BUJUMBURA, 14 nov (ABP) – Le ministre des finances, du budget et de la planification économique, Audace Niyonzima, a procédé jeudi le 14 novembre 2024, à Bujumbura, au lancement de l’Initiative de masse critique de professionnels (IMCP), qui a pour objectif de former les professionnels des projets financés par la Banque mondiale.
Dans son mot de circonstance, le ministre Niyonzima a apprécié positivement la flexibilité de l’équipe de la Banque mondiale (BM) présidée par la représentante résidente de cette banque au Burundi, pour pouvoir mettre en place l’IMCP visant le renforcement des capacités des gestionnaires des projets.
« Nous avons la vision de faire du Burundi un pays émergent en 2040 et un pays développé en 2060, et sa mise en œuvre effective exige pas mal de ressources dont la ressource humaine qui est la plus rare », a-t-il indiqué, faisant remarquer que les projets que l’on est en train de mettre en œuvre, en particulier ceux qui sont financés par la banque mondiale, sont des projets qui s’inscrivent dans cette perspective du développement du Burundi.
Niyonzima n’a pas mâché les mots en faisant remarquer que, dans les années antérieures, il y avait tendance à utiliser les ressources financières de façon désordonnée et que certaines gens pensaient même qu’il s’agit des ressources qui étaient là sans rien faire ; d’où les œuvres qui devraient être réalisées n’ont pas été faites, ce qui, selon lui, freine le développement du pays.
« Imaginez par exemple pour le projet Jiji-Murembwe qui va donner environ 47 MW au pays : si quelqu’un fait des manœuvres sur l’argent qui est destiné à la construction de ce barrage, on se sent qu’il est en train de nous faire reculer, » a-t-il déploré, soulignant que les gestionnaires des projets devraient changer de mentalité et comprendre que ces ressources sont destinées à être utilisées de façon efficace et efficiente pour atteindre les objectifs fixés.
Il est revenu sur pas mal de défis qui handicapent la mise en œuvre des projets de développement. Parmi ceux-là, figurent les difficultés liées à la gestion financière, les délais de passation des marchés qui tardent et qui s’étirent sur une longue (plusieurs mois voire une année), le non-respect de la planification telle qu’approuvée par la plateforme de la BM, la faiblesse dans la gestion des contrats jusqu’aux livrables, la faible qualité des dossiers pour les entreprises soumissionnaires, ainsi que le déploiement tardif ou non des environnementalistes sur terrain, par les entreprises.
Niyonzima a, par ailleurs, rappelé que le gouvernement du Burundi dispose actuellement de 20 projets financés par la BM à hauteur de 1,8 milliards de dollars américains. « A travers cette initiative, on veut des gens efficaces, qui savent ce qu’ils font, qui maîtrisent leurs tâches, », a-t-il insisté, signalant que l’IMCP est une initiative unique dans les projets de la BM, qui vise le renforcement des capacités en prélevant les ressources sur le financement qui est déjà disponible.
Quant à certaines gens qui ne connaissent pas l’ampleur des besoins du pays, et qui ont tendance à penser que les ressources du gouvernement peuvent provenir des recettes fiscales seulement, Niyonzima a déploré qu’il s’agisse d’une erreur d’appréciation. Il a signalé que tous les pays s’endettent même si certains Burundais ont une perception négative de la dette.
Il a poursuivi en indiquant qu’à côté des recettes fiscales, tous les pays du monde recherchent des ressources externes sous deux formes principales, à savoir, la dette qui peut être interne et externe ; et la ressource financière appelée « don » qui provient des partenaires bilatéraux (entre les pays amis) et multilatéraux, c’est-à-dire, à travers les organisations internationales dont la BM à la tête parce que, a-t-il signifié, c’est la BM qui donne une enveloppe la plus élevée et qui finance beaucoup de projets au niveau du pays.
« Désormais, nous devons nous réveiller parce que ces ressources sont mises à la disposition du gouvernement pour implémenter les projets de développement », a recommandé le ministre Niyonzima. Il a saisi cette occasion pour interpeller les secrétaires permanents, qui étaient présents aux activités de lancement de l’IMCP, à s’approprier l’exécution des marchés pour s’assurer que ceux qui sont en train de gérer cette exécution sont des gens formés et capables de mener à bon port cette tâche dans les meilleurs délais.
Pour sa part, la représentante résidente de la BM au Burundi, Hawa Wagué Cissé, a précisé que l’IMCP vise la formation des professionnels des projets du gouvernement financés par cette banque dans cinq domaines, à savoir, la passation des marchés, la gestion financière, les sauvegardes environnementale et sociale, l’audit interne des projets et le suivi-évaluation.
« Avoir des professionnels dans ces domaines qui sont spécifiques, permet de mettre en œuvre tous ces projets dans les meilleurs délais ; d’avoir un impact positif sur la population et d’atteindre les objectifs de développement du Burundi », a-t-elle souligné, précisant, par ailleurs, que la première cohorte à être formée et qui est attendue d’ici environ 9 mois, est constituée de 150 personnes qui sont des fonctionnaires qui travaillent sur les projets financés par la BM, ainsi que des spécialistes de ces mêmes domaines dans les projets. Elle a indiqué que l’équipe de la BM est en train de travailler avec le ministère en charge des finances, l’Université du Burundi et l’Institut supérieur de gestion des entreprises (ISGE) pour pouvoir mettre en œuvre ce programme de façon rapide.
« Nous pensons qu’avec cette initiative, il y aura plus d’experts qui vont implémenter les projets que nous finançons, mais aussi des fonctionnaires au niveau du gouvernement qui sont capables de mettre en œuvre les programmes de développement en général dans le pays, » a-t-elle conclu.