BUJUMBURA, le 22 déc (ABP) – Le Burundi figure parmi les 21 pays membres du Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA) traduit en français par le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe.
Cette organisation a été mise en place en 1994 en remplacement avec la zone de libre-échange préférentiel (ZEP) qui existait depuis 1981. Elle a pour vision d’être une Communauté économique régionale pleinement intégrée ; compétitive à l’échelle internationale et caractérisée par la prospérité économique selon le bulletin d’information COMESA en bref.
Le COMESA a cinq objectifs. Le premier consiste en l’établissement d’une zone de libre-échange. Celle – ci garantit la libre circulation des biens et des services produits au sein de la Communauté. Elle s’intéresse à la suppression de tous les obstacles tarifaires et non tarifaires. Le deuxième objectif est en rapport avec la constitution d’une union douanière pour les pays membres. Les biens et les services importés à partir des pays non membres du COMESA sont assujettis à un tarif unique convenu (tarif extérieur commun). Le troisième objectif concerne la libre circulation des capitaux et des investissements qui est appuyée par l’adoption d’une zone d’investissement commune.
Le quatrième objectif insiste sur la mise en place d’une Union douanière de paiement progressive axée sur la Chambre de compensation du COMESA et l’établissement à terme d’une Union monétaire dotée d’une monnaie unique. Le cinquième objectif concerne l’assouplissement progressif et l’élimination de l’exigence de visas ; ce qui occasionnera la libre circulation des personnes, de la main d’œuvre des services et le droit d’établissement.
Les programmes du COMESA concernent surtout le développement des infrastructures, du commerce, les douanes ; le genre ; les affaires monétaire ; le transport ; les Technologies de l’Information et de la Communication(TIC) ; l’environnement et les ressources naturelles, l’agriculture, l’industrie et le développement du secteur privé.
D’après le porte-parole du ministère burundais du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme M. Onesime Niyukuri, le Burundi a adhéré au COMESA depuis 1981. Il bénéficie du tarif extérieur commun de la communauté, soit 25% pour les produits finis, 10% pour les biens intermédiaires et 0% pour les matières premières et pour les biens d’équipement. En sa qualité de membre du COMESA, a- t-il dit, bénéficie des financements que ça soit pour la Banque Mondiale et l’Union Européenne pour la réalisation des grands projets au niveau du COMESA et de la Communauté.
Dans le but de favoriser le développement de l’industrie du cuir de la région du COMESA et le développement du secteur cuir dans les États membres, a précisé M Niyukuri, le Burundi a déjà bénéficié d’un Centre d’incubation du cuir. Ce centre est équipé des machines pour la fabrication des chaussures, des ceintures, des porte- monnaie, et des sacs à main via le financement du COMESA de 400 mille dollars américains. Il a fait remarquer que les activités de ce centre vont bon train précisant qu’il y a des produits en cuir de bonne qualité qui sont fabriqués au Burundi . Le personnel de ce Centre bénéficient du renforcement des capacités de la part de l’Institut du cuir du COMESA(LLPI) basé à Addis – Abeba en Ethiopie qui est un pays développé dans le cadre de transformation des produits du cuir.
Le Programme de facilitation du commerce dans la région des Grands Lacs (PFCGL) avec le financement de la Banque Mondiale via le COMESA a été instauré. Pour la première phase, il a facilité le commerce transfrontalier entre la République Démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et l’Ouganda. Pour la deuxième phase, le projet s’étend sur le Burundi et la RDC tout en augmentant la capacité de commerce, en réduisant les coûts supportés par les commerçants et les femmes commerçantes, aux emplacements des zones frontalières sélectionnés.
Selon Onesime Niyukuri, ce projet sera très bénéfique pour les citoyens des deux pays parce que le régime commercial simplifié entre le Burundi et la RDC sera un atout pour ceux qui font le commerce dont la majorité sont des femmes. Au niveau des marchandises, du commerce extérieur dans le cadre du COMESA, le Burundi bénéficie les avantages offerts par cette organisation et les pays membres. En effet, les marchandises burundaises circulent sur le marché du COMESA en bénéficiant des avantages dans le cadre d’élimination des barrières tarifaires ou non tarifaires, mais aussi du traitement préférentiel offert par ce régime de commerce.
Selon le bulletin publié par l’Office Burundais des Recettes (OBR) au cours du premier trimestre 2023, le marché d’écoulement des produits burundais détenu par les pays membres du COMESA représente 37,0% du total des exportations au cours de cette période. Par ailleurs, la RDC détient à elle seule 58,0% de la valeur totale des exportations vers cette Communauté. Elle est suivie par le Soudan, l’Ouganda l l’Égypte qui ont respectivement 13,7%, 12,5% et 10,5%. Selon le même bulletin, les importations du Burundi en provenance du COMESA représentent 15,7% de la valeur totale des importations du premier trimestre 2023.
Pour accroître les avantages liés aux investissements transfrontaliers, ceux liés aux prix des marchandises produites dans la région et au dédouanement plus rapide des marchandises, une Union douanière du COMESA a été mise en place. Selon Jean Berchmans Dundaguza qui est analyste d’affaires au commissariat des douanes, il y a un régime régional douanier appelé Garantie Régional du Transit Douanier (RGTD/COMESA) qui facilite le dédouanement et la libre circulation des marchandises en transit entre les pays membres du COMESA. Ce régime, a-t-il précisé, facilite la circulation des marchandises sous scellement douanier dans l’espace COMESA. Il réduit aussi le coût des cautionnements facturés par les garants et les agents.
La digitalisation des procédures de paiement en douane a écarté les tentatives de fraude souvent bien pensée et organisée dans ce domaine. » Le service rendu aux contribuables a été amélioré, la rentrée des recettes douanières a été augmentée. Cela permet au gouvernement du Burundi d’accomplir plus de projets de développement au profit des citoyens et des habitants de ce pays. » A ajouté M.Dundaguza.
Dans le domaine des TIC, le directeur général en charge de ce secteur au ministère burundais de la Communication , des Technologies de l’ Information et des Médias M. Francis Olivier Cubahiro fait savoir qu’ il existe un Programme sur l’amélioration de la gouvernance et de l’environnement favorable dans le secteur des TIC ( EGEE- TIC) dans la région de l’Afrique orientale, australe et de l’océan Indien.
Ce programme, a-t-il dit, est financé à hauteur de 8 millions d’euros. Il soutient l’examen et l’élaboration de cadres politiques et réglementaires régionaux de manière harmonisée, contribuant ainsi à une concurrence accrue et à un meilleur accès à des services TIC rentables et sécurisés. M. Cubahiro a aussi indiqué que ledit programme crée une opportunité exceptionnelle de rassembler plusieurs parties prenantes pour travailler à la résolution de certains problèmes critiques des TIC dans le but de créer un environnement propice qui favorisera la croissance des TIC.
D’ après ce responsable, ce programme sera bénéfique pour le burundais étant donné qu’il va rendre les TIC abordables et rentables stimulant ainsi l’innovation et la croissance économique du pays. Il a aussi salué l’initiative du COMESA sur la zone de libre-échange numérique qui a le potentiel de changer la vie des citoyens des pays membres du COMESA dont le Burundi, en utilisant les TIC pour stimuler le commerce intra régional et accélérer l’intégration régionale.
Lors du 22ème Sommet de la Conférence des chefs d’Etats et de gouvernement du COMESA tenu à Lusaka en Zambie en date du 8 juin 2023 , il a été constaté que l’investissement vert dans la réalisation d’un ordre industriel sans carbone, l’ exploitation du potentiel commercial aligné sur les objectifs de développement durable, la réponse à la demande croissante de produits à valeur ajoutée et la libéralisation du commerce sont quelques défis sur lesquels les pays membres du COMESA doivent se pencher pour profiter véritablement de ce marché.
Signalons, à toutes fins utiles, que les États membres du COMESA sont le Burundi, les Comores, Djibouti, l’Égypte, Eswatini, l’Éthiopie, l’Erythrée, le Kenya, l’Ouganda, la Libye, le Madagascar, le Malawi, l’île Maurice, la RDC, le Rwanda, les Seychelles, la Somalie, le Soudan, la Tunisie, la Zambie, le Zimbabwe. La présidence du COMESA pour l’année 2023/2024 est assurée par le Président de la République de la Zambie M. Hakainde Hichilema et le vice-président est le Président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye.
Au niveau de la structure décisionnaire il y a la conférence des chefs d’Etats et de gouvernement ; le Conseil des ministres ; les Comités techniques ; le Comité des gouverneurs des banques centrales ; le Comité intergouvernemental ; le Secrétariat. Le siège du COMESA se trouve à Lusaka en Zambie.