BUJUMBURA, 2 mars (ABP) – Lors de la formation des médias burundais sur la santé qui a été organisée par la fondation Merck (en ligne) en partenariat avec la première dame du Burundi Angeline Ndayishimiye, ambassadrice de la campagne » Plus qu’une mère », Dr Janita Neermul Bhujun psychiatre en République de Maurice a fait une présentation sur » la stigmatisation sociale et psychologique de l’infertilité ». Mme Janita a précisé que, dans le monde, plus de 70 millions de couples souffrent d’infertilité. Les femmes stériles subissent des conséquences négatives de l’infécondité à un plus haut degré dans les pays en développement que dans les sociétés développées. A l’échelle mondiale, l’infécondité crée des problèmes pour les couples, en particulier pour les femmes qui sont généralement tenues responsables de l’infertilité du couple et souffrent de chagrin, de stigmatisation sociale et psychologique, de discrimination et de graves privations économiques, a ajouté Dr Janita.
Selon cette psychiatre, en Afrique, l’infertilité est un problème de santé publique avec 20 à 30% selon les régions et reste considérée comme un sujet tabou. Elle a aussi signalé que la stigmatisation liée à l’infertilité est un grand problème de santé publique au moment où elle a comme conséquences chez les couples infertiles, la honte, la culpabilité, le faible estime de soi, le manque de soutien social, les problèmes relationnels, la dépression, le stress, l’abus d’alcool ou de drogue, le sentiment de perte d’identité, le sentiment de défectuosité et d’incompétence.
Les attitudes oppressives et discriminatoires qui émanent à la fois de la famille et de la société en général causent des traumatismes mentaux et émotionnels qui peuvent avoir des répercussions psychologiques durables surtout chez les femmes qui sont toujours considérées comme seules responsables de l’infertilité alors que la responsabilité est partagée entre les deux conjoints. Elle a aussi ajouté que les femmes stériles ont un faible soutien social, ce qui les conduisent à une forte dépression, au traumatisme, aux troubles de santé mentale, à la détresse et à l’anxiété causées par l’implication des membres de la famille du mari. Selon elle, cela peut conduire à la séparation ou au divorce et l’homme est encouragé à trouver une autre femme qu’il pense qu’elle pourrait avoir des enfants.
Dr Janita a signalé que peu de pays dans le monde offrent une couverture d’assurance pour le traitement de l’infertilité. La gamme de couverture du traitement varie et elle n’est pas efficace à 100%, a-t-elle souligné. L’échec du traitement peut être une cause de stress et de dépression immenses, a-t- elle martelé. Par ailleurs, le traitement de l’infertilité coûte très cher. A cette même occasion, elle a invité les professionnels des médias à faire des productions médiatiques visant à un changement culturel, à briser la stigmatisation liée à l’infertilité et d’autres problèmes sociaux dont la violence sexiste, le mariage des enfants, le travail des enfants et autres. Les médias sont aussi appelés à sensibiliser la population en expliquant que l’infertilité affecte les deux partenaires, qu’il est toujours mieux de consulter les médecins. Les journalistes doivent aussi traiter des sujets en rapport avec l’éducation filles et la promotion de l’autonomisation de la femme.