CIBITOKE, 14 mars (ABP) – La Commission nationale pour la vérité et la réconciliation (CVR) a effectué mercredi le 13 mars, au chef-lieu de la province Cibitoke (nord-ouest du Burundi), une descente de travail pour donner des informations et échanger sur les résultats de ses enquêtes en rapport avec les tueries de 1972.
Le vice-président de la CVR, M. Clément Nziza, a fait savoir que la mission principale de la CVR est d’enquêter sur le passé sombre du Burundi pour connaître la vérité et éclairer les Burundais qui doivent bâtir leur pays sur la vérité et la réconciliation effective.
Selon des enquêtes de la CVR, des intellectuels de l’ethnie hutue ont été tués, dans plusieurs coins du Burundi, mais aussi des responsables tutsis ont été tués, surtout au sud du pays, a-t-il indiqué. Les victimes de ces massacres ont été enterrées ici et là, tantôt dans des fosses
communes, jetées dans des rivières, ou dans la nature.
Parlant du jugement des auteurs de ce génocide qui tarde à venir, le vice-président de la CVR a précisé que ce genre de crime reste toujours condamnable, et que rien ne va empêcher à la justice de juger et prononcer son verdict, même si l’auteur ne serait plus en vie. Sur le fait que les participants ont déploré que la CVR a retrouvé peu de fosses communes en province Cibitoke alors que beaucoup de gens y ont été massacrés, dans la plaine comme dans les montagnes, M. Nziza a répondu que peu de fosses communes ont été repérées dans cette province car il y avait peu de maisons d’habitations à l’époque, ce qui signifie que pas mal de victimes pouvaient être jetées dans les rivières, d’autres conduites et ici et là et leurs corps laissés dans la nature se décomposer. Il a également fait savoir que des fois, on ne creusait pas très profond, ce qui favorisait les ruissellements d’emporter des corps ou de les déterrer. D’autres corps étaient enterrés à quelques centimètres de profondeur.
D’après le commissaire Pascal Niyonkuru, la CVR n’était pas obligée d’ouvrir toutes les fosses communes, elle procédait plutôt à des exhumations éventuelles. Toutefois, a-t-il poursuivi, la CVR fait tout pour connaître les effectifs des victimes de ces massacres, peu importe où elles ont été enterrées, car elle a même trouvé des fosses communes creusées dans certaines localités qui n’ont pas été utilisées.
Comme la province Cibitoke faisait partie de l’arrondissement de Bubanza, certains responsables auraient été conduits à Bubanza et y seraient enterrés, a-t-il signalé.
L’objectif principal de la CVR est de connaître toutes les victimes de ces événements sanglants parce qu’il y a des Burundais qui se sont réfugiés ailleurs, dans d’autres pays, ou qu’on a retrouvés par après alors qu’ils étaient enregistrés parmi les portés disparus, a déclaré M. Niyonkuru.
Toute l’équipe de la CVR a convergé pour dire que le but ultime est de mettre au grand jour la vérité malgré que des habitants de telle ou telle autre province aient leur particularité et perception envers la CVR.