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Présentation par la CVR du rapport d’étape pour l’exercice 2018-2022

ByAdministrateur

Sep 25, 2023

 BUJUMBURA, 19 sept (ABP) – Le président de la Commission vérité et réconciliation (CVR), Pierre Claver Ndayicariye, a présenté le lundi 18 septembre 2022 à l’hémicycle de Kigobe, devant le parlement réuni en congrès, le rapport d’étape pour l’exercice 2018-2022 sur le passé douloureux qu’a connu le Burundi, depuis la colonisation allemande jusqu’en 1972-1973.

Après le visionnage du film montrant toutes les activités déjà réalisées sur terrain pendant le 1er mandat des membres de la CVR, M. Ndayicariye a fait savoir que cette commission a suffisamment mené des enquêtes sur les crimes commis contre les Burundais à l’époque coloniale allemande (1896-1916), ainsi qu’à l’époque coloniale belge (1916-1962). Il a souligné qu’à partir de ces enquêtes,  la CVR accuse les pouvoirs coloniaux de commettre 12 crimes contre le peuple burundais.

Il s’agit d’envahir le Burundi et de le mettre sous le joug colonial, de déshonorer les parents quitte à ce qu’ils soient chicotés avec nudité devant leurs enfants, de discriminer les hommes au sein du gouvernement du pays tout en confiant les fonctions aux jeunes délinquants, et de semer la division aux Burundais, ce qui a occasionné des tueries ainsi que la création des noms ethniques à savoir Abahutu, Abatutsi et Abatwa.

A ces crimes ci-haut cités, s’ajoutent la destruction du royaume du Burundi, le mépris de la culture et des mœurs burundaises, l’intégration forcée des Burundais dans la nouvelle religion coloniale, la mise à l’écart d’une partie des Burundais au sein du gouvernement en privilégiant les Burundais qui étaient devenus les alliés des colonisateurs dans la destruction du pays, etc.

Les générations présentes et futures doivent savoir que les Allemands et les Belges ont une lourde dette envers elles, car, a signifié M. Ndayicariye, ce sont les colonisateurs qui ont détruit le pays et qui ont divisé les Burundais pour régner. Selon lui, les racines profondes des conflits ethniques au Burundi sont liées aux injustices sociales, aux discriminations et au rôle joué par les colonisateurs et les missionnaires.

En outre, la CVR considère que les différents procès antérieurs à 1972, qui ont fauché de nombreux cadres civils, politiques et militaires du groupe ethnique Bahutu et  le procès contre les putschistes Batutsi Banyaruguru de 1971, ont occasionné des violations graves et massives des droits de l’homme au Burundi, en particulier celles de 1972-1973.

Quant à la qualification juridique des crimes, le président de la CVR a signalé que la commission a l’obligation de qualifier les crimes qui ont été commis au Burundi sur base des lois tant nationales qu’internationales en consultation avec les experts et les historiens. Par exemple, l’assassinat de l’aumônier général de l’armée en 1964, Mgr. Gabriel Gihimbare natif de la province Gitega, a été qualifié de crime d’Etat, tandis que l’assassinat du premier ministre Pierre Ngendandumwe le 15 janvier 1965 a été qualifié d’assassinat à mobile politico-ethnique.

Dans la même optique, les commanditaires et les exécutants du crime d’assassinat du roi Ntare V Charles Ndizeye, se sont rendus coupables de crime d’enlèvement, de torture, d’assassinat, de traitement inhumain et dégradant, d’exécution extrajudiciaire et de mutilation de cadavre. Ce crime s’inscrit dans le cadre des violations massives des droits de l’homme que la CVR a déjà qualifiées de génocide contre les Bahutu du Burundi, de crime contre l’humanité commis contre les Bahutu à travers tout le pays, de crime contre l’humanité commis contre les Batutsi et de crime contre l’humanité commis contre les Batwa (Mwaro et Muramvya) car, a expliqué M. Ndayicariye, l’exécution de Ntare V rentre dans le déclenchement du génocide de 1972-1973, d’où ce crime commis contre lui a été qualifié de crime contre l’humanité.

Parmi les défis rencontrés, le président de la CVR a indiqué n’avoir pas mis en place des représentants de la CVR au niveau provincial suite au manque des moyens. Il a également fait savoir que certains détenteurs de la vérité n’ont pas pu parler ouvertement, et que d’autres se trouvent à l’étranger. Il a souligné que les travaux se poursuivent jusqu’à ce que la vérité commune soit connue.

Il a demandé aux Burundais à se dire la vérité et à se pardonner mutuellement car, a-t-il expliqué, qui veut guérir une maladie l’affiche. Il a interpellé tous ceux ont commis des crimes au Burundi ou les commanditaires, qu’ils soient à l’intérieur du pays ou à l’étranger, de demander pardon avant que la mort ne les emporte.

Il a enfin demandé au gouvernement burundais, de s’asseoir ensemble avec le royaume de Belgique pour qu’il récompense le Burundi et la famille du prince Louis Rwagasore, de mettre en place un monument national, des monuments provinciaux et communaux en mémoire de toutes les victimes des crises antérieures, et de demander pardon publiquement en raison du principe sacré de la continuité de l’Etat.

Les membres des chambres basse et haute du parlement burundais ont remercié la CVR pour ledit rapport présenté en détail. Ils ont promis de soutenir la CVR jusqu’à ce que la mission lui confiée soit terminée. Ils ont validé et adopté ce rapport par la sortie d’une déclaration conformément à la constitution de la République du Burundi. Signalons que la CVR a déjà écrit 52 livres  avec 19 000 pages au total, sur enquêtes déjà menées.

Vue partielle des parlementaires