BUJUMBURA, 17 mai (ABP) – Le conseiller à la Direction générale de la Promotion de la femme et de l’Egalité du genre au ministère de la solidarité nationale, des Affaires sociales, des Droits de la personne humaine et du Genre, M. Jacques Ndihokubwayo a annoncé que certaines victimes des violences sexuelles et celles basées sur le genre ne se présentent pas aux services de prise en charge, au cours d’une interview qu’il a accordée à l’ABP, le 13 mai 2022 à Bujumbura.
Selon M. Ndihokubwayo, les VBGs sont une réalité au Burundi parce que des cas se présentent aux services de prise en charge à travers toutes les provinces du pays. Ils sont victimes de quatre types de VBGs dont les violences socioéconomiques plus particulièrement entre les conjoints qui touchent aussi bien les femmes que les hommes. Il a signalé des cas de violences psychologiques, les violences sexuelles, les violences physiques précisant aussi qu’on assiste à des débordements qui conduisent à des tueries. Selon M. Ndihokubwayo, on a constaté que les personnes vivant avec handicap se trouvent dans un état de vulnérabilité face à ces VBGs, expliquant qu’il y a certaines formes d’handicap qui ne permettent pas à la personne de pouvoir dénoncer le cas qui lui est arrivé. Il a donné l’exemple des sourdes muettes et d’autres types d’handicap qui ne permettent pas à ces personnes de faire des déplacements.
Pour cette catégorie de personnes, le ministère a organisé des sensibilisations à l’endroit de 250 sourdes muettes à travers tout le pays, pour qu’eux aussi connaissent les différentes formes de violences et les services disponibles, pour qu’une fois victimes des VBGs, ils bénéficient de l’assistance. Selon toujours M. Ndihokubwayo, les hommes sont victimes des VBGs dans une moindre mesure par rapport aux femmes, expliquant que les cas d’hommes qui sont reçus par les services de prise en charge sont moins nombreux parce que les hommes ont peur de les dénoncer.
Pour mettre fin aux VBGs, il a indiqué que la loi spécifique sur les VBGs prévoit l’implication de plusieurs acteurs dont l’administration, le ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida, le ministère en charge du Genre, le ministère de la Justice, le ministère de la Sécurité publique, la société civile, les ONGs locales et autres. Il a aussi précisé que des sensibilisations ont été faites pour expliquer à la population les différents types de VBGs, la loi y relative dans le sens de faire la prévention et indiquer les services de prise en charge dans tout le pays. Ce cadre du ministère ayant le genre dans ses attributions a profité de cette occasion pour inviter toute personne quel que soit son sexe, de dénoncer les cas des VBGs et s’adresser aux services de prise en charge pour bénéficier de l’assistance qu’il faut.
Selon les témoignages de Mmes Ancile Irakoze et Diane Nahayo, membres du groupement Twitezimbere de la commune Ntahangwa, zone Gihosha, il y a certaines filles et femmes qui sont victimes des violences sexuelles basées sur le genre qui n’osent pas dénoncer leur cas, de peur d’être discriminées par la société. Elles ont affirmé que certains auteurs intimident leurs victimes en se basant sur leur catégorie sociale. Concernant les violences physiques, elles ont témoigné qu’il y a des femmes qui sont fréquemment battues par leurs maris et qui n’osent pas se présenter chez les services habilités de peur d’être expédiées de leurs foyers ou d’être stigmatisées par la société. Selon elles, il y a des hommes qui ne donnent pas accès aux ressources familiales à leurs femmes, ce qu’elles considèrent comme des violences socio-économiques. Pour mettre fin aux VBGs, elles ont invité toutes les femmes et filles victimes des VBGs d’oser dénoncer ce qui leurs est arrivé.
Pour Ferdinand Ndikumamana vivant dans le quartier Taba de la commune Ntahangwa que l’ABP a rencontré, certains hommes et garçons sont victimes des VBGs de la même manière que les femmes et préfèrent se taire, parce que dans la tradition burundaise, l’homme est fort, il est le chef de ménage et doit être respecté. S’il subit une VBG, il a peur d’être discriminé par la société et préfère se taire. Selon M. Ndikumana, à force de se taire, on risque de développer d’autres pathologies alors qu’il y avait moyen de trouver solution. Lui aussi soutient la dénonciation des cas de VBGs.