BUJUMBURA, 7 mars (ABP) – Le Centre d’alerte et de prévention des conflits (CENAP) a organisé, jeudi le 6 mars 2025, à Bujumbura, un forum national sous le thème, « Importance de la gestion des traumatismes pour gagner le pari du développement et de la paix durable au Burundi », à l’endroit des différentes parties prenantes tant publiques que privées.
Dans son mot de circonstance, le directeur général de la coordination des Organisations non gouvernementales (ONGs) et de la promotion des libertés publiques au ministère de la l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, Désiré Nitunga, a indiqué que ce forum était une bonne occasion de s’asseoir ensemble en tant que représentants des différents secteurs du pays pour écouter les activités réalisées par le CENAP en collaboration avec les populations de certaines communes du pays. Ces activités, a-t-il poursuivi, étaient centrées sur l’accompagnement de la population dans la guérison des traumatismes souvent causés par le passé douloureux qu’a connu le Burundi. Le CENAP connaît déjà qu’une fois que ces traumatismes sont guéris, cela constitue un levier du développement et de la paix durables car, a-t-il expliqué, le pays bénéficierait d’une main forte qui contribue beaucoup à l’augmentation de la production, dans le cadre d’une mise en œuvre effective de la vision Burundi, pays émergent en 2040 et développé en 2060.
Nitunga a, à cet effet, rassuré que le ministère en charge de l’intérieur ne ménagera aucun effort pour apporter son soutien aux organisations comme le CENAP, qui travaillent conformément aux lois et qui accompagnent la population qui est en train de travailler acharnement pour la réalisation de la vision 2040-2060. « Le ministère ayant l’intérieur dans ses attributions reconnaît bel et bien que la gestion des traumatismes revêt un caractère urgent pour que les traumatismes que portent pas mal de Burundais au quotidien soient guéris, » a-t-il signalé.
La directrice du CENAP, Libérate Nakimana a indiqué que ce centre travaillait dans le cadre de la consolidation de la paix. Le programme du CENAP se base sur deux axes principaux: le dialogue inclusif et la recherche d’actions participatives, a-t-elle fait remarquer. Concernant le dialogue inclusif, le CENAP échange avec les Burundais de toutes les catégories sociales et de tous les groupes sociaux. « Nous réfléchissons ensemble pour identifier les sources potentielles de conflits, » a-t-elle ajouté. Elle a signalé que parmi les réalisations du CENAP, figuraient la mise en place des groupes de dialogue permanents entre les jeunes et les membres des partis politiques, ainsi que des groupes de dialogue permanents entre les leaders communautaires dans les provinces d’intervention comme Ngozi, Makamba, Bujumbura et Gitega.
« Si aujourd’hui, nous nous sommes focalisés sur la gestion des traumatismes, spécialement ceux dus au passé douloureux que le pays a connu depuis son indépendance jusqu’en 2015, c’est que ces crises laissent les Burundais avec des traumatismes. Or, une personne sans santé mentale saine, c’est une personne qui ne peut participer ni à la vie du pays, ni à la vie de lui-même ou de son ménage, » a expliqué Nakimana.
Selon elle, c’est pour cette raison que le CENAP a réuni toutes les parties prenantes pour les informer quant aux résultats déjà collectés sur terrain chez les victimes de ces crises du passé. « Si une personne traumatisée est accompagnée pour qu’elle soit totalement guérie, il est facile pour elle de participer à la vie citoyenne, communautaire, et au développement, » a-t-elle martelé.
Au sujet des interventions du CENAP au niveau communautaire, Serges Ntakirutimana et Désiré Tuyishemeze œuvrant pour ce centre, ont indiqué que parmi les victimes qui se sont entretenues avec le CENAP, une d’entre elles était sur le point de se suicider, tandis qu’une autre victime a confié au CENAP que les jours des scrutins électoraux, elle logeait à la frontière pour traverser plus facilement en cas de différend. « Maintenant, toutes ces victimes sont à l’état normal et nous les avons accompagnées en leur donnant des formations sur l’entrepreneuriat pour leur auto-développement, » ont-ils rassuré.
Pour sa part, le directeur du Centre diocésain de communication (CEDICOM), Abbé Dieudonné Nibizi, qui a fait une présentation sur l’importance de la gestion des traumatismes au Burundi et expériences d’ailleurs, a fait savoir qu’une personne traumatisée n’avait pas confiance envers tout le monde, ne pouvait pas réaliser un projet à long terme car, a-t-il expliqué, elle s’occupait seulement de la vie quotidienne. Certaines personnes traumatisées le sont à cause de ce qu’elles ont fait dans le passé, a-t-il fait remarquer.
Au cours de la séance d’échanges sous la facilitation du Dr Achel Niyonizigiye, consultant en leadership et gouvernance, les intervenants ont reconnu que la majorité de la population burundaise était traumatisée suite aux crises du passé, aux situations sociales, conjugales, familiales, communautaires, et économiques.
Constatant que la guérison des traumatismes est un enjeu multidimensionnel qui nécessite des efforts coordonnés et des ressources adéquates, les participants ont proposé qu’il y ait l’intégration de la prise en charge des traumatismes occasionnés par le passé douloureux du Burundi dans les priorités nationales pour la paix et le développement.
Signalons que ce forum national a connu la participation des différents représentants des institutions du pays; des responsables des médias, des administratifs et des collaborateurs du CENAP issus des provinces, entre autres, Muyinga, Kayanza et Gitega; des représentants des confessions religieuses et de la société civile; des représentants des psychologues et bien d’autres.
