BUJUMBURA, 25 juin (ABP) – L’Association Burundaise pour le Développement, la Démocratie et les Droits humains (AB3D), a organisé samedi le 21 juin 2025, un dialogue multipartite sur la gouvernance climatique et la gestion des ressources naturellesau Burundi, en partenariat avec le Pulitzer Center, à l’intention des différentes parties prenantes œuvrant dans le domaine de l’environnement.
Dans son mot d’ouverture, le président et représentant légal de l’AB3D,Sylvère Nibaruta a rappelé que ce dialogue est organisé dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Promouvoir la gouvernance transparente et l’Action climatique au Burundi à travers un dialogue multilatéral. » L’objectif étant de renforcer la transparence et la collaboration autour des enjeux climatiques et de contribuer à la formulation des recommandations concrètes en matière de gouvernance environnementale, dans la perspective des engagements du Burundi vers la 30ème conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (C0P30). Selon lui, la protection de l’environnement est la responsabilité de tous. « Nous sommes tous unis et luttons contre le changement climatique, afin de créer une bonne gouvernance climatique et une bonne gestion des ressources naturelles dans notre pays. »
Au cours des présentations, la coordinatrice des projets au sein de l’AB3D, Emelyne Ngendakumana a fait une petite synthèse sur les reportages produits par les journalistes burundais avec le soutien de Pulitzer Center. « On croit au pouvoir du journalisme, de l’éducation et de la sensibilisation du public pour créer un changement concret », a-t-elle affirmé. Selon elle, les reportages de ces journalistes montrent qu’au Burundi, les forêts et parcs sont menacées avec comme conséquences : la dégradation de la fertilité des terres, les feux de brousses répétitifs, la dépendance au bois comme source d’énergie. Elle a fait remarquer que toutes ces conséquences se combinent pour créer un cercle vicieux où la dégradation de l’écosystème menace la biodiversité, les ressources en eau, la fertilité des sols. Le Burundi est particulièrement vulnérable à ces menaces, et des efforts concertés sont nécessaires pour inverser la tendance, a-t-elle signalé. A cette occasion, elle a appelé les journalistes burundais à continuer à coopérer avec cette organisation dans le but de sensibiliser le public sur les problèmes liés au changement climatique et comment lutter contre ces menaces, peu médiatisées, afin de préserver le pays.
L’enseignant-chercheur à l’Université du Burundi, Athanase Nkunzimana qui a fait une présentation sur les principes et défis de la gouvernance climatique au Burundi, a indiqué que les changements climatiques touchent tous les secteurs de l’économie et l’ampleur de leur impact ne cesse de croître spécialement dans les pays en voie de développement à faible capacité d’adaptation et de résilience. A cet effet, il a rappelé que la gouvernance climatique est une des solutions communes qui permettent aux Etats et gouvernements de prendre des mesures d’atténuations des émissions des gaz à effet de serre (GES) ainsi que des stratégies d’adaptation et de résilience aux changements climatiques. Selon lui, les principes de la gouvernance climatique visent à intégrer la lutte contre le changement climatique dans tous les secteurs, à promouvoir l’équité, et à assurer la participation de tous les acteurs concernés. Il a cité certains principes de la gouvernance climatique à savoir l’intégration et la transversalité ; la participation et la concertation ; la transparence et la redevabilité ; l’efficacité et l’efficience ; la coopération et la coordination ainsi que la recherche et l’innovation.
Nkunzimana a signalé que le Burundi, comme la plupart des pays d’Afrique, est confronté à plusieurs défis qui handicapent la mise en œuvre effective de la gouvernance climatique dont la vulnérabilité accrue aux risques des catastrophes climatiques, la faible capacité d’adaptation à l’impact des changements climatiques, la coordination insuffisante entre les acteurs dans le domaine du climat, la connaissance insuffisante de données sur les impacts directs et/ou indirects des changements climatiques sur les différents secteurs d’activité, le financement insuffisant des projets sur le climat.
En plus, la sensibilisation et la participation non effective des acteurs dans le domaine de la gouvernance climatique et le non appropriation des projets d’adaptation et de résilience aux changements climatiques sont aussi les défis qui handicapent la mise en œuvre effective de la gouvernance climatique.
Malgré ces défis auxquels le Burundi fait face, a-t-il expliqué, le Burundi a initié et continue à élaborer des politiques de mise en œuvre de la gouvernance climatique. Il a cité entre autres la mise en place d’un cadre institutionnel et d’un cadre légal opérationnels qui sont des éléments de base dans la mise en œuvre de la gouvernance climatique au Burundi notamment l’Institut Géographique du Burundi (IGEBU) et l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement (OBPE); la mise en œuvre de l’Accord de Paris ou le Burundi s’est engagé à réduire ses émissions à hauteur de 20% d’ici 2030 ainsi que l’existence de différents codes (code de l’environnement, code de l’eau).
A travers le plan national de développement actualisé et sa vision nationale du Burundi émergent en 2040 et développé en 2060, Nkunzimana a également affirmé que le Burundi s’engage à faire des avancées significatives dans la mise en œuvre de la gouvernance climatique à travers la promotion de la lutte contre l’érosion hydrique, l’agro-écologie, l’instauration du systèmes d’irrigation; le reboisement pour la protection des écosystèmes ; la restauration des terres dégradées et la reforestation à travers les projets « Ewe Burundi urambaye » et projet de Restauration et de Résilience des Paysages du Burundi (PRRPB) avec l’objectif de restaurer 200.000 hectares de terres dégradées d’ici 2030. Et d’ajouter que le Burundi s’est doté d’un programme pays 2024-2027 pour la mobilisation du financement climatique des fonds vert climat.
Pour surmonter ses défis liés à la gouvernance climatique, Nkunzimana a recommandé au gouvernement du Burundi d’intégrer le changement climatique dans la budgétisation et les finances à tous les niveaux; intégrer la prévention des risques de catastrophes climatiques dans toutes les politiques sectorielles; la mobilisation de manière effective des communautés locales (différents canaux: Media) ainsi que le financement de la recherche et l’innovation dans le domaine de la gouvernance climatique et action climat.
Aux ONGs, OSCs, et associations, d’élaborer des projets d’appui des communautés sur l’adaptation et la résilience aux changements climatiques ; l’élaboration des projets sur l’action climat en synergie, afin de réaliser des projets ayant un impact significatif aux communautés et zones bénéficiaires, de mobiliser les fonds d’adaptation et de résilience aux changements climatiques.
Au moment des échanges, les participants ont recommandé aux acteurs burundais impliqués dans la lutte contre le changement climatique, de collaborer en synergie afin de former une équipe des experts environnementaux qui vont de défendre le Burundi lors de COP30 (30èmeconférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUC), prévue en novembre 2025. Au cours des témoignages, l’un des journalistes burundais, Rénovat Ndabashinze, qui a fait un reportage avec le soutien de Pulitzer Center, sur les défis liés au changement climatique, qu’il a recueilli sur terrain des témoignages poignants et des données cruciales qui lui ont permis d’apporter un éclairage sur des réalités souvent ignorées