MUYINGA, 20 sept (ABP) – Le diocèse catholique de Muyinga a organisé, samedi 17 septembre 2022, à la paroisse Regina Pacis de Muramba, en commune Buhinyuza, province Muyinga (nord-est du Burundi), une journée pour le pardon et la réconciliation, entre les survivants et les auteurs des tueries de 1993 et 1994, a-t-on constaté sur place.
Une procession des prêtres, des religieux et des chrétiens venus des différentes paroisses, en tête l’évêque du diocèse catholique de Muyinga, Mgr Joachim Ntahondereye s’est dirigée vers le sanctuaire Reine des martyrs où repose plus de 120 personnes, victimes de la barbarie du 4 septembre 1994.
Ce fut le moment du recueillement puis du dépôt des gerbes de fleurs par l’évêque, le président de la Commission vérité-réconciliation (CVR), Pierre Claver Ndayicariye, les représentants de ceux qui avaient accepté de demander le pardon et ceux qui allaient l’accorder,
Peu avant le dépôt des gerbes de fleurs, l’évêque du diocèse de Muyinga, Mgr Ntahondereye a rappelé à l’assistance, les circonstances dans lesquelles ces martyrs ont été ôtés la vie.
Le dimanche 4 septembre 1994, alors que son prédécesseur, feu Mgr Jean-Berchamas Nterere, officiait la messe à l’occasion du sacrement de confirmation, des hommes armés ont fait irruption, ils ouvrirent le feu dans une église pleine à craquer, tirant en direction de l’évêque mais également dans le tas des chrétiens. La vie du prélat et celle du prêtre qui célébrait la messe serait miraculeusement sauvées. Ce jour plus de 120 chrétiens y laissèrent la vie.
Dans son homélie, l’évêque du diocèse Muyinga a invité les chrétiens à écouter toujours la voix du Tout Puissant, à cheminer dans la vérité pour pouvoir pardonner et se réconcilier.
Au cours de cette messe, des groupes de gens composés de survivants et de ceux qui ont commis le crime ont fait des témoignages poignants sur leurs mauvais jours comme victimes et d’autres comme bourreaux.
A cette occasion, les bourreaux ont demandé pardon aux survivants et ces derniers l’ont accordé. Ils se sont réconciliés devant l’évêque, les prêtres, les religieux, le président de la CVR et certains de ses proches collaborateurs mais aussi en présence de plusieurs centaines de Chrétiens.
D’autres ont témoigné avoir protégé la vie de leurs voisins immédiats menacés de mort.
Dans son discours, le président de la CVR a remercié l’église catholique qui initie ces séances de demande de pardon et de réconciliation avant de formuler le vœu de voir la même initiative dans d’autres diocèses catholiques du Burundi à l’image de ceux de Muyinga et Ruyigi.
Il a invité l’église catholique à continuer à enseigner la vérité car, elle a cruellement manqué dans notre pays notamment en rapport avec les périodes sombres qu’a connues le Burundi.
Selon M. Ndayicariye, « ces séances de demande de pardon et de réconciliation détraumatisent les bourreaux et les survivants. Elles guérissent et libèrent les cœurs meurtris.
Signalons que cet évènement a coïncidé avec l’ouverture de l’année pastorale 2022-203 en diocèse catholique de Muyinga.