BUJUMBURA, 28 fév (ABP) – L’esprit entrepreneurial commence à se développer au Burundi. La jeunesse est consciente qu’elle devrait, coûte que coûte, créer de l’emploi. Cependant, elle fait face à de nombreux défis car la formation acquise sur le banc de l’école ne permet pas aux jeunes de se lancer, créer ou innover. Même si l’entrepreneuriat commence à se hisser sur un certain niveau, les entrepreneurs témoignent que le chemin à parcourir est encore long et qu’il faut, par ailleurs, prendre le taureau par les cornes. Ils déplorent être confrontés à plusieurs contraintes lorsqu’ils décident d’embrasser le parcours entrepreneurial. A l’ère de la Covid-19 le monde entier a fait recours à l’entrepreneuriat digital, une autre forme d’entrepreneuriat qui a considérablement facilité les échanges continentales, régionales et sous régionales.
Un expert en économie Me Kervin Ndihokubwayo indique, au cours d’une interview qu’il a accordée à l’ABP lundi 21 février 2022 à Bujumbura, qu’au Burundi cet entrepreneuriat fait face à de nombreuses contraintes liées principalement au taux d’accès à l’électricité et à l’internet qui est toujours faible et qui constituent, en eux-mêmes, une barrière à cet entrepreneuriat digital. Cet expert a fait savoir que l’entrepreneuriat digital est un concept occasionné par l’émergence de nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il indique, par ailleurs, qu’en économie l’information est un bien dont le coût s’avère important d’où les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont devenues une opportunité aux affaires liées à l’accessibilité aux informations qui ont, par conséquent, changé le passage de l’environnement commercial.
Au Burundi quand on parle de l’entrepreneuriat digital, a-t-il mentionné, il faut comprendre, en quelque sorte, le commerce digital qui est une opportunité qui s’est révélée et connue son apogée au cours de ces deux dernières années où le monde fait face à la covid-19, une période durant laquelle il s’est observé l’éclosion des sites de commerce ainsi que des agences de marketing. Le Digital Entrepreneur initie la création d’une entreprise, à partir d’une idée qu’il fait vivre sur une plateforme digitale. Son modèle d’affaires s’appuie sur les outils numériques et se déploie grâce aux différents leviers techniques et marketing mis en place, a-t-il ajouté.
Dr Léonard Bizimana, un expert en entrepreneuriat, définit l’entrepreneuriat digital comme une forme d’entrepreneuriat qui consiste à saisir des opportunités sur l’internet par le biais des technologies digitales pour la création du business électronique. Il s’exprimait samedi 26 février 2022 au cours d’entretien avec l’ABP.
Ce docteur en entrepreneuriat fait savoir qu’au Burundi l’entrepreneuriat digital est une opportunité non encore exploitée à sa juste valeur étant donné qu’il y a encore des freins en l’occurrence l’internet qui n’est pas de bonne qualité, la problématique liée à l’électricité, mais aussi et surtout la méconnaissance de ce domaine par les entrepreneurs. Dr Bizimana reconnait, tout de même, la présence de cette opportunité entrepreneuriale au Burundi mais à un niveau encore bas. « Je ne dirai pas que c’est du business absent au Burundi parce qu’il y a des entrepreneurs qui se sont lancés dans ce domaine mais celui-ci est encore vierge », a-t-il constaté.
Le monde fait, actuellement, face à la Covid-19 la plupart des entrepreneurs du monde entier ont fait recours à l’entrepreneuriat digital comme mode de riposte. Mais au Burundi, explique l’expert, la Covid-19 n’a pas été une motivation pour élever l’entrepreneuriat digital à un autre niveau quand bien-même il y avait certaines conditions qui favorisaient son expansion. Par ailleurs, ce docteur en entrepreneuriat reconnait quelques avancées à enregistrer :« Avec la Covid-19 quelques projets entrepreneuriaux orientés dans le digital ont vu le jour parce que c’est un business que l’entrepreneur fait étant chez lui sans faire des déplacements et avec des possibilités d’atteindre un grand nombre de clients », a-t-il fait remarquer.
Faisant une comparaison entre l’entrepreneuriat classique et l’entrepreneuriat digital, Dr Bizimana souligne que le digital présente plus d’avantages par rapport au classique. « L’entrepreneuriat digital est un levier économique, comme tout autres entrepreneuriats, qui se fait exclusivement sur internet mais ce qui le différencie par rapport aux autres opportunités entrepreneuriales, c’est qu’on peut toucher un grand monde dans un laps de temps », a-t-il souligné. Ainsi, il lance un appel vibrant à la jeunesse burundaise hantée par le chômage par rapport à cet entrepreneuriat digital : « il suffit que ces jeunes changent d’attitude. Les jeunes croient que sans avoir le costume du salariat la vie n’a plus de sens ce qui est dramatique, a-t-il déploré. Il faut que les jeunes osent marcher au rythme du temps et détecter les opportunités actuelles, ces innovations digitales pour pouvoir changer de mode de vie », a-t-il prévenu.
Selon le site d’information www.okaydoc.fr à travers un article intitulé « L’entrepreneuriat à l’ère du numérique », le digital est au cœur des grandes mutations sociétales du XXIe siècle et façonne les nouvelles pratiques de travail (déspatialisation du travail, rôle prépondérant des plateformes numériques, des applications, des start-ups, des méthodes agiles, etc.). La digitalisation, c’est-à-dire l’adoption et l’application des technologies numériques, engendre ainsi de nouvelles opportunités de création de valeur pour les entreprises. Le monde de l’entrepreneuriat numérique a atteint l’un de ses points culminants avec l’émergence de la pandémie (Covid-19). Les entrepreneurs ont dû apprendre de manière accélérée un ensemble d’outils numériques qui n’étaient pas indispensables auparavant, lit -on toujours à travers cet article.
Selon l’Organisation de coopération et de développement (OCDE), l’économie numérique a le potentiel d’améliorer la productivité, les revenus et le bien-être social. Elle crée des opportunités d’emploi sur de nouveaux marchés et augmente l’emploi dans certaines professions existantes.
Les défis liés à l’accès à électricité et l’internet qui constituent selon les experts, une barrière à l’entrepreneuriat digital ont été évoqués au cours du forum national sur le Développement du Burundi organisé, à Bujumbura, du 18 au 19 novembre 2021. En effet, pour l’année 2021 le taux d’accès à l’électricité s’élève à 11.1% pour le Burundi au moment où celui de la Tanzanie, Rwanda, Ouganda et le Kenya s’élève successivement à 37.7%, 38,8%, 41.3%, et 69,7%. Le taux de pénétration de l’internet s’élève à 13% pour le Burundi.
