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La protection du lac Rweru est une des solutions de résilience aux changements climatiques

ByAdministrateur

Nov 17, 2021

BUJUMBURA, 12 nov (ABP) – La province Kirundo (nord du Burundi) est une des provinces du pays la plus frappée par les conséquences récurrentes liées aux changements climatiques dont le plus alarmant est l’insuffisance hydrique. C’est au moment où la population de cette province est constituée à 99% d’agriculteurs, les communes de Busoni, Kirundo et Bugabira étant les plus frappées, a indiqué le gouverneur de cette province, Albert Hatungimana.

Selon le gouverneur de cette province, ce problème a été constaté par le gouvernement qui s’est engagé et aidé cette province pour y faire face par des projets de résilience face à ce phénomène.

L’une des réalisations a concerné la protection du lac Rweru. M. Hatungimana a relevé que cette protection a consisté en la séparation de la zone tampon, sur 50 mètres avec la zone cultivable. Dans le périmètre de la zone tampon qui s’étend tout le long du lac du côté de la province Kirundo, ont été plantés des arbres générant une végétation. Pour le gouverneur de cette province, cela a pu donner à la population la capacité de résilience face au problème lié à l’insécurité alimentaire.

Il a cité le nombre de poissons pêchés suite à leur retour et à leur multiplication dans le périmètre de la zone tampon protégée. M. Hatungimana a relevé que des espèces en disparition sont revenues à savoir « ikuki », « imamba », « inonzi », « imare », « isamaki » qui ne se retrouvaient plus dans ce lac, ce qui a généré aussi des rentrées dans les caisses de la commune.

A côté de ce projet, le gouverneur de cette province a fait mention des mesures d’accompagnement par la formation de la population sur les techniques d’irrigation collinaire. Autour de ce lac sur la colline Ruheha, en zone Nyagisozi tout près du lac, la population riveraine a été organisée pour la culture d’oignons irriguée avec les eaux du lac Rweru.

Au moment de la descente, cette population s’attelait à l’entretien des champs d’oignons et l’irrigation avec l’eau de ce lac sur un périmètre de champs d’environ 3 hectares.

Les autres bienfaits de cette protection sont le retour d’autres animaux qui avaient fui parce que on avait cultivé jusque sur le lac et ces derniers ne pouvaient pas se nourrir. Ici, M. Hatungimana a fait mention des hippopotames qui avaient migré vers le Rwanda, dénombrant environ 20 têtes. Mais aussi des oiseaux qui sont revenus parce qu’on a planté des arbres agro forestiers dans la zone tampon dont un arbre aquatique « umurera » préféré des oiseaux pour y construire des nids. Le retour de ces oiseaux a eu un impact sur l’augmentation de la production du poisson car, leurs déchets constituent une nourriture prisée des poissons.

Malgré ces résultats encourageants dans le sens de la résilience aux changements climatiques, M. Hatungimana a indiqué que des défis découlant de ce même projet se font sentir. A ce propos, il a relevé la destruction de l’environnement par la coupe d’arbres pour le séchage du poisson qui est exporté vers la ville de Bujumbura même vers le Congo. Pour lui, le taux de consommation de ces arbres coupés est de loin plus élevé par rapport au taux de ceux qui sont plantés.

Hatungimana a interpelé les partenaires pour leur soutien dans la bonne conservation du poisson qui ne dégrade pas l’environnement afin de compenser ce problème de déboisement. Aux mêmes partenaires, il en a appelé à appuyer la province Kirundo dans la sensibilisation des pêcheurs sur l’usage des filets règlementaires qui ne détruisent pas les alevins de poissons mais aussi à doter les pêcheurs sur le lac Rweru de ce matériel de pêche approprié.

Avec le retour des animaux dont l’hippopotame, M. Hatungimana a évoqué des incidents qui se sont fait remarquer de destruction de champs mais aussi un risque d’attaque sur la population riveraine. A ce propos, il a appelé la population riveraine à respecter la zone tampon.

Par rapport à la culture de l’oignon, il a constaté que des techniques d’irrigation sont de bord, en utilisant du carburant qui n’est pas toujours disponible et qui s’achète à des stations-services qui se retrouvent à environ 40 km des bords du lac Rweru. Il a appelé les partenaires potentiels à la formation de la population riveraine mais aussi pour le soutien en matériel d’irrigation approprié et adapté qui contourne tous les problèmes évoqués. Dans la même optique, il a appelé à un accompagnement des cultivateurs d’oignons pour une meilleure conservation et la commercialisation de ce produit du moment que cette province est la 2ème productrice d’oignons après Kayanza.

Le lac Rweru a environ 100 km carré, 18 km de long sur 14,5 km de large, une profondeur minimale de 2,1 km et maximale de 3,9 km (données Wikipedia). Il est délimité du côté du Burundi par la commune de la province Kirundo, la commune Giteranyi en province Muyinga et la province du Bugesera du côté rwandais.