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L’entrepreneuriat est la meilleure solution face à la pauvreté selon un expert

ByAdministrateur

Mai 22, 2021
BUJUMBURA, 31 août (ABP) – Une étude de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a montré que le chômage des jeunes prend de plus en plus une allure inquiétante en Afrique et que la solution pour juguler ce problème passe par l’entreprenariat. Sur cette question, des avancées considérables ont été faites pour encourager l’entreprenariat des jeunes en Afrique, mais les jeunes restent encore confrontés à de nombreux obstacles.
D’après un rapport de l’Appui au développement intégral et à la solidarité sur les collines (ADISCO), au Burundi, la problématique de chômage des jeunes donne matière à réflexion. En effet, les jeunes représentent plus de 60% de la population avec un taux de chômage très élevé (en moyenne 13,3%1). La capacité d’accueil du système scolaire donnant accès directement à un métier est nettement insuffisante. Un expert en entrepreneuriat et gestion des projets, Dr Léonard Bizimana estime, tout de même, que la contribution de l’entreprenariat à la création d’emplois est sans précédent. Il s’exprimait jeudi le 29 juillet à l’issue d’une conférence publique qui était organisée par l’Institut supérieur de gestion (ISG). Il définit, d’abord, l’entrepreneuriat des jeunes comme la capacité à l’endroit de ces derniers de pouvoir identifier, explorer et exploiter les opportunités. Donc, entreprendre c’est créer la richesse, explique-t-il, tout en estimant, d’ailleurs, que quand les jeunes parviennent à explorer les opportunités, les identifier et les exploiter concrètement, il est possible que ces jeunes puissent sortir du chômage.
Dr Bizimana pense que les barrières à l’entrepreneuriat des jeunes sont liées au manque de la créativité et l’innovation à l’endroit de ces derniers, mais aussi à une formation qui n’est pas ancrée sur la création de la richesse et sa gestion mais aussi, et surtout, à une dimension culturelle. « Au Burundi, la culture fait un grand défi quant au développement des jeunes. Sa dépendance est trop prononcée dans pas mal de familles et souvent des jeunes sont noyés dans cette dépendance et ferment les yeux face à la découverte des opportunités et à la conception des projets sur les opportunités », a-t-il déploré. L’OCDE estime, quant à elle, que ces barrières sont liées à l’attitude de la société à l’égard de l’entrepreneuriat, le manque de compétences, l’insuffisance de la formation à l’esprit d’entreprise, l’absence de fonds propres, l’absence de contacts et barrières inhérentes au marché, les formalités qui sont plus lourdes et plus longues, le coût de démarrage et le manque d’accès aux informations, particulièrement pertinentes pour les activités entrepreneuriales.
Quant aux attitudes que doit adopter un jeune burundais pour embrasser la carrière entrepreneuriale, l’expert fait savoir qu’il faut changer de mentalité, car « le changement de mentalité fait la vie à 100%. Le fait de changer d’attitude permettra de changer d’altitude et dans ce cas-là, il faut que les jeunes soient transformés, formés et informés que le travail et la meilleure solution pour faire face à la pauvreté », a-t-il rassuré. Il regrette, toutefois, la situation « malheureuse » observée à l’endroit des jeunes qui consiste à croire que sans le concours de l’état, il est impossible d’avoir du travail. « Ce comportement est, lui aussi, lié à la culture, déplore-t-il. Dans les années antérieures, ceux qui terminaient les universités obtenaient facilement du travail, mais actuellement, les choses ont changé », prévient-il.
Il invite, à cet effet, les jeunes burundais à chercher ce qu’ils veulent dans ce qu’ils ont, au lieu d’attendre du travail en provenance des investisseurs ou bien de l’état. Ils doivent réaliser qu’ils sont, eux-mêmes, capables de créer leur emploi. Ainsi, conscients du fait que la jeunesse représente un atout de développement important, plusieurs pays ont mis en place des politiques et des programmes en faveur des jeunes entrepreneurs. Cette volonté de faire de l’entreprenariat des jeunes une priorité de développement s’est matérialisée, par exemple, par l’introduction dans l’enseignement secondaire, la formation à l’entreprenariat dont les pays africains, y compris le Burundi, ont été les précurseurs.
Actuellement, l’entrepreneuriat est inséré dans le système éducatif burundais, surtout au niveau fondamental et post fondamental, comme un cours d’option ce qui est, selon le Dr Bizimana, un pas à saluer, mais dont les résultats laissent toujours à désirer, « peut-être faute des ressources humaines compétents dans ce domaine. Mais je me dis que le fait de pouvoir amorcer cette action, est juste un pas franchi et j’espère qu’au fur du temps, il y aura des améliorations et des ajustements, pour que le programme soit plus pertinent et productif », a-t-il fait croire aux participants à la conférence.
Toujours selon Dr Bizimana, la part de l’état dans la réduction du chômage qui gangrène sa jeunesse n’est autre que la mise en place d’un système permettant les investissements. Par ces derniers, a-t-il ajouté, il y a création des entreprises, ce qui veut dire qu’il y a, aussi, possibilité que les jeunes puissent avoir du travail. Mais aussi, il faut que le gouvernement mette en place un cadre de renforcement des capacités à l’endroit des jeunes.
La situation se présente ainsi alors que les chercheurs Gregg et Tominey montrent que le chômage de longue durée peut avoir des conséquences très négatives à long terme sur les individus. Ces conséquences sont entre autres la réduction des revenus et un sentiment d’exclusion sociale. Une année de chômage dans les premières années de la vie active peut réduire jusqu’à 21 % le revenu annuel perçu à l’âge de 42 ans, tandis que trois mois de chômage supplémentaires avant l’âge de 23 ans prolongent de deux mois la période de chômage entre 28 et 33 ans, estime-t-on.
Pour M. Charles Kabwigiri, expert en entrepreneuriat et professeur à la faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université du Burundi (UB), la problématique du chômage des jeunes constitue une « bombe à retardement » pour le Burundi, a-t-il confié au cours d’une interview accordée à l’agence de presse chinoise « Chine nouvelle ». Pour que le Burundi réussisse la lutte contre le chômage chez les jeunes, la prise en compte du développement d’une culture entrepreneuriale chez cette catégorie de la population burundaise devrait « être la priorité des priorités », recommande-t-il.