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Présentation des résultats de recherche sur la période coloniale au Burundi

ByAdministrateur

Fév 11, 2025
Le président du senat

BUJUMBURA, 29 jan (ABP) – Le Sénat de la République du Burundi a organisé, mardi le 28 janvier 2025, à Bujumbura, une conférence publique qui était centrée sur la présentation des résultats de recherche sur la période coloniale allemande et les effets de la réforme administrative de 1925 au Burundi, en vue d’éclairer l’opinion, tant publique qu’internationale, sur les malheurs qu’a connus le Burundi pendant cette période coloniale.

Dans son mot d’ouverture, le président du Sénat burundais, Emmanuel Sinzohagera a, d’emblée, rappelé que la Constitution de la République reconnait au Sénat une mission spéciale de réconcilier le peuple burundais, signalant que cette mission ne pourrait pas être accomplie si l’on ignore le passé du pays.

Il a, à cet effet, précisé que depuis 2015, le Sénat a toujours travaillé sur ce sujet en collaboration avec les experts pour bien connaître les effets de la colonisation allemande et de la loi du roi belge sur la réforme administrative au Burundi, ceci dans le cadre de voir ensemble ce que l’on peut faire pour apaiser les esprits de bon nombre de Burundais et pour bâtir un Burundi sans conflits au profit des générations actuelles et futures.

Il a, par ailleurs, fait remarquer qu’avant l’arrivée des colonisateurs au Burundi, le pays était respectueux et stable. Avant la pénétration des Allemands au Burundi, a-t-il indiqué, le pays était florissant, un pays de lait et de miel, un pays bien organisé au niveau administratif, économique et social, ce qui se manifestait à travers l’organisation des travaux et des fêtes. L’on organisait les fêtes en paix et en sécurité totale, en l’occurrence, la fête des semailles (Umuganuro), qui témoignait de la liberté des Barundi, de leur entraide mutuelle et de leur travail en commun, a-t-il illustré.

Vue partielle des participants

Sinzohagera a fait remarquer que les Barundi étaient constamment caractérisés par l’unité, illustrée par le travail en commun communément appelé « Ikibiri », un système de travail qui leur permettait d’accomplir une tâche énorme dans un laps de temps car, a-t-il signifié, ils avaient compris que l’union fait la force.

A côté des travaux champêtres, a-t-il poursuivi, les Barundi exerçaient plusieurs métiers tels que la forge, la vannerie, la pêche, la fabrication des vêtements, l’élevage et bien d’autres, ce qui leur permettait de subvenir à tous leurs besoins sans aucune intervention étrangère.

Ils étaient, plus particulièrement, capables de fabriquer des médicaments pour leur traitement et celui du bétail. « Tous les secteurs du pays étaient bien organisés, » a-t-il signalé, révélant qu’avant la colonisation, le Burundi était un pays émergent qui mettait Dieu au premier plan, tandis que les Barundi étaient caractérisés par l’obéissance au roi et la défense des intérêts du pays, tel que le stipulait la devise de l’époque monarchique: « Imana-Umwami-Uburundi » (Dieu-Roi-Burundi).

Le président du Sénat a, néanmoins, déploré que la tendance ait changé avec l’arrivée des colonisateurs dont leur administration a été caractérisée par le divisionnisme, la déstabilisation de la paix et des communautés, la spoliation des trésors du pays, ainsi que la discrimination qui a occasionné des conflits ethniques qui persistent encore.

Ainsi, pour éclairer le public et la communauté internationale sur les effets de la colonisation au Burundi, cinq présentations ont été faites. Ces présentations ont porté sur les aspects historiques, anthropologiques, socio-politiques, socioéconomiques et juridiques. Selon l’économiste Léonidas Ndayizeye, professeur à l’Université du Burundi, la seule chose que les colonisateurs ont pu fabriquer au Burundi est la pauvreté parce que, a-t-il expliqué, même s’ils ont construit les premières écoles, et amené certaines cultures de rente au Burundi, c’était pour leurs propres intérêts. En marge de ces présentations, des échanges ont été menés pour les enrichir.

Des recommandations ont été aussi formulées à l’endroit du gouvernement du Burundi, de l’Allemagne, de la Belgique, de la Mission de l’église catholique, des Etats-Unis et de la société des Nations. L’une de ces recommandations est celle de négocier l’appui de l’industrialisation au Burundi par les anciennes puissances coloniales, en guise de réparation des torts ou dommages causés au peuple burundais.

Le président du Sénat a vivement apprécié les interventions des ambassadeurs de la Belgique et de l’Allemagne au Burundi, qui ont exprimé la volonté de leurs pays respectifs d’apporter leur contribution pour que toutes les questions engendrées par l’administration coloniale soit vidées, afin que tous ces pays aient une lecture commune sur leur passé historique.

Signalons que Cette conférence publique, a vu la participation : de l’ancien président de la République du Burundi, Sylvestre Ntibantunganya ; du secrétaire général adjoint du parti CNDD-FDD, honorable Cyriaque Nshimirimana ; des députés et les sénateurs, les membres de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) ; des membres de la Commission vérité et réconciliation (CVR) et de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ; des hauts fonctionnaires de l’Etat ; des représentants de la magistrature et des forces de défense et de sécurité, les représentants des confessions religieuses et de la société civile, les représentants des partis politiques, du corps diplomatique et consulaire, du système des Nations unies, des ONGs étrangères, pour ne citer que ceux-là.