BUJUMBURA, 30 nov (ABP) – « A l’instar des femmes africaines, les femmes burundaises, aussi bien rurales qu’urbaines, font face à de nombreux obstacles qui les empêchent d’échapper aux conditions de vie précaires », a déclaré le nouvel Ombudsman burundais, Mme Aimée Laurentine Kanyana. Elle s’exprimait vendredi dernier à l’occasion du « Women Leaders and Liberty Forum 22 » (Forum des femmes leaders et liberté économique) conjointement organisé par l’Agence de développement du Burundi (ADB) et Center for Development and Enterprises (CDE-Great Lakes). Ce Forum a été organisé sous le thème : «Secteur privé, moteur de croissance économique et de développement inclusif » par plusieurs femmes leaders en provenance de différents secteurs de la vie nationale.
En effet, Mme Kanyana constate que le secteur économique parait moins propice aux femmes : « Si nous nous limitons au seul cadre socio-économique, celui-ci paraît moins favorable aux femmes », a-t-elle déclaré. En effet, a-t-elle ajouté, malgré leur importance démographique et leur dynamisme dans les processus productifs, surtout dans le domaine de l’agriculture, les femmes ne sont pas valorisées à leur juste titre. Elles continuent, dans leur grande majorité, à subir de façon disproportionnée le poids de la culture à caractère discriminatoire, de la pauvreté et de l’analphabétisme », a-t-elle déploré.
Dans cette même perspective, l’ombudsman burundais fait un autre constat amer concernant le niveau d’instruction de la femme burundaise : « Par ailleurs, la main-d’œuvre féminine est peu qualifiée. 67% des femmes ayant une occupation sont, en effet, sans aucun niveau d’instruction et elles sont les plus sollicitées dans le secteur agricole, plus pénible et peu rémunérateur », s’est-elle lamentée.
Mme Kanyana déplore, en outre, que les femmes soient moins présentes dans le secteur moderne, où elles ne représentent que 35,6% et y occupent des postes généralement de faible qualification ou exercent dans le secteur informel tout en mentionnant aussi le difficile accès au crédit.
Malgré ces obstacles, Mme Kanyana salue les efforts actuels du gouvernement du Burundi qui considèrent la femme comme pilier du développement. C’est pourquoi, a-t-elle informé, il a pris des mesures d’une grande importance pour améliorer les droits et l’autonomisation des femmes. « Nous sommes très heureuse de constater qu’aujourd’hui la place de la femme dans les institutions politiques est plus importante (Gouvernement, Assemblée nationale et Sénat) », a-t-elle poursuivi. Par ailleurs, le gouvernement, conscient de ce difficile accès au crédit, a mis en place la Banque d’investissement des femmes.
En outre, le nouveau code des investissements (juin 2021) accorde beaucoup d’avantages aux femmes entrepreneures, a apprécié Mme Kanyana. Pour ce fait, elle reste convaincue que l’autonomisation économique de la femme pourrait constituer une base indéfectible de la mise en application du Plan national de développement(PND) : « Notre conviction profonde est que l’amélioration des droits et de l’autonomisation économique de la femme constituent sans nul doute les piliers de mise en œuvre effective du PND du Burundi d’ici 2027 », a-t-elle affirmé.
Pour sa part et à cette même occasion, le directeur général de l’ADB, M. Didace Ngendakumana avait fait remarquer que les femmes africaines en général et les femmes burundaises en particulier, font face à beaucoup de défis d’ordre structurel, culturel, légal et règlementaire qui les enferment dans une vie de précarité et les empêchent d’être de vraies actrices de développement. Les coutumes et pratiques anti-successorales, les barrières culturelles et économiques, les difficultés d’accès à la terre et au système de crédit bancaire, sont autant de facteurs qui freinent le développement économique de la femme burundaise, a-t-il ajouté. Pourtant, a-t-il articulé, elles sont importantes du point de vue démographique, elles sont dynamiques dans les processus de production surtout dans le secteur agricole et ont un grand rôle à jouer pour le développement de leur ménage et du pays. C’est pour cela que le gouvernement du Burundi a commencé la sensibilisation à la mise en commun des moyens de production en promouvant la création de coopératives visant plus spécialement l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, a-t-il rassuré.
Le directeur exécutif du CDE-Great Lakes, M. Aimable Manirakizaa, quant à lui, a signifié que le Women Leaders and Liberty Forum est le grand rendez-vous des femmes leaders au parlement, dans les institutions publiques-privées, dans le monde des affaires et académique, aspirantes femmes d’affaires et le reste des femmes leaders dans les différents secteurs, afin d’échanger mais aussi réfléchir sur les miracles économiques autour des droits de la femme et ce que signifie être femme qui se bat pour réussir dans son secteur.
Le Forum réunit également les femmes inspirantes qui ont connu un grand succès dans leur domaine d’expertise afin qu’elles puissent inspirer les autres à croire et à garder l’espoir à un avenir meilleur au Burundi, a-t-il explicité.