BUJUMBURA, 7 nov (ABP) – Le ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA, en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), a lancé officiellement, lundi le 6 novembre 2023, à Bujumbura, le concours médias sur l’élimination de la fistule obstétricale au Burundi.
Dans son allocution de lancement du concours organisé sous le thème « Non aux fistules obstétricales (End Fistula), le directeur adjoint du PNSR, M. Vianney Rukanura, a révélé que la maladie des fistules obstétricales est une réalité au Burundi. Il a invité les professionnels des médias à jouer pleinement leur rôle de sensibiliser la population sur ses conséquences, en vue de l’éviter et de l’éradiquer jusqu’à 0 fistule obstétricale au Burundi.
Rukanura a signalé que le Gouvernement du Burundi, en collaboration avec ses partenaires dans le secteur de la santé, a mis en place le centre Urumuri en province Gitega (centre du pays), pour traiter cette maladie. Les activités de ce centre visent à mettre en œuvre la politique du gouvernement du Burundi pour les soins de santé de la reproduction et la vision du 5ème objectif du développement millénaire à savoir la bonne santé et le bien-être pour tous.
Pour l’année 2022, a-t-il précisé, parmi les femmes qui ont été traitées au centre Urumuri, 94% ont bien guéri, déplorant par ailleurs que parmi ces femmes, il y a des jeunes femmes et filles de moins de 20 ans. Les études montrent que les enfants de ces dernières sont susceptibles de mourir pendant l’accouchement, a-t-il ajouté.
« Nous voulons que les professionnels des médias apportent leur soutien remarquable au ministère en charge de la santé en préparant des émissions sur la lutte contre cette maladie, pour que toute la population sache comment l’éviter, qu’il est interdit de discriminer la fille ou la femme atteinte par cette maladie et que la patiente sache où se diriger pour des soins car elle est traitable et curable », a-t-il insisté tout en rappelant que l’union fait la force.
Pour sa part, le délégué du représentant résident du FNUAP au Burundi, Dr Kacou Pierre Konan, a fait savoir que le FNUAP est très content d’être au côté du ministère en charge de la santé publique à travers son PNSR pour lancer ce concours médias, afin de promouvoir la lutte contre les fistules obstétricales à travers tous les canaux de communication des médias.
Il a fait remarquer qu’au Burundi comme ailleurs, la maternité est souvent un moment de bonheur, mais que pour certaines femmes, elle est synonyme de mort, de souffrance, de handicap comme la fistule obstétricale qui est une complication directement liée à l’accouchement difficile et prolongé, parfois pendant plusieurs jours.
Il a, par ailleurs révélé que 9 femmes sur 10 accouchent grâce à un personnel qualifié et que le ratio de mortalité maternelle reste cependant encore élevé, c’est-à-dire, sur 100000 naissances vivantes, il y a 334 femmes qui perdent la vie.
Il a expliqué que la fistule obstétricale, communément appelée maladie de l’arrière-cour, se caractérise par la perte permanente des urines avec/ou sans les matières fécales chez la femme ou chez la jeune fille. Elle peut s’accompagner par une atteinte à la santé mentale du fait de la stigmatisation, de l’isolement ainsi que du rejet familial et de la communauté. « La persistance de la fistule obstétricale est une tragédie, mais l’espoir persiste car, elle est évitable, traitable et curable », a-t-il souligné.
Dans sa présentation sur la fistule obstétricale, Mme Josiane Nijimbere du PNSR a fait savoir qu’il existe trois types de fistules obstétricales, à savoir la fistule uro-génitale qui est une communication entre les voies urinaires et génitales, la fistule recto-vaginale qui est une communication entre le rectum et le vagin entraînant les pertes permanentes des selles par le vagin ainsi que les fistules mixtes, c’est-à-dire des pertes à la fois des selles et des urines.
Les principaux facteurs de la fistule obstétricale sont les mariages et les grossesses précoces, le cas d’une femme de petite taille (taille inférieure à 1,50 m), le rétrécissement du bassin ou le bassin déformé, le gros fœtus par rapport au bassin de la femme, le fœtus malformé par exemple l’hydrocéphalie (grosse tête remplie d’eau), l’analphabétisme, la pauvreté et les croyances erronées.
Cette maladie a également des conséquences non négligeables au niveau de la victime et de la société. Il s’agit de l’incontinence urinaire et/ou fécale chronique, le divorce ou abandon, la discrimination, la stigmatisation, l’isolément, la honte, la perte d’espoir, le rejet, l’infection, tandis 62% des bébés qui naissent dans de telles circonstances, décèdent, a déploré Mme Nijimbere.
Corroborant la présentation faite par Mme Nijimbere, la chargée de programme Santé de la reproduction au FNUAP, Dr Yolande Magonyagi, a demandé l’implication de tout un chacun dans l’éradication tous azimuts de cette maladie.
Concernant le concours proprement dit, la chargée de communication au FNUAP, Mme Queen Belle Monique Nyeniteka, a précisé que ce concours est ouvert à tout journaliste œuvrant au Burundi et reconnu par le Conseil national de la communication (CNC). Toutes les langues de diffusions sont acceptées. La date butoir est le 26 novembre 2023 et le dépôt des dossiers de candidature se fera en ligne. Les termes de référence sont publiés sur tous les canaux de communication du FNUAP (UNFPA LinkedIn, Facebook et X), a-t-elle clarifié.