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La fistule obstétricale, n’est pas une malédiction, selon une patiente guérie de cette maladie

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Nov 22, 2023

BUJUMBURA, 22 nov (ABP) – La fistule obstétricale est une perforation entre le vagin et la vessie et/ou le rectum, due à un travail prolongé lors de l’ accouchement,  sans accès à un traitement médical rapide et de qualité, a indiqué  Dr Joëlle Bigirimana, Médecin Directeur de la Province Sanitaire de Bubanza, dans une interview accordée à l’ ABP, mardi, le 21 novembre 2023, lors d’ une descente sur terrain effectuée en province sanitaire de Bubanza.

Cette maladie provoque des fuites d’urine, de matières fécales ou les deux chez les femmes et les filles,  et entraîne souvent des problèmes médicaux chroniques dont la dépression, l’isolement social voire la mort, l’aggravation de la pauvreté, en l’absence de traitement.

Selon Dr Bigirimana, cette maladie est une réalité dans la Province sanitaire de Bubanza, en se basant sur le nombre de celles qui se font consulter.

Concernant les stratégies utilisées pour identifier ces cas de fistule, elle précise que les prestataires et les agents de santé communautaires sont outillés pour identifier et sensibiliser à la fistule obstétricale. S’il y a des cas où les prestataires ne sont pas bien équipés, une autre équipe du programme national de santé reproductive (PNSR), intervient  pour confirmation.

Dr Joëlle Bigirimana rassure également que la maladie est traitable et guérissable si toutes les femmes peuvent venir à temps dans les formations sanitaires pour des consultations prénatales, diagnostiquer leur bassin et voir si elles peuvent accoucher normalement ou non.

La province sanitaire de Bubanza ne dispose pas de centre de traitement de la fistule obstétricale et si une femme souffrant de cette maladie est identifiée, on contacte les techniciens de santé  du PNSR pour faciliter le déplacement et le séjour de ces femmes au centre Urumuri de Gitega.

Selon Dr Bigirimana, la province sanitaire de Bubanza mène souvent  une campagne de sensibilisation pour que toutes les femmes connaissent les signes et les dangers de cette maladie.

Les personnes guéries doivent être acceptées au niveau communautaire car, parfois elles sont stigmatisées, ajoutant que la population doit aussi être consciente que la fistule obstétricale est une maladie traitable.

Le coordonnateur chargé de la promotion de la santé au Bureau provincial de la santé (BPS) de Bubanza, Athanase Nzeyimana a déclaré que par rapport à la  première année d’accueil des patientes atteintes de fistule obstétricale, on peut dire qu’il y a eu une réduction de cette maladie dans la province sanitaire de Bubanza car, celles qui se rendent à temps au centre Urumuri de Gitega, se rétablissent complètement.

Chaque année, la Direction provinciale de la Santé (BPS) organise un dépistage volontaire de cette maladie et les cas enregistrés  sont envoyés au centre Urumuri de Gitega pour y être soignés.

La province de Bubanza compte 461 sous-collines  et chaque sous-colline dispose d’un agent de santé communautaire qui collabore avec les points focaux travaillant au niveau communal.

Selon M. Nzeyimana, à son tour, le centre Urumuri organise des descentes sur terrain pour s’enquérir de la situation des personnes soignées en vue de voir si elles sont complètement guéries.

Il y a celles qui guérissent complètement tandis que chez d’autres on constate qu’il y a récidive de la maladie  suite au non-respect des conseils reçus au centre de traitement,   a-t-il  ajouté.

Les agents de santé communautaires  sont invités aussi à redoubler d’efforts en matière de sensibilisation pour que la population connaisse les signes de cette maladie et respecte la planification familiale avec au moins deux ans d’intervalle après  chaque naissance.

Mme Dévote est une femme qui souffre de fistule obstétricale et qui a développé par la suite une maladie mentale. Lors d’une visite sur le terrain en compagnie de l’agent de santé communautaire sur la  colline Musigati, Espérance Girukwishaka,  nous avons rencontré cette maladie mentale sur les rives de la rivière Nyesiha, en train de  préparer de la nourriture.

Mme Girukwishaka, a fait savoir qu’il est impossible d’emmener cette femme au centre Urumuri, car, chaque fois qu’on vient  la chercher pour la soigner,  elle   refuse.

Au cours de cette descente, nous avons rencontré  aussi Mme Stéphanie Nsavyimana une femme âgée de 49 ans, guérie de la maladie de fistule obstétricale.

                                        Mme Stéphanie Nsavyimana, guérie de la fistule obstétricale

Elle a raconté qu’elle a attrapé la maladie à 47 ans et est restée cachée dans sa maison. « Pendant cette période de maladie, mon mari m’a abandonnée et jusqu’à aujourd’hui je ne sais pas où il est, il y a environ 3 ans. Personne à l’extérieur n’était au courant de mon cas.», a-t-elle indiqué.  Elle a, par ailleurs, révélé qu’elle a subie deux opérations chirurgicales en provinces Bubanza et Cibitoke qui, malheureusement, n’ont pas  réussi.  « Apres ce parcours désespéré, j’ai été informée de l’existence du centre Urumuri de Gitega par l’agent de santé communautaire. Par la suite, je me suis rendue à ce centre qui m’a opérée avec succès. J’y ai été hospitalisée pendant deux mois et ma maladie est désormais guérie. »

Mme Nsavyimana remercie vivement le centre Urumuri de Gitega, qui s’est même chargé de la ramener chez elle, après le traitement.

Suite à l’absence de son mari,  elle a dû vendre presque tous les biens familiaux pour se construire une maison, afin de quitter la maison de location, malheureusement, elle n’a pas les moyens pour acheter les portes. « Actuellement, je suis occupée à subvenir aux besoins de mes enfants et je témoigne que je suis complètement guérie et que je n’ai aucun signe de cette maladie.»

                                               Espérance Girukwishaka, un agent de santé communautaire

Mme Nsavyimana appelle les autres femmes qui ont cette maladie à se rapprocher du centre de traitement Urumuri de Gitega pour se faire soigner à temps, avant que la maladie ne s’aggrave et appelle les hommes à ne jamais stigmatiser leurs femmes dès qu’ils voient qu’elles ont cette maladie, mais, plutôt de les accompagner au centre de traitement. La fistule obstétricale n’est pas une malédiction, dit-elle,  mais une maladie curable comme les autres.

Mme Girukwishaka, l’agent de santé communautaire de la colline Musigati, a déclaré que ce n’est pas facile d’identifier ces patientes car,  la plupart d’ entre elles se cachent.

Elle met en garde les femmes qui accouchent régulièrement sans repos, qu’il y a  une grande probabilité d’attraper la fistule obstétricale. Elle les a appelées à mettre en œuvre la planification familiale, en utilisant des méthodes contraceptives. Mais parfois, la croyance religieuse empêche la sensibilisation à la planification familiale, a-t-elle déploré.   Abp          dnt/cn      NOV 23