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La culture, une identité et un héritage irremplaçable

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Août 19, 2022

BUJUMBURA, 15 août (ABP) – L’association Gumya a poursuivi le vendredi 12 août 2022, au Musée vivant de Bujumbura, les activités comptant pour la deuxième édition du festival « Igihugu » (Patrie) dans une veillée traditionnelle baptisée « Ku ziko », rehaussée par la présence du représentant légal de ladite association, M. Pierre Nkurikiye. Cette veillée a été agrémentée par des chansons traditionnelles animées à l’aide des instruments traditionnels dits Inanga, Umuduri et Ikembe ainsi que trois présentations sur la culture et la langue burundaises. Elle a été marquée par la présence des objets traditionnels tels que les calebasses et la cruche en argile contenant une boisson traditionnelle communément appelée « Impeke » ainsi que les nourritures variées, cuites traditionnellement pour enfin être servies aux participants assis sur des nattes traditionnelles, a constaté l’ABP sur place. Au cours de la première présentation sur la langue et la culture, le professeur Jean Bosco Manirambona a fait savoir que la langue émane de la culture qui la fait grandir jusqu’à ce qu’elle devienne un outil qui consiste à transmettre cette culture de génération en génération. Pour que la langue maternelle puisse se développer, il faut qu’il y ait l’amour de soi et des siens, la sûreté du pays, la bravoure dans la recherche d’une place de choix dans le concert des nations ainsi que la consolidation de la culture.

Ainsi, M. Manirambona a défini la culture comme étant une réponse aux problèmes que fait face une communauté ou un pays, d’où les communautés se diffèrent les unes des autres par leurs cultures car, a-t-il expliqué, elles ne partagent pas les mêmes problèmes et besoins.

Selon ce professeur à l’université, nos ancêtres considéraient la culture comme une lumière qui illumine leurs activités quotidiennes. Quiconque agit contrairement aux règles de sa culture, de l’humilité et de la valeur humaine, ne peut pas être une lumière pour les autres, a souligné Prof. Manirambona.

Il a, par ailleurs, déploré que la culture burundaise a été atténuée depuis l’arrivée des missionnaires et des colonisateurs qui, à part qu’ils n’ont rien changé au niveau de la croyance, ont considéré la culture et les coutumes ancestrales des Burundais comme des croyances diaboliques alors que, a-t-il poursuivi, les Burundais obéissaient déjà à Dieu et étaient capables de distinguer le bien et le mal. « La Chine et la Corée ont consolidé leurs langues et cultures pour se développer. Elles ont adopté la stratégie de traduire toutes les connaissances acquises en leurs langues conformément aux règles de leurs cultures », ont illustré MM. Manirambona et Sébastien Ntahongendera, qui considèrent la langue maternelle comme le grenier du savoir. M. Manirambona a enfin appelé les Burundais au changement de mentalité en se donnant la peine de lire les livres et les journaux écrits dans leur langue maternelle dans l’objectif de se cultiver et de valoriser cette dernière.

                             Vue partielle des participants autour d’une cruche contenant une boisson traditionnelle dite « Impeke »

Le professeur d’université, M. Denis Bukuru, a précisé dans sa présentation que la culture burundaise est handicapée par la religion occidentale, l’éducation assimilée en langues étrangères sans tenir compte des règles de notre culture ainsi que les messages circulant à travers les réseaux sociaux.

Selon M. Bukuru, les évènements malheureux qu’a connus le Burundi depuis l’indépendance ont eu lieu par le fait que les Burundais se sont débarrassés de leur culture, définie par lui comme le cœur du pays, un flambeau qui illumine le pays et lui donne la vie, une identité ainsi que l’héritage irremplaçable que l’on ne peut ni vendre ni offrir à aucun autre pays. Il a, par ailleurs, signalé que ces évènements malheureux avaient été révélés à l’époque monarchique par le nommé Ngwano ya Runyota, sous le règne de Ntare Rugamba dans les années 1934-1935. « Pour Sa majesté le roi du Burundi, sous le règne qui n’est pas le tien et qui n’est pas celui du roi, il y aura des chaos dans le pays où l’homme deviendra un loup pour l’homme », a révélé M. Bukuru en citant Ngwano ya Runyota, connu à l’époque monarchique comme un devin ou un prophète du pays. Se basant sur le premier livre de Samuel, chapitre 9 verset 9, le professeur Bukuru a fait remarquer que la culture peut être considérée comme la parole de Dieu. Il a expliqué que dans l’ancien testament, il s’agit de la culture et des coutumes que les Israéliens avaient mises ensemble et baptisées « Parole de Dieu » afin de les transmettre de génération en génération. Le directeur du Centre burundais de lecture et d’animation culturelle (CEBULAC) sous tutelle du ministère en charge de la Culture, M. Sébastien Ntahongendera, s’est quant à lui, demandé pourquoi les Burundais ont assimilé les coutumes occidentales en portant des noms étrangers ou des noms chrétiens alors qu’ils ne savent pas leurs significations. « Même si les coutumes et les mœurs changent, il faut bâtir du nouveau sur le tronc ancien », citant l’abbé Adrien Ntabona en ajoutant que si l’on n’aime pas les coutumes et les mœurs de son pays, l’on ne peut pas défendre sa patrie et la développer.

Le représentant légal de l’association Gumya a vivement remercié tous les participants à cette veillée traditionnelle organisée dans le cadre de sensibiliser la population à valoriser sa nourriture traditionnelle qui ne nuit rien à sa santé et sa culture pour atteindre le développement durable.