• ven. Nov 22nd, 2024

ABP - Agence Burundaise de Presse

Grenier de l'information au Burundi

La fistule obstétricale est une maladie traitable et curable

ByAdministrateur

Nov 30, 2023

CANKUZO, 22 nov (ABP) – La fistule obstétricale est une maladie traitable et curable. Elle est une réalité en province Cankuzo comme dans les autres provinces du pays, a déclaré le médecin directeur du bureau provincial de santé, Dr Frédéric Faustin Irambona  lors d’une interview qu’il a accordée à l’ABP mardi le 21 novembre 2023.

Dr Irambona, ayant également suivi la formation en diagnostic et traitement de la fistule obstétricale, a indiqué que la pathologie en soi est une lésion qui entraîne une communication anormale entre le vagin et la vessie.

Il a précisé que la fistule obstétricale  est due aux mariages et grossesses précoces et est plus fréquente chez les femmes de moins de 20 ans. Elle arrive lors de l’accouchement fait en l’absence des prestataires de santé, ou du travail prolongé pendant l’accouchement. Celui-ci entraîne l’ischémie des parties de la vessie et de l’utérus, ce qui favorise la communication entre l’utérus et la vessie, a-t-il expliqué. Il a ajouté que parmi les causes de cette lésion, il y a les cancers et les maladies congénitales où les os du bassin ne sont pas bien en forme.

Dr Irambona a également signalé que les erreurs techniques lors des césariennes, les cancers, ou les traumatismes de viol, peuvent aussi entraîner la pathologie de la fistule obstétricale.

Cette maladie se manifeste entre autre par l’écoulement incontrôlable des urines, le mélange de sang des règles avec les urines qui passent tous dans le vagin et/ou les urines avec des selles.

En province Cankuzo, a souligné le médecin directeur du bureau provincial, la fistule obstétricale est fréquente beaucoup plus chez les femmes rurales. Il a signifié que les centres de santé peuvent être éloignés de leurs localité, d’où la possibilité de procéder à l’accouchement à domicile.

Pour faire face à cette maladie dangereuse dans la communauté, Dr Irambona a exhorté les femmes qui présentent des signes pareilles à ceux qu’on vient de citer à sortir de la solitude et saisir les établissements sanitaires qui leurs sont proches.

Il a affirmé que la majorité des prestataires des centres de santé et les agents de santé communautaire sont au courant des signes de cette maladie. Il a profité de l’occasion pour les interpeller à signaler immédiatement les cas des femmes qui les présentent pour être référées au Centre Urumuri de Gitega en vue de suivre le traitement et d’ajouter que tous les services en rapport avec le traitement de cette maladie sont gratuits.

Mme RN (appelé ainsi pour garder son anonymat), ayant été victime de cette maladie a témoigné : « Il y’a trois ans, après avoir accouché par césarienne pour le 2e enfant à l’hôpital de Cankuzo, les docteurs ont jugé bon que je reste alité pendant deux semaines pour le suivi. J’avais de l’écoulement incontrôlé des urines à tout le temps, ce qui n’a donné aucun soulagement. C’est par après qu’on a décidé de me référer au Centre Urumuri de Gitega, où les diagnostics ont montré la présence de la fistule obstétricale ».

Puisqu’elle venait de mettre au monde, les opérations chirurgicales étaient impossibles. C’est pour cette raison qu’on l’a demandé de retourner dans sa famille et attendre trois mois. A son retour, a-t-elle indiqué, elle a subi une opération chirurgicale et on l’a administré des comprimés pour le traitement de cette maladie qui a disparu par la suite.

D’après RN, la vie sexuelle en période de cette pathologie n’était pas possible. Elle affirme que son mari l’a accompagné pendant cette période difficile. Elle a déclaré : « A la maison,  mon mari ne m’a jamais humilié, je restais isolé de peur d’être agressée par mes voisins car, c’était honteux. Je ne voulais pas que les voisins soient au courant de mon problème. Imaginez-vous, se lever devant une personne avec des écoulements permanents des urines dégageant des mauvaises odeurs ! »

Toutefois, elle affirme avoir compris qu’elle se trompait. Elle conseille plutôt les autres femmes ayant les signes de cette maladie, à oser se présenter aux établissements sanitaires pour bénéficier des soins à temps.

Mme Léonie Sibomana de la colline Mubavu, en commune Bweru de la province Ruyigi affirme être voisine d’une femme ayant guéri de la fistule obstétricale, après avoir suivi des traitements au Centre Urumuri de Gitega. Elle a indiqué que sa maladie a été révélée après une longue durée d’isolement à la maison. Cette dame a eu la chance d’être visité par certains agents de santé communautaire qui ont décidé de l’envoyer au Centre Urumuri, après avoir entendu les signes qu’elle présentait. De son retour, après avoir été guérie, elle a raconté ce qui lui est arrivé disant que les urines mélangées de selles coulaient du vagin.

Le responsable du forum des femmes sur la colline Kabuga de la commune Cankuzo, Mme Agrippine Semahenja affirme, elle aussi qu’une femme fistuleuse peut être guérie lorsqu’elle est traitée, témoignant qu’une femme de sa colline a souffert de la maladie à l’âge et qu’actuellement elle est en bonne santé.

Mme Rénilde Majambere, agent de santé communautaire au niveau de la communauté des Batwa, dans leur site situé sur la colline Gatungurwe de la même commune soutient les propos de Mme Semahenja appréciant la collaboration avec l’administration et les agents de santé communautaire dans la sensibilisation des femmes à exposer les signes de cette maladies au lieu d’ être dans l’isolement et de faire des consultations prénatales pour le bien-être de leurs familles.

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), on estime environ deux millions de cas de fistule obstétricale non traités au monde, dont  la plupart est en Asie et en Afrique subsaharienne.

En 2003, une agence des Nations Unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive UNFPA et ses partenaires ont procédé au lancement de la campagne mondiale d’élimination de la fistule obstétricale dans 55 pays, avec une vision de sa prévention et traitement mais également la réinsertion et l’autonomisation des victimes de cette lésion.

Notons que la journée internationale d’élimination de fistule obstétricale est célébrée le 23 mai de chaque année.