BUJUMBURA, 2 juin (ABP) – La frontière de Gatumba entre le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC), qui avait été fermée par le gouvernement du Burundi dans le but d’éviter la propagation du Covid-19, a été rouverte mardi le 1er juin, a-t-on constaté sur place.
Cette réouverture a été déclarée par le directeur général de la police, de l’air et des frontières, le commissaire de police chef Maurice Mbonimpa, vers 9h.
Les Congolais et Burundais peuvent désormais la traverser.
C’était un ouf de soulagement pour les personnes dont les activités commerciales avaient été ralenties par cette fermeture de la frontière.
Cependant, les usagers de ladite frontière n’ont pas tardé à se lamenter à cause des frais exigés pour entrer au Burundi, soit 30$ pour les Congolais et 15.000 FBu pour les Burundais et chaque fois que l’on entre. Ils jugent cette somme très élevée, du moment qu’au Congo, les Burundais paient une somme de 5$, avec une validité de 14 jours.
Selon M. Abana Wema Mbaruye, un Congolais qui s’est exprimé au nom de ses collègues, cette somme est exorbitante pour les Congolais qui entrent au Burundi.
Pour M. Ezéchiel Garumba Bahe, un citoyen congolais qui rentrait dans son pays après une semaine de séjour au Burundi, chaque pays a le droit de fixer le tarif tel qu’il l’entend. Mais le risque est que la RDC risque de revoir à la hausse les 5$, a-t-il souligné, tout en demandant que les deux gouvernements se concertent pour revoir à la baisse les tarifs. Cela n’a pas tardé à tomber car déjà à 11h, les Congolais faisaient payer 10$ aux Burundais qui se rendent dans leur pays.
Interrogé sur ces lamentations, le ministre burundais de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida, Dr Thadée Ndikumana, a indiqué que c’est d’abord dans le respect des recommandations de l’Organisation
mondiale de la santé que ces 30$ et 15.000 FBu ont été fixés afin que les personnes dépistées positives au Covid-19 ne soient pas refoulées, mais qu’elles soient prises en charge au Burundi. Les examens et les médicaments coûtent cher, a ajouté Dr Ndikumana, signifiant que la décision a été prise par la commission nationale chargée de suivre de près la question de la pandémie de Covid-19. Dr Ndikumana n’a pas exclu la possibilité que ces tarifs soient revus à la baisse, mais il a précisé que la décision revient à la commission et qu’elle s’y penchera.
Le ministre en charge de la Santé publique, accompagné par une équipe du personnel du système des Nations Unies, a visité le poste de soins pour les déplacés des inondations de Gatumba sis à Kinyinya II en zone Gatumba. L’OMS et l’Unicef y ont octroyé une assistance en kit médical et non médical. Des moustiquaires et savons ont été distribués, a constaté l’ABP sur place.
Dans son discours, le gouverneur de la province Bujumbura s’est dit satisfait de l’apport du ministère en charge de la Santé publique et des organismes du système des Nations Unies. Cependant, même si les soins sont gratuits au camp, ces déplacés éprouvent des difficultés pour se faire soigner, une fois référés dans des formations sanitaires de la Mairie de Bujumbura où on leur demande de payer une caution alors qu’ils sont démunis, a-t-il regretté, souhaitant que le ministère de tutelle trouve une solution à ce problème.
Le représentant de l’OMS au Burundi, Dr Xavier Crespin qui a parlé au nom de ses collègues, a manifesté sa satisfaction quant aux dispositions prises au site des déplacés de Kinyinya II et aux efforts que le gouvernement du Burundi a consentis pour la prise en charge de certaines maladies comme la diarrhée et les infections respiratoires aiguës (IRA). Il s’est réjoui de voir qu’il n’y avait pas de situation alarmante.
Au-delà de cet aspect de santé, Dr Crespin a révélé qu’ils sortaient de cette visite très réconfortés. En effet, a-t-il indiqué, ils s’étaient rendus à Gatumba également pour voir la réponse multisectorielle car au-delà de la santé, il y a le dispositif de lavage des mains, l’hygiène et assainissement, la santé de la reproduction, mais aussi la question de l’éducation des enfants. C’est à toutes ces questions qu’une réponse a été apportée, a-t-il souligné.
Le ministre en charge de la Santé publique a, pour sa part, fait savoir que le gouvernement s’est engagé à assister les déplacés de Gatumba en les accompagnant pour qu’ils n’aient pas de problèmes majeurs jusqu’à ce que la situation redevienne normale. « Les soins doivent être gratuits pour ces déplacés, y compris dans les structures de soins de la mairie », a déclaré le ministre Ndikumana, avec une recommandation au médecin provincial de Bujumbura d’approcher son confrère de la mairie de Bujumbura pour vider la question, avec l’appui du ministère de tutelle.