LILLESTROM, 27 juin 2025-Le 20ème Forum sur la gouvernance de l’Internet (IGF) s’est officiellement clôturé vendredi 27 juin 2025 à Lillestrøm, en Norvège, a-t-on constaté sur place. Des voix influentes ont lancé un appel urgent à l’action pour combler la fracture numérique, lutter contre la mésinformation et la désinformation, et veiller à ce que l’intelligence artificielle se développe dans le respect des droits humains et des principes éthiques. Les messages de Lillestrøm issus de l’IGF réaffirment la vision collective des parties prenantes mondiales, en proposant des recommandations et des pistes de réflexion qui orienteront les politiques publiques dans les années à venir.
Le Forum sur la gouvernance de l’Internet (IGF) de cette année a accueilli une participation de haut niveau des gouvernements, en particulier ceux d’Afrique et du Sud global, aux côtés de représentants de grandes entreprises technologiques telles que Meta, OpenAI et TikTok. L’acteur et producteur Joseph Gordon-Levitt a également pris part aux échanges, en abordant les dimensions créatives et éthiques de l’intelligence artificielle. Grâce à son format inclusif et multipartite, l’IGF a offert une plateforme de confiance favorisant un dialogue ouvert et une coopération sur les enjeux numériques les plus urgents au niveau mondial.
Dans son discours de clôture, Li Junhua, Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des affaires économiques et sociales, a souligné qu’à l’approche de la révision du mandat du Forum sur la gouvernance de l’Internet (IGF) par l’Assemblée générale en décembre prochain, « nous avons une occasion cruciale de réaffirmer et de revitaliser le rôle de l’IGF en tant que lieu mondial du dialogue inclusif et des politiques numériques ». Il a également insisté sur le fait que « le déploiement sûr et sécurisé des technologies numériques est une responsabilité partagée, et une priorité essentielle, pour la communauté multipartite mondiale. Nous devons en être à la hauteur », a-t-il déclaré.

Organisé sous le thème général « Construire ensemble la gouvernance numérique », le Forum a proposé plus de 260 sessions réparties sur cinq jours. Les échanges ont porté sur des enjeux majeurs tels que la gouvernance des données, les technologies émergentes, la cybersécurité, la connectivité universelle, l’intelligence artificielle, etc. les droits numériques et l’avenir de la coopération numérique à l’échelle mondiale.
« Nous sommes fiers que l’édition 2025 du Forum sur la gouvernance de l’Internet, accueillie en Norvège, ait posé des bases solides pour le processus WSIS+20 (Sommet mondial sur la société de l’information (World Summit on the Information Society) à venir. Le maintien, la pérennisation et le renforcement du mandat de l’IGF seront essentiels pour façonner l’avenir de la gouvernance numérique mondiale. J’adresse ma profonde gratitude à tous les acteurs qui ont pris part à des échanges riches et constructifs ici en Norvège, et qui ont largement contribué à la réussite de cet IGF 2025. », a pour sa part déclaré Åsmund Grøver Aukrust, ministre norvégien du développement international.

Quand la résilience trace le chemin vers l’inclusion numérique
Lors de cette cérémonie de clôture Jacqueline Jijide a ému l’auditoire. Originaire du Malawi, elle s’est exprimée sous la casquette de la représentante des jeunes. Dans un discours sincère, elle a incarné les défis quotidiens auxquels sont confrontés les jeunes du Sud global lorsqu’ils veulent participer aux discussions mondiales sur la gouvernance numérique.
Jacqueline a raconté son périple de plus de 1 800 kilomètres en bus pour obtenir un visa à Pretoria. Quatre jours de voyage, une panne, de la fatigue, mais une détermination inébranlable. « J’ai voyagé avec les jambes gonflées, mais le cœur en feu », confie-t-elle. Ce feu, c’est celui de la lutte pour l’équité numérique.
Jacqueline raconte qu’elle n’est pas venue pour elle seule. Elle porte les voix de millions de jeunes encore exclus du numérique, notamment dans les zones rurales. Elle témoigne qu’elle a découvert l’Internet à l’université, une rencontre tardive qui a changé le cours de sa vie. Elle mentionne qu’elle est aujourd’hui formatrice en inclusion numérique, mentore plus de 10 000 jeunes, et ambassadrice de la jeunesse au sein de l’African Digital Inclusion Alliance. En plus, elle soutient activement 16 écoles primaires, où elle initie les enfants aux compétences numériques de base. Son objectif : transformer l’Internet en levier d’émancipation, mais pas d’exclusion.
« Je crois que chaque jeune mérite de découvrir son but, et qu’un Internet sûr, ouvert et inclusif peut l’aider », a-t-elle conclu, citant Myles Munroe. A travers son témoignage, Jacqueline a rappelé que derrière chaque « inclusion numérique » se cache un visage, une histoire, une bataille.

Tout au long de la semaine qu’a durée le Forum, les participants ont souligné l’urgence de faire face aux défis croissants du paysage numérique. Beaucoup se sont inquiétés de l’érosion de la confiance numérique, fragilisée par la propagation rapide de la désinformation, des fake news et des contenus malveillants. L’émergence de l’intelligence artificielle générative facilite la création de contenus trompeurs mais crédibles, accentuant les risques, en particulier pour les jeunes, de plus en plus dépendants des plateformes numériques pour s’informer et interagir.