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Les travaux de la CVR contribueront à la réécriture de l’histoire du Burundi

ByAdministrateur

Mar 19, 2022
BUJUMBURA, 19 mars (ABP) – La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) a organisé vendredi le 18 mars 2022 à Bujumbura, une conférence à l’intention du personnel et la communauté estudiantine de l’Université du Burundi, pour leur expliquer les missions de la CVR, ses activités, les résultats obtenus et les perspectives d’avenir.
Le président de la CVR, M. Pierre Claver Ndayicariye a rappelé que la CVR est au centre de la recherche de la vérité et de la réconciliation des Burundais. Il a précisé que la commission va travailler pour la période de 1885-2008. Selon lui, la commission a commencé par enquêter sur les évènements de 1972-1973, dates où des crimes contre l’humanité ont été commis contre les Burundais de l’ethnie des Hutus, et les Batutsi dans le sud du pays, sur le littoral du lac Tanganyika. Il a déclaré que lors de ses enquêtes, des crimes ont été aussi commis envers les Batwa de la province Muramvya. Selon Ndayicariye, les massacres organisés par le pouvoir de Michel Micombero visaient essentiellement les Bahutu comme les fonctionnaires, les commerçants, les élèves, les leaders religieux, les magistrats, les médecins et autres catégories. Il a ajouté que les tueries massives des Bahutu ont été suivies de spoliation de biens dont les maisons, les véhicules, les comptes bancaires, les parcelles, les vaches etc. Les veuves et orphelins ont été chassés de leurs maisons et se sont trouvés démunis et contraints de vivre dans la misère ou à l’exil
Le président de la CVR a affirmé qu’on peut qualifier les événements de 1972 de génocide mené envers les Bahutu, arguant que les services et les agents de l’Etat dont l’armée, la justice, l’administration, le parti UPRONA qui était au pouvoir et son mouvement intégré la JRR ont contribué à ces massacres. Les listes des personnes à tuer étaient aussi préétablies, a-t-il ajouté.
Après cet exposé sur les évènements de 1972-1973, le président de la CVR a invité la communauté universitaire d’être des messagers de la paix, de la cohabitation pacifique, de la réconciliation et de l’unité nationale pour les générations futures. Il n’a pas oublié de mentionner que la CVR est en train de découvrir une vérité qui est cachée depuis environ 50 ans. Il a signalé que les travaux de cette commission serviront à la réécriture de l’histoire du Burundi plus ou moins partagée.
Au cours de cette même séance, les participants ont suivi un documentaire sur les résultats des enquêtes menées dans différentes provinces du pays, dont Gitega, Bururi, Karusi, Makamba, Muyinga, Mwaro, Rumonge, Bujumbura Mairie etc. Ce documentaire montre les travaux d’enquête et d’exhumation des fosses communes où on a découvert beaucoup de restes humains. Le président de la CVR a affirmé qu’il y a des témoignages qui précisent que beaucoup de victimes ont été jetées dans les forêts ou dans les rivières et d’autres qui ont été brûlées.
A la fin de la séance, la communauté estudiantine a demandé si la CVR espère qu’après la dénonciation des auteurs, il y aura pardon au lieu de la vengeance de ceux qui ont perdu les leurs. Le président de la CVR a répondu que dans la province Ruyigi, il y a des auteurs qui se sont prononcés et qui ont reçu le pardon sans problème.