• ven. Nov 22nd, 2024

ABP - Agence Burundaise de Presse

Grenier de l'information au Burundi

Environ 1,18 millions de personnes (10% de la population) sont en situation de crise alimentaire

ByAdministrateur

Juin 9, 2022

BUJUMBURA, 7 juil (ABP) – Environ 1,18 millions de personnes (10% de la population burundaise) sont en situation de crise alimentaire, phase 3 de l’IPC (Outil d’analyse intégrée et de classification de la sécurité alimentaire), et 3,1 millions (26% de la population analysée) en phase de stress (Phase 2 de l’IPC), selon un rapport produit par le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage en collaboration avec ses partenaires entre autres la FAO, le PAM et publié la semaine dernière.

Avec la prochaine récolte de la grande saison culturale B, de juin à septembre 2022, la population en situation d’insécurité alimentaire élevée (Phase 3 de l’IPC et plus) pourrait diminuer, malgré l’impact des grands chocs comme la crise ukrainienne et la pénurie du carburant) jusqu’à 646 000 personnes (5% de la population totale), soit une diminution de près de 50% par rapport à la période actuelle, estime le rapport.

Pour la période courante d’analyse, toutes les Zones de moyens d’existence (ZME) sont en situation de stress (Phase 2 de l’IPC) même si quelques poches à l’intérieur des ZME sont en phase de crise, donc en phase3 à l’instar des localités particulièrement affectées par les aléas climatiques au courant de la première saison culturale 2022A. Ces poches se retrouvent particulièrement dans les ZME de dépression du Nord et de la plaine de l’Imbo respectivement affectées par un déficit hydrique sévère et des cas d’inondations suivies de déplacements dans cette dernière ZME.

Selon ce rapport divers chocs notamment les aléas climatiques récurrents sont à la base de la situation d’insécurité alimentaire aiguë. Les efforts d’interventions continus ne sont pas encore arrivés à asseoir une résilience totale des ménages face à la survenue des chocs récurrents même d’ampleur modérée. Les moindres chocs continuent à conduire à la détérioration de la sécurité alimentaire des ménages sous emprise d’une vulnérabilité structurelle étayée par un niveau de pauvreté élevé de 62,8% selon l’étude réalisée en 2020 par l’Institut de statistiques et d’études économiques du Burundi (ISTEEBU) sur le profil et les déterminants de la pauvreté.

Des cas d’irrégularités de pluies avec des zones affectées par le déficit hydrique (Dépressions du Nord et plaine de l’Imbo) et d’autres affectées par des pluies excessives (OIM a identifié près de 50 000 personnes affectées avec plus de 10% de déplacés essentiellement dans le nord-ouest du pays depuis octobre 2021).

Les ménages sont également confrontés à l’exploitation de faibles superficies puisque plus d’un ménage sur quatre exploite moins de 25 ares, selon les rapports de l’Enquête nationale agricole du Burundi (ENAB) réalisée par l’ISTEEBU.

En plus des aléas climatiques enregistrés depuis le début de la première saison culturale (à savoir les dégâts liés aux pluies excessives et inondations au nord-ouest du pays ainsi que le déficit hydrique dans les localités isolées des zones de dépression du nord et la plaine de l’Imbo), le pays fait également face à l’impact de deux autres grands chocs à savoir la pandémie de COVID 19 ainsi que la crise en Ukraine. A part qu’ils affectent  négativement les moyens d’existence des populations, ces chocs impactent également sur les chaînes d’approvisionnement et les prix des denrées essentielles sur le marché.

Des cas d’approvisionnement problématique en intrants agricoles (engrais chimiques et semences de maïs).

Le rapport souligne également que depuis octobre 2021, début de la saison 2022A, l’indice des prix alimentaires n’a cessé d’augmenter jusqu’à plus de 15% en mars 2022 et davantage pour les céréales, selon les publications de l’ISTEEBU.

A l’exception du haricot, au mois de mars, l’ensemble des denrées alimentaires clés avaient largement augmenté par rapport aux cinq dernières années et par rapport à 2021: le prix du riz affiche des hausses de, respectivement, 41% et 44%, le prix du maïs de 23% et 18%, le prix de la farine de manioc de 28% et 16% tandis que celui de la patate douce a augmenté de 23% et 13% respectivement par rapport aux cinq dernières années et par rapport à 2021.

La hausse de 15% du prix de carburant à la pompe début février 2022 suivie de la hausse de prix du transport et des épisodes de pénurie du carburant ont rapidement contrebalancé l’effet récolte de la saison 2022A à travers notamment les prix du marché qui sont restés élevés.

Si des efforts pour soutenir la production agricole, en particulier à travers la mise en valeur et l’exploitation rationnelle des terres, ont été entrepris, la répartition des dividendes aux ménages sans terre ou assimilés n’est pas évidente pour cette catégorie qui représente une proportion importante des ménages ruraux. Selon la dernière enquête sur les conditions de vie des ménages, 9,3% des actifs ruraux travaillent dans le secteur agricole en faveur d’un ménage qui n’est pas le leur, en plus des 21% d’actifs non occupés dans ce même milieu rural.

Il est à signaler que l’outil d’analyse IPC prévoit cinq phases de classification de la sécurité alimentaire à savoir la Phase 1 ou la Phase de sécurité alimentaire, la phase 2 ou la phase de stress, la Phase 3 ou la Phase de crise, la phase 4 ou la phase d’urgence et la phase 5 de catastrophe.