BUJUMBURA, 22 sept (ABP) – La volonté politique et populaire reste l’un des moyens les plus sûrs pour accélérer le processus d’émergence économique d’un pays, a souligné le consultant international Hicham El Moussaoui du Think-Tank marocain (Groupe de réflexion privé qui produit des études sur des thèmes de société au service des décideurs), à l’occasion de l’ouverture officielle du Burundi Economic Summit 2023 tenu la semaine dernière, à Bujumbura, par le Centre for Development and Enterprises (CDE) Great Lakes, en collaboration avec l’Agence de développement du Burundi (ADB) et la Chambre fédérale du commerce et de l’industrie du Burundi (CFCIB).
Selon ce consultant international, la bonne gouvernance, la stabilité politique et sociale, le leadership éclairé et la mobilisation tous azimuts de la population doivent prendre le devant quant à l’initiative du pays pour son émergence, afin de devenir, par la suite, un pays développé.
Il a indiqué que le retard d’émergence d’un pays est lié à des problèmes au niveau du système politique, des capacités institutionnelles de l’Etat, de la corruption, de la gestion politique, administrative et macroéconomique ainsi qu’à l’instabilité politique et sociale. D’autres problèmes se trouvent au niveau du capital humain, des inégalités sociales quant à l’accès aux services de base tels l’eau, l’électricité et l’éducation, a-t-il ajouté.
Concernant le Burundi, M. Moussaoui a signalé que l’indice d’émergence en Afrique montre que le Burundi occupe la 46ème place sur 54 pays, avec un score de 38%, d’où il est placé dans le groupe des pays qui sont très en retard dans le processus d’émergence.
Même si le Burundi a enregistré des progrès au niveau quantitatif, a-t-il poursuivi, la qualité du capital humain n’est pas satisfaisante, de même que la qualité de l’enseignement supérieur malgré les investissements louables du gouvernement du Burundi.
Le consultant Moussaoui a fait savoir que pour y remédier, il faut adopter une stratégie qui consiste à donner plus de liberté d’actions au secteur privé pour qu’il soit au cœur du processus d’émergence. Au lieu de stimuler les entreprises publiques, il faudrait soutenir les entreprises privées, a-t-il souligné, appelant ainsi à un climat favorable des affaires, à réduire la pression fiscale et le harcèlement réglementaire, et à améliorer la qualité de la gouvernance. En deuxième lieu, il faut qu’il y ait un investissement dans le capital physique, c’est-à-dire, dans les infrastructures. M. Moussaoui a expliqué qu’en principe, toutes les routes devraient être goudronnées, et que toutes les infrastructures devraient être entretenues car, à défaut, tout l’investissement peut être perdu quitte à ce que l’on soit obligé de commencer à zéro.
Il a ensuite souligné que le pays devrait investir dans le capital humain à travers l’amélioration de la qualité de l’éducation supérieure, en offrant des formations compétitives sur le marché d’emplois et reflétant les besoins de l’économie burundaise.
Selon ce consultant, si l’on veut se positionner sur l’agriculture, il faut, par exemple, développer des Lycées agricoles comme l’ont fait les pays développés. Il a expliqué que les pays qui ont réussi à développer leurs économies l’ont fait grâce à la formation et à la recherche. Ils ont mis en place des écoles spécialisées pour l’agriculture et ont financé la recherche agricole.
Il a indiqué que pour attirer beaucoup des investisseurs étrangers qui vont créer des emplois au Burundi, il faut améliorer le cadre réglementaire et légal, et leur donner des garanties les assurant que leurs capitaux seront protégés. Il faut donc la qualité des lois, moins de pression fiscale, la légèreté et la flexibilité des réglementations, il faut s’ouvrir sur le monde comme l’a fait la République populaire de Chine, et profiter des expériences des autres, a-t-il explicité.
Il a, par ailleurs, donné un exemple sur le Maroc, son pays d’origine, où dans la région de Tanger, il y avait au départ trois ou quatre entreprises œuvrant dans le secteur de l’automobile, mais aujourd’hui il y a cinq cent entreprises de montage des véhicules automobiles grâce au climat favorable des affaires.
A la question de savoir si le Burundi sera un pays émergent d’ici 2040, M. Moussaoui a répondu positivement. Faisant référence au pays asiatiques des années 1950-1960, en l’occurrence la Corée du sud où les gens avaient un seul repas par jour, il a révélé qu’il y avait des pays qui étaient plus pauvres que le Burundi d’aujourd’hui où les gens peuvent manger deux ou trois fois par jour.
« Si un pays se dit pauvre aujourd’hui, il peut devenir un pays émergent à condition qu’il adopte les bonnes stratégies et qu’il dispose des leaders éclairés qui travaillent pour l’intérêt général », a-t-il conclu.