BUJUMBURA, 15 jan (ABP) – L’omniprésence des rabatteurs, communément appelés « Kokayi », aux arrêts de bus dans les quartiers de Bujumbura, est de plus en plus contestée par les usagers. Une visite effectuée par l’ABP dans certains arrêts de la commune Ntahangwa, notamment sur la route Kanyoni, en zone Cibitoke, et près de la station Top One de Cotebu, révèle que leurs pratiques contribuent significativement à l’inflation des prix du transport en commun, suscitant ainsi le mécontentement des passagers.
Les témoignages recueillis auprès des passagers rencontrés par l’ABP sur ces lieux, au cours de cette visite convergent sur l’intervention des « Kokayi » dans la négociation des tarifs entre chauffeurs et passagers ce qui selon eux, engendre une hausse artificielle des prix, rendant les déplacements quotidiens de plus en plus coûteux pour la population.
Niyonzima Léonce, un usager rencontré à l’arrêt bus, sur l’axe routier Kanyoni, témoigne de la gêne occasionnée par la présence massive de ces rabatteurs.
« Dès qu’un taxi arrive, ils se précipitent pour négocier les prix à notre place. Leur principal objectif est d’obtenir leur commission, qui varie entre 500 et 1000 Fbu, une fois le véhicule rempli », explique-t-il. Cette pratique a entraîné une fluctuation importante des tarifs entre l’axe Kanyoni et le centre-ville, le prix oscillant désormais entre 4.000 et 5.000 Fbu par passager, soit un coût total de 20.000 Fbu pour un taxi complet de quatre places. « Nous avons l’impression d’être pris en otage », déplore-t-il. « C’est une situation insoutenable pour nous », disent les usagers. Ce phénomène n’est pas un cas isolé sur l’axe Kanyoni mais la situation se retrouve sur d’autres axes routiers. Près de la station Top One de Cotebu, Jacqueline Mukandori confirme aussi ces observations. « Au lieu de nous laisser discuter directement avec les chauffeurs, surtout en cette période de pénurie de carburant, les rabatteurs interviennent systématiquement pour négocier les prix avant même que nous ne montions à bord », relate-t-elle. Cette intervention systématique des « Kokayi » prive les passagers de toute possibilité de négociation et les confronte à des tarifs souvent exorbitants.
« Nous nous sentons impuissants face à cette situation. Nous sommes obligés d’accepter les prix qu’ils fixent, sinon nous risquons de ne pas pouvoir rentrer chez nous, surtout le soir », se lamente Mukandori. Face à cette situation préoccupante, Mukandori appelle la mairie de Bujumbura à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à ces pratiques qui perturbent considérablement les déplacements.