédits. A la fin de l’année, elles partagent des intérêts qui leur permettent d’augmenter leurs capitaux ou de subvenir aux différents besoins de leurs familles.

Mukunzi a exhorté les femmes qui restent encore à la maison sans activité à se réveiller et à suivre l’exemple des femmes déjà autonomes, afin qu’elles puissent leur montrer le parcours qu’elles ont suivi pour atteindre le développement.