BUJUMBURA, 14 juin (ABP) – L’université du Burundi en collaboration avec l’International Fertilize Development Company (IFDC), a organisé un forum de deux jours sur la dolomie et l’acidité des sols au Burundi, à l’intention des parties prenantes dans le secteur de la gestion de l’acidité des sols dans le cadre d’échanges et de concertation sur cette problématique qui constitue un des facteurs limitant la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Burundi.
Le recteur de l’université du Burundi Prof Dr Audace Manirambona a, dans son discours d’ouverture, indiqué que le sol burundais constitue le premier capital productif de l’agriculture. De ce fait, la protection et la gestion durable de ce capital «sol» constitue un enjeu prioritaire et majeur pour prétendre augmenter les rendements agricoles et les revenus, et améliorer de manière durable les conditions de vie des ménages ruraux agricoles. Dans ce même contexte, a-t-il expliqué, la grande partie des sols du Burundi sont dégradés par l’acidification très dénaturés en bases (CA, Mg, et K), très bourrés en aluminium et pauvres en éléments nutritifs. Cette alarmante analyse a été récemment confirmée par une étude cartographique conduite par l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) sous financement du projet PAGRIS de l’IFDC. Cette étude relève que 73% des sols du Burundi sont acides.
D’après Prof Dr Manirambona, l’acidité du sol est un problème généralisé sur le territoire du Burundi sauf dans la plaine de l’Imbo et dans les dépressions du Nord. « Cependant, nous devons être conscients que, même dans les régions les moins touchées aujourd’hui, l’effet des changements climatiques récurrents pourrait les affecter dans l’avenir ».
Il a, à cet effet, signalé que la réaction du sol est d’autant plus grave qu’elle conduit une série de contraintes à la croissance, la productivité et la production des plantes, aussi bien en terme quantitatif que qualitatif. Elle affecte aussi autant les propriétés chimiques, physiques et biologiques des sols.
Elle a entre autres conséquences de l’indisponibilité des éléments nutritifs, la toxicité des métaux et leur solubilité, à l’exemple de l’aluminium, du fer et du manganèse, l’inhibition de l’activité microbienne doublée de celle du fonctionnement optimal des cycles biogéochimiques comme cycles du carbone, de l’azote, du phosphore, du soufre et des microéléments.
Le directeur de la fertilisation des sols au ministère en charge de l’agriculture, Venant Sibomana qui a fait une présentation sur l’utilisation de la dolomie au Burundi, a lui aussi souligné que l’acidité des sols est un problème réel et commun pour la majorité des sols du Burundi, d’où la dégradation des sols et les pertes de rendement. La correction de cette acidité qui affecte un sur quatre (1/4) des sols du Burundi consiste à la promotion de l’utilisation de la fumure organique et de la dolomie ainsi que la mise en œuvre de la politique antiérosive. La dolomie est subventionnée actuellement à un taux de 73,7% dans le cadre du Programme national de subvention des engrais au Burundi. Il a précisé que les quantités de dolomie distribuées au cours des 5 dernières années sont passées de 9 tonnes à 38 000 tonnes par an tout en rappelant que la distribution de la dolomie se fait à chaque saison agricole suivant le calendrier établi par le ministère charge de l’agriculture au niveau de 368 zones de distribution dans le pays qui représentent 93% de toutes les zones administratives du pays. Parlant des défis majeurs rencontrés dans le secteur de dolomie, M. Sibomana a cité le retard dans la distribution, le manque d’investisseurs, la pénurie du carburant ainsi que l’insuffisance de partenaires dans ce secteur. Pour relever ces défis, il a appelé tous ceux qui ont des moyens d’y investir pour que la distribution de dolomie par rapport au calendrier agricole soit à temps. Aux agriculteurs burundais, ils sont interpellés à utiliser la dolomie en mélangeant avec du fumier (amase y’i kirundi) pour fertiliser leurs champs enfin d’augmenter la production.