RUMONGE, 28 avr (ABP) – La réserve protégée de Kigwena en province Rumonge (sud-ouest du Burundi) s’étend sur 565 hectares de forêt. Une réserve appelée communément « peri-guineenne », selon le gouverneur de la province Rumonge, Consolateur Nitunga, du moment que les variétés de ses arbres sont les mêmes que celles de la forêt de la Guinée Equatoriale.
Selon M. Nitunga, les défis ne manquent pas pour sa préservation. Elle fait face à l’impératif de la population des environs qui y cherche du bois de chauffage en recourant à la coupe d’arbres ou par le ramassage de débris de bois sur le sol. Elle est entourée de 3 sites répartis en 2 secteurs Gashasha et Cabara et toute cette population y cherche du bois de chauffage. Une activité illégale selon lui. D’autre part, les fruits de cette réserve sont très prisés. Le statut de la réserve est quelquefois sujet de litiges. A ce propos, M. Nitunga a révélé que des populations qui ont fui en 1972 soutiennent qu’ils avaient de terres au sein de la réserve, ce que le gouverneur réfute en insistant sur le fait que cette réserve est un domaine protégé par la loi de 1958, bien avant les évènements de 1972. L’autre défi qui n’est pas des moindres, c’est le déplacement des limites de la réserve par la population des environs qui morcellent cette réserve à leur avantage.
Nitunga indique que la province Rumonge s’est engagée à protéger cette réserve à travers des séances de sensibilisation de la population pour sa préservation. Il soutient que cette réserve permet aux ménages des environnants de bénéficier de la pluie tout le long de l’année, une aubaine pour les activités agricoles.
Le gouverneur de la province de Rumonge est revenu sur l’épisode de chimpanzés de cette réserve qui ont été délocalisés au Kenya, il y a environ 30 ans (entre les années 1993 et 1996). Pour lui, ces derniers ont généré beaucoup d’argent à cause des visites de touristes. Il a interpellé le gouvernement à se pencher sur la question afin que ces chimpanzés puissent offrir une plus-value à notre pays. Il n’a pas exclu que ces chimpanzés soient rapatriés.
Nitunga reconnaît que beaucoup reste à faire pour que cette réserve puisse attirer les touristes qui restent encore peu nombreux actuellement. Il considère que le personnel assigné à la garde de la réserve est insuffisant. Un souci qu’il partage avec François Manirambona, responsable de l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OBPE) en province Rumonge. Ce dernier indique que les 2 garde-forestiers qui doivent s’occuper des 565 hectares de la réserve sont insuffisants. Ce nombre devrait être revu à la hausse.
Célestin Mbazumutima, un des 2 garde-forestiers assignés à la protection de cette réserve, ajoute que pour attirer les touristes, il faut investir dans l’aménagement des pistes, la construction d’hôtels à l’intérieur de la réserve. M. Mbazumutima a insisté sur le bon encadrement des garde-forestiers, tout en veillant aussi à leur sécurité. Il demande aux autorités en charge de la sécurité publique de leur donner des fusils car ils n’ont rien pour se protéger. En 2018, il a été blessé par les braconniers qui avaient des machettes tandis que lui n’était muni que d’un bâton.