BUJUMBURA,12 fév (ABP) – Le président de la Cour suprême du Burundi, Emmanuel Gateretse ouvert lundi le 12 février 2024, un atelier de lancement d’une formation de 5 jours à l’endroit des acteurs judiciaires des services des juridictions, des parquets et des parquets généraux provenant dans tous les provinces du Burundi, en vue de renforcer leurs capacités, a constaté l’ ABP sur place.
A cette occasion, M Gateretse a fait savoir qu’ils ont organisé cette formation dans le but de permettre aux acteurs judiciaires de faire face aux changement sociétaux, plus ou moins prévisibles qui se produisent dans la vie professionnelle et de leur permettre d’élever leur niveau culturel et intellectuel et ainsi prendre en main leur propre existence professionnelle.
Il a, à cet effet, rappelé la première qualité d’un juge qui est son impartialité, soulignant que le métier de juge demande une bonne dose humanité et doit écouter attentivement les deux parties ainsi que les avis des experts. Un bon juge doit maîtriser le droit, en général et le domaine dans lequel il est spécialisé. Un bon juge doit également être humble.
Parlant de la moralité du juge, il a rappelé
que le juge exerce une fonction qui fut longtemps réservée aux dieux, une tache surhumaine en quelque sorte, puisqu’il doit distinguer le faux du vrai, le juste de l’injuste et surtout administrer une souffrance rédemptrice sous la figure de la peine, ce qui le rendait encore maitre de la vie, en raison de la persistance très tardive de la peine de mort dans certains pays. Il a aussi souligné que le juge doit non seulement pacifier les rapports mais aussi entretenir l’ordre du monde, le réconcilier avec l’au-delà, ce qui explique que la justice humaine se soit longtemps adossée à une justice suprahumaine.
A cette occasion, il a signalé que le renforcement des capacités des acteurs judiciaires est une formation pratique et pluridisciplinaire visant essentiellement la transmission des valeurs et de techniques professionnelles. Ainsi, les magistrats doivent avoir des compétences irréprochables. Même si des comportements indignes sont commis par certains magistrats, ils décrédibilisent la magistrature et constituent de véritables causes de manque de confiance ou de faible confiance en la justice. Il a souligné que l’idée de promouvoir une justice indépendante et équitable est une préoccupation séculaire du gouvernement du Burundi. C’est une idée qui a pris origine à Arusha en 2000, époque où les Burundais tentaient de trouver des solutions aux épineuses questions qui hantaient la société burundaise.
Le centre de formation professionnelle de la justice a commencé à fonctionner en 2010 et a pour missions de dispenser une formation professionnelle initiale et une formation continue aux acteurs judiciaires et pénitentiaires.
Il a remercié l’Union Européenne, en général et ENABEL, en particulier pour leur engagement affiché pour renforcer l’accès la justice.
De son côté, le directeur du centre de formation professionnelle de la justice CFPJ, Edouard Minani a indiqué que cette formation est essentielle pour garantir un haut niveau de compétence et de performance. Elle joue également un rôle fondamental pour garantir l’indépendance de la justice, l’État de droit et la protection des droits de tous.
Il a aussi souligné que les sessions de formation vont continuer la semaine prochaine pour que tous les acteurs judiciaires puissent être renforcés. Elles permettront, d’une part de combler les lacunes justifiées par la formation universitaire des juristes qui semblait privilégier l’enseignement abstrait à l’enseignement pratique. En effet, la pratique du droit est un fait qui ne saurait se confondre avec le droit. D’autre part, elles permettront de rompre avec la routine qui gangrène les entreprises tant publiques que privées, a-t-il justifié.