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Le secteur touristique burundais frappé de plein fouet par la Covid-19

BUJUMBURA, 30 mars (ABP) – Le tourisme est toujours perçu comme un secteur à fort potentiel de croissance, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté. Cependant, la Covid-19 a entraîné la décadence de l’économie touristique Burundais.

Calamité sanitaire, mais aussi et surtout, véritable virus financier pour les entreprises en général et du tourisme en particulier, la Covid-19 a fini aujourd’hui par paralyser l’économie touristique où le tourisme international a sensiblement chuté.

Ailleurs, sous d’autres cieux, pour résister aux conséquences provoquées par la Covid-19 sur le tourisme, d’autres pays avaient adopté la promotion du tourisme intérieur comme mode de riposte un mode de résistance qui n’a probablement pas réussi à satisfaction au Burundi, étant donné que les Burundais n’ont pas, en eux, la culture touristique.

Au Burundi, les pertes ont été énormes en témoigne les statistiques fournies par le directeur-général de l’Office national du tourisme (ONT) M. Serges Nimubona qui montrent, bel et bien, que le nombre des touristes qui ont visité les différents sites touristiques depuis l’explosion de la pandémie s’est rétréci en peau de chagrin. Il s’exprimait jeudi 20 janvier 2022, lors d’une conférence de presse qu’il avait animée à l’endroit de la presse burundaise.

En effet, en 2019 environ 2.613.605 touristes étrangers ont pu visiter les différents sites touristiques disponibles au moment où environ 15.812 touristes locaux ont pu visiter ces lieux.

Pour l’année 2020, on enregistre 555.859 touristes étrangers contre 22.749 locaux qui ont visité différents sites touristiques.

Par ailleurs, M. Audace Ndabahawe, Directeur général de Gisabo Tours une entreprise opérant dans la promotion du tourisme affirme que cette pandémie de Corona virus a été pour eux à la fois une opportunité et un défi. « Pour nous, ça été un défi mais aussi une opportunité, a-t-il fait remarquer. La Covid-19 a été un défi en ce sens qu’elle a bloqué les touristes internationaux étrangers qui ne pouvaient plus se déplacer vers le Burundi.

Cependant nous avons profité de cette situation pour booster le tourisme intérieur en stimulant la population burundaise à pouvoir consommer les produits locaux », a-t-il mentionné. Il indique que n’eût été la Covid-19, les Burundais n’auraient pas eu l’esprit de découvrir les beautés du Burundi. M. Ndabahawe s’exprimait en février dernier en marge d’une rencontre avec ses clients potentiels et réels qu’il avait organisée en vue d’un éventuel échange d’expérience.

« Avant la pandémie ce n’était pas si facile d’intéresser les Burundais, a-t-il fait remarquer. Ils se déplaçaient aisément en se rendant dans les pays étrangers pour découvrir d’autres lieux. Mais aujourd’hui à cause de la Covid-19 ils ne peuvent pas se déplacer et n’ont pas d’autres choix. C’est ainsi que « nous les avons proposés ces services touristiques et ils ont accepté ».  Ils ont fini par découvrir que le Burundi dispose des beautés à vendre, à communiquer et à mettre sur le marché international », a-t-il déclaré.

Depuis le 07 au 18 janvier 2022, le président de la République du Burundi M. Evariste Ndayishimiye avait jugé bon de mettre à profit son congé en faveur de la promotion du tourisme intérieur où il a visité des hauts lieux touristiques du Burundi.

A cette occasion, le Chef de l’État avait réitéré son appel aux opérateurs économiques locaux et étrangers à investir massivement dans le tourisme, qui est, selon lui, un secteur à haut potentiel et porteur de croissance économique.

Par ailleurs, en plus des intérêts économiques, le président Ndayishimiye voit dans la promotion du tourisme intérieur un bon moyen de booster la fierté nationale. Il avait, par conséquent, fait remarquer que cette tournée touristique est aussi une démarche patriotique qui participe à la transmission des connaissances et valeurs culturelles.

Ici, M. Ndabahawe apprécie positivement cette initiative prise par le chef de l’Etat et appelle d’autres hautes autorités à lui emboiter le pas. « C’est une initiative que nous avons appréciée beaucoup en tant que promoteur du tourisme au Burundi. », a-t-il apprécié tout en estimant que ce geste posé par le président de la République va sans nul doute pousser des gens à investir dans ce secteur.

Selon toujours M. Ndabahawe, c’était un moment opportun pour le chef de l’état de se rendre compte, lui-même, des défis majeurs auxquels fait face le secteur touristique burundais. Il espère, en revanche que le chef de l’Etat va miser sur ces défis afin d’entreprendre des actions allant dans le sens de les relever. « Là je mentionne les infrastructures routières qui sont en mauvais état, l’aménagement des sites touristiques et d’autres actions qui vont de pair avec le développement de ce secteur », a-t-il précisé.

Quant à la population burundaise qui n’a pas la culture touristique en elle, ce promoteur du tourisme lance un appel pressant : « L’appel que je peux lancer à la population burundaise c’est de contribuer d’une manière ou d’une autre pour la promotion de ce secteur étant donné qu’il y a plusieurs moyens de contribuer ». Ici il indique qu’on peut se rendre dans ces lieux touristiques mais également parler les beautés du Burundi, comme un territoire ayant des beautés à vanter.

Selon le baromètre de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le confinement pratiquement total imposé en réponse à la pandémie a entraîné une chute de 98 % du nombre de touristes internationaux en mai 2020 par rapport à 2019.

Le Baromètre montre également une baisse de 56 %, d’une année sur l’autre, des arrivées de touristes au cours de la période allant de janvier à mai. Cela se traduit par une chute de 300 millions de touristes et 320 milliards d’USD de pertes en termes de recettes du tourisme international, soit plus du triple des pertes au niveau des recettes du tourisme international enregistrées pendant la crise économique mondiale de 2009.

Le Secrétaire général de l’OMT, M. Zurab Pololikashvili indique, quant à lui, que ces chiffres montrent clairement combien il est important de faire redémarrer le tourisme dès qu’il est sûr de le faire. Par ailleurs, il fait remarquer que l’effondrement du tourisme international met en danger les moyens d’existence de millions et de millions de personnes, notamment dans les pays en développement.

M. Audace Ndabahawe