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L’ingérence constitue un défi majeur qui gangrène la chaine pénale selon Maitre Minani

ByAdministrateur

Jan 17, 2022

BUJUMBURA, 17 jan (abp) – L’Association Action for Justice and Equity in Burundi (AJEBU-GENDERINGINGO) a organisé vendredi 14 janvier 2022, à Bujumbura, un atelier de sensibilisation à l’endroit des acteurs de la chaine pénale (Magistrat et OPJ) de la province de Bujumbura et Bujumbura mairie, qui s’est tenu sous le thème « Analyse de l’impact du projet d’Appui à la justice pénale : Bonnes pratiques, défis et recommandations ».

Dans une interview accordée à la presse à la sortie de cet atelier, Me Salvator Minani, Représentant légal adjoint de l’AJEBU-GENDERINGINGO a fait savoir que cet atelier s’inscrit dans la suite des activités du projet d’assistance judiciaire aux personnes nécessiteuses des deux provinces.

Il a également fait remarquer que cet atelier a été organisé dans la perspective d’une évaluation, étant donné qu’un autre similaire avait été, précédemment, organisé à l’endroit de ces mêmes personnes.

Me Minani indique qu’il est satisfait des pas déjà franchis mais qu’il est déçu, en même temps, par certaines fautes qui se commettent toujours. « On est satisfait en quelque sorte mais on est aussi déçu parce qu’il y a des bavures qui se répètent toujours », déplore-t-il.

Il indique qu’au cours d’une descente effectuée sur terrain, certaines fautes commises par certains acteurs de la chaine pénale se remarquent toujours. Ici, il évoque principalement le dépassement de délais de garde à vue (GV), la mise en garde à vue des mineurs, arrestation par des personnes sans qualité, la non-assistance par un conseil et la non information des droits au suspect. Il y a aussi et surtout le non enregistrement ou enregistrement tardif du suspect, l’absence du dossier, déplacement de délais de garde à vue ou de mesures alternatives aux poursuites (MAP).

Le représentant légal adjoint de l’AJEBU-GENDERINGINGO reconnait quand-même que la formation précédemment organisée à l’égard de ces intervenants dans la chaine pénale a enregistré un impact positif. « L’impact pour nous c’est qu’évidemment il y a eu des intervenants dans la chaine pénale qui ont eu connaissance de la loi applicable de par cette sensibilisation que nous faisons toujours et qui, maintenant ont changé de comportement, ce qui est un atout très important pour nous et si on devrait continuer dans le même sens nous pensons que les choses vont changer », a-t-il mentionné.

Il est, par ailleurs, revenu sur certains défis majeurs qui gangrènent la chaine pénale, en l’occurrence le problème logistique où il est très difficile au niveau du déplacement des prévenus ou des détenus, carence au niveau du matériel bureautique (papiers, photocopieuse) pour photocopier un dossier et le transmettre mais aussi et surtout le manque de moyens téléphoniques pour appeler l’autorité hiérarchique.

Selon Me Minani, l’ingérence constitue un autre défi non négligeable : « Il y a aussi un autre défi qui est fondamental, c’est l’ingérence de la hiérarchie où il y a des coups de téléphones qui viennent pour donner des instructions », déplore-t-il. A tous ces défis déjà évoqués s’y ajoute l’ignorance de la loi qu’il qualifie du « non moindre ».

S’agissant des pistes de solution, Me Minani a indiqué que les solutions sont multiples et les personnes qui doivent intervenir sont multiples aussi. Pour ce qui est de la logistique, il a signalé que c’est l’Etat qui doit intervenir en premier lieu qui doit chercher des bailleurs. Il a cité aussi les Organisations non gouvernementales (ONGs) et les organisations de la société civile qui œuvrent dans le domaine doivent s’y mettre, a-t-il constaté.

Il estime, par contre, que la formation et la sensibilisation constituent, en elles-mêmes, l’une des meilleures solutions à l’ingérence des personnes qui sont en dehors de la chaine pénale : « il y en a ceux qui s’ingèrent parce qu’ils ne savent pas là où se trouve la limite de leur pouvoir. Il y en a d’autres qui le font de mauvaise foi, tout en sachant qu’ils n’ont pas droits de le faire, a-t-il poursuivi ».

En ce qui concerne l’AJEBU-GENDERINGINGO, il fait remarquer que les membres de ladite association vont continuer à intervenir aux cotés des personnes nécessiteuses et surtout les vulnérables, mais aussi toquer chez les partenaires techniques et financiers qui puissent apporter la pierre angulaire à l’édifice.

                                                                           Vue partielle des participants à l’atelier