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Des recommandations formulées et adoptées en marge de la présentation des résultats de recherche sur la période coloniale au Burundi

ByAdministrateur

Fév 1, 2025
Les membres du bureau du Sénat (au premier plan) lors de la séance des échanges et débats

BUJUMBURA, 31 jan (ABP) – La conférence publique sur la présentation des résultats de recherche sur la période coloniale allemande et sur les effets de la réforme administrative de 1925 au Burundi, qui était organisée par le Sénat burundais le 28 janvier 2025, à Bujumbura, a été sanctionnée par la formulation et l’adoption des recommandations à l’endroit du gouvernement burundais, de l’Allemagne et de la Belgique, des Etats-Unis, de l’église catholique, et des Nations Unies.

Après la présentation des exposés à travers lesquels les conférenciers ont mis en relief les conséquences de la colonisation allemande et belge, ainsi que la séance d’échanges et des débats, les participants ont adopté une série de recommandations formulées à l’endroit des différentes parties prenantes pour faire face aux conséquences politiques, économiques, juridiques et sociales de la colonisation allemande et de la réforme administrative de 1925.

A cet effet, le gouvernement burundais a été recommandé de reconnaître et de faire connaître le passé du pays pour mieux corriger les erreurs du passé; d’acter la finalisation des travaux de recherche de la vérité historique du Burundi, afin que les Burundais soient maîtres de leur destinée; d’engager la jeunesse dans la liquidation de la problématique de recherche de la vérité historique pour le Burundi; d’impliquer les églises dans la recherche de la vérité historique et de vider la question endéans deux ans ; d’élaborer une carte des sites culturels et historiques du Burundi pour bien s’imprégner de son passé ; et de promouvoir et vulgariser la bonne gouvernance axée sur la méritocratie pour que l’ethnisme et le divisionnisme soient proscrits.

Le gouvernement a été aussi recommandé de mettre sur pied, dans les meilleurs délais, une commission mixte (toutes les ethnies confondues) Burundi-Belgique-Allemagne, afin qu’elle contribue à faire la lumière sur l’histoire du Burundi à l’ère coloniale et à étudier les modalités pratiques de faire les réparations et les indemnisations dues; de rassembler les effets de la colonisation sur le Burundi pour réussir à dresser un plan stratégique de décolonisation; de rendre dynamique la culture du Burundi compte tenu des défis du moment; de demander par voie diplomatique à l’Allemagne et à la Belgique, la reconnaissance du tort causé au peuple burundais et sa réparation au niveau moral, financier et matériel; d’organiser les Etats généraux de la culture pour restaurer l’âme authentique du Burundi détruite par la colonisation; ainsi que de remplacer dans les livres d’histoire l’expression « Traité de Kiganda » par « Procès de Kiganda ».

Il a également été recommandé de rehausser au rang de « héros nationaux », certains personnages historiques et les primer officiellement pour leur rôle dans la défense de la souveraineté nationale sous l’administration belge au Burundi; de garantir une lecture commune de l’histoire coloniale du Burundi; d’engager le pays dans sa renaissance sur base des résultats de la recherche ; de mettre à disposition de la Commission vérité et réconciliation (CVR), le rapport final sur les motivations, les faits et les effets de la réforme administrative de 1925 au Burundi ; d’intégrer l’histoire coloniale du Burundi dans les curricula de formation; etc.

Quant au Sénat du Burundi, il a été recommandé d’adopter une résolution pour s’approprier le rapport final et d’adresser officiellement au gouvernement toutes les recommandations émises et de contribuer à revaloriser la culture traditionnelle du Burundi.

Par ailleurs, il a été recommandé aux experts de réunir et de sortir dans un seul livre, les résultats de la recherche sur la colonisation allemande et la réforme administrative de 1925.

L’Allemagne et la Belgique ont été recommandées de négocier avec le Burundi les modalités de réparation morale en demandant pardon au peuple burundais; de réparation financière pour l’injustice, les morts, et les confiscations imposés au peuple burundais; et de réparation matérielle par des contributions à la construction des ouvrages d’intérêt public dans les endroits et entités touchés par les corvées, la déportation des hommes et souvent des femmes et des enfants dans la guerre et dans d’autres travaux d’intérêt colonial; de contribuer au financement des débats sur la question ethnique au Burundi, etc.

Vue partielle des participants

L’on a particulièrement recommandé à l’Allemagne d’envisager la réparation pour le tribut de 424 vaches imposé arbitrairement au roi Mwezi et au peuple burundais; de créer un cadre de discussion entre le Burundi et l’Allemagne pour identifier et rapatrier les archives sur le Burundi; et de reconnaître le tort causé aux Burundais.

Quant au royaume de la Belgique, il a été particulièrement recommandé de créer un cadre de discussion entre le Burundi et la Belgique pour identifier et restituer les restes humains, les archives et les collections sur le Burundi; de participer au financement de l’écriture d’un manuel scolaire incluant la version correcte de l’histoire coloniale; de faire participer les chercheurs burundais, belges et allemands à l’élaboration d’une étude sur la question des ethnies au Burundi signée par le roi belge le 21 août 1925; d’organiser la déconstruction de la réalité sociale fondée sur les ethnies créée lors de la colonisation, et de rendre public les résultats; d’organiser une recherche sur tous les textes promulgués sous la colonisation et qui restent en vigueur au Burundi, pour en étudier la pertinence; ainsi que d’envisager la compensation pour les territoires de Buha et Bugufi amputés sur le Burundi.

Dans cette logique, il a été recommandé aux Etats-Unis d’Amérique de reconnaître tous les torts causés par la convention de cession du Burundi au royaume de Belgique après la première guerre mondiale; et de donner et faciliter le rapatriement de toutes les archives qu’ils détiennent sur le Burundi.

L’église catholique a, quant à elle, été recommandée de coopérer avec le gouvernement du Burundi dans la collecte et le rapatriement des archives gardées au Vatican; de reconnaître que les premiers missionnaires catholiques ont participé à la création des identités ethniques dont les conséquences ont été meurtrières ; de reconnaître que les missionnaires catholiques ont détruit sciemment les sites mémoriels du pouvoir royal. Ainsi elle a été demandée de remettre au gouvernement du Burundi les sites mémoriels comme Mugera, Bukeye, Kibumbu, pour ne citer que ceux-là. Elle a été aussi recommandée de demander formellement pardon au peuple burundais et de réparer des torts causés aux Burundais.

Les Nations Unies ont, enfin, été recommandées de reconnaître le tort causé par leurs membres de suivi-évaluation de l’accomplissement du mandat et de la tutelle accordée à la Belgique sur le Burundi ; et de donner et faciliter le rapatriement des archives qu’elles détiennent sur le Burundi.