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La cordonnerie burundaise cherche à se refaire une pointure

ByAdministrateur

Sep 15, 2025
le maroquinier-cordonnier ,Augustin Ntibarusiginyuma

MUKAZA, 12 septembre (ABP) – Au Burundi, la cordonnerie reste un métier essentiel, mais encore largement exercé de manière artisanale, avec des moyens limités. Le manque de formation technique et l’absence d’équipements modernes freinent l’évolution de ce secteur, comme l’a constaté l’ABP ce vendredi 12 septembre 2025 dans plusieurs quartiers du sud de Bujumbura.

Selon Augustin Ntibarusiginyuma, maroquinier-cordonnier exerçant au musée vivant de Bujumbura, de nombreux artisans s’improvisent cordonniers sans formation préalable. « La plupart travaillent uniquement avec une aiguille à cordonner et du fil de lin. Ils se limitent à des réparations de fortune, souvent sans tenir compte des techniques professionnelles ni de l’anatomie du pied. Cela peut causer des problèmes de confort, voire des boitements », a-t-il expliqué.

L’artisan souligne également que le manque de machines modernes nuit à la qualité des finitions et à la régularité des coutures. A titre de comparaison, il indique que dans les pays voisins comme le Kenya, l’Ouganda ou la Tanzanie, le métier de cordonnier est plus avancé grâce aux formations spécialisées dont bénéficient les artisans.

Cependant, des perspectives positives se dessinent. Ntibarusiginyuma a révélé qu’un projet de formation est en cours de préparation, avec l’appui du gouvernement burundais en partenariat avec le COMESA. Ce programme visera à renforcer les compétences locales dans la fabrication de chaussures, à stimuler la production nationale et à réduire la dépendance aux importations, contribuant ainsi à préserver les devises du pays.

Concernant les difficultés d’accès aux équipements modernes, il a rappelé que certaines machines industrielles peuvent coûter jusqu’à 20 millions de francs burundais, un investissement hors de portée pour la majorité des cordonniers. « Avant de penser à acquérir une telle machine, un artisan doit s’assurer de pouvoir en tirer une rentabilité suffisante », a-t-il précisé.

Il estime que la formation permettra non seulement d’améliorer les compétences techniques, mais aussi d’augmenter la productivité et la qualité des produits. Interrogé sur la préférence des Burundais pour les articles importés, il affirme que cette tendance peut changer si les artisans locaux proposent des chaussures de bonne qualité, esthétiques, solides et originales. « Le cuir est disponible localement grâce à des usines comme AFRITAN. Tout dépend désormais du savoir-faire de nos artisans », a-t-il insisté.

Ntibarusiginyuma encourage les Burundais à privilégier les produits en cuir fabriqués localement, réputés plus durables que certains articles importés. Il invite également les cordonniers à s’engager dans la voie de la formation pour se professionnaliser et ainsi gagner la confiance des consommateurs.