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Le développement dépend des initiatives louables de la femme rurale

ByAdministrateur

Mar 29, 2023

BUJUMBURA, 28 mars (ABP) – « Le développement de la famille et de la communauté dépend des initiatives louables de la femme rurale », a souligné la directrice de la promotion de l’autonomisation de la femme et de la promotion de la fille au ministère de la solidarité nationale, des affaires sociales, des droits de la personne humaine et du genre, Mme Claudine Ahishakiye, au cours d’une interview qu’elle a accordée mardi le 28 mars 2023 à l’ABP.

Mme Ahishakiye a fait remarquer que la population burundaise est constituée de plus de 52% de femmes dont 80% sont des femmes rurales qui s’occupent en grande partie de l’agriculture et de l’élevage. La femme rurale s’occupe également des enfants, de l’hygiène, de la propreté de ses enfants et des habits de son mari, ainsi que d’autres travaux ménagers. Cette surcharge l’empêche de s’orienter dans d’autres secteurs de développement comme le commerce, l’artisanat, la politique, pour ne citer que ceux-là, selon elle.

Mme Ahishakiye a, en outre, déploré que la femme rencontre beaucoup de défis dans la réalisation de ses activités, surtout ceux qui sont liés à la culture burundaise qui ne lui permettent pas de s’épanouir dans ses initiatives d’auto-développement et de développement de son pays. Elle n’a pas non plus le pouvoir de décider sur la gestion de la production, a-t-elle poursuivi.

Etant donné que le gouvernement du Burundi ne cesse d’inciter la population à travailler en coopératives, Mme Ahishakiye a fait savoir que le ministère ayant le genre dans ses attributions continue à sensibiliser les femmes à s’associer en coopératives car, a-t-elle signifié, le travail en solo ne permet pas à la femme de s’épanouir. « Si le budget le permet, le ministère en charge du genre poursuivra son ultime mission de renforcer les capacités des femmes qui se regroupent en coopératives, au niveau technique, matériel et financier ainsi qu’au niveau de la protection et de la pérennisation des acquis », a-t-elle rassuré.

Selon le responsable du bureau provincial du mouvement associatif et coopératif en province Bubanza, Édouard Nzambimana, la femme est certes le pilier du développement et un substitut du chef de la famille à son absence. Il a, par ailleurs, signalé avoir accueilli, depuis le début de l’année 2022, beaucoup d’associations féminines qui sont actuellement estimées à 87% grâce à la création de la Banque d’investissement pour le développement de la femme (BIDF). Selon lui, la province Bubanza compte actuellement plus de 50 coopératives féminines déjà enregistrées. Il a ajouté que 39 coopératives féminines ont déjà soumis leurs dossiers de demande de crédits à la BIDF dont 9 qui ont déjà décroché des crédits pour mettre en œuvre leurs projets dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, l’artisanat, le commerce et bien d’autres.

« Aujourd’hui, 20 ou 30 femmes se mettent ensemble et usent de leurs compétences et forces dans l’élaboration d’un projet de développement qui, à son tour, génère de revenus qui les aident à épargner et à subvenir aux besoins familiaux », a fait remarquer M. Nzambimana tout en soulignant que les femmes de la province Bubanza ont compris que l’union fait la force, si l’on prend en compte le rythme de formation des associations féminines par rapport à celui des associations masculines.

Cependant, ce responsable du mouvement associatif en province Bubanza déplore que ces associations ou coopératives rencontrent des difficultés pour accéder à la BIDF de par son emplacement et ses exigences, étant donné que la majorité des membres de ces dernières n’ont pas pu passer au banc de l’école ou terminer les études. Il déplore également que même si les associations ou coopératives féminines deviennent de plus en plus nombreuses, le nombre de celles ayant déjà accédé aux crédits auprès de la BIDF laisse à désirer.

Il a demandé à la BIDF de revoir et réduire les documents exigés comme l’a fait le Programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes (PAEEJ), de donner une réponse aux demandeurs des crédits dans une courte durée, de mettre en place des agences de la BIDF dans toutes les provinces du pays et de travailler en étroite collaboration avec les responsables administratifs du pays, plus particulièrement ceux des bureaux provinciaux des mouvements coopératifs et associatifs.

Rencontrée sur place dans son champ en train de sarcler les haricots, Mme Jeannette Nzigirabakina de la colline et commune Musigati en province Bubanza a indiqué à l’ABP que la femme rurale s’implique davantage dans des travaux champêtres et ménagers par rapport à son mari qui sort le matin et rentre le soir.

Elle a, à cet effet, indiqué que le défi majeur que rencontre la femme rurale est la fatigue car, elle travaille d’arrache-pied depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil sans ignorer, qu’elle doit s’occuper du bien-être de sa progéniture.

Mme Kamvune et sa fille, en train de planter les boutures des patates douces

Mme Nzigirabakina a été corroborée par Marie Kamvune, une femme rurale rencontrée en plein travail en train de planter les boutures de patate douce sur la colline Kayange de la commune Musigati, qui n’a pas mâché les mots en soulignant que dans un ménage sans femme, le développement est presqu’impossible.

A toutes fins utiles, Mme Nzigirabakina demande le renforcement des capacités en agriculture moderne pour accroître le rendement parce que, a-t-elle expliqué, la population consommatrice devient de plus en plus nombreuse par rapport à la population productrice. Elle demande également l’approvisionnement en semences sélectionnées, en fertilisants, en outils d’irrigation dans les marais ainsi qu’en produits phytosanitaires.