BUJUMBURA, 7 déc (ABP) – Le président de la Commission vérité et réconciliation (CVR), ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, a animé le mercredi 7 décembre 2022, à Bujumbura, une réunion d’information sur les missions, les réalisations et les perspectives de cette commissions, à l’endroit des diplomates et des représentants des organisations internationales accrédités au Burundi, afin qu’ils comprennent l’histoire du Burundi, a constaté l’ABP sur place.
Dans son mot liminaire, le président de la CVR a indiqué que cette réunion d’information et de partage des résultats des activités de cette commission a été organisée pour que les membres de la communauté internationale représentés à Bujumbura sachent ce qui se fait au Burundi au niveau des missions confiées à la CVR. « Nous sommes une commission technique, née des accords de paix d’Arusha en Tanzanie », a-t-il fait remarquer.
M. Ndayicariye a rappelé que la principale mission de la CVR est de fouiller le passé pour comprendre la douleur, la souffrance et l’angoisse que portent de nombreuses familles burundaises qui ont perdu les leurs au cours des violations massives des droits de l’homme qu’a connues le Burundi.
Selon lui, la commission a une mission immense, lourde, complexe mais noble car, s’est-il exprimé, cette mission consiste à déterrer la vérité, à exhumer le passé violent, caché aux Burundais et au monde.
L’ambassadeur Ndayicariye a précisé que la mission de la CVR s’étale sur la période de 1885 jusqu’à 2008, c’est-à-dire depuis la conférence de Berlin et sur ce qu’elle a fait au Burundi.
Les enquêtes de la CVR ont débuté par l’année 1972 parce que, a-t-il expliqué, elle est considérée dans la mémoire des Burundais comme une année de la fracture communautaire la plus sanglante de l’histoire du Burundi.
« Nous avons vécu à huis clos une tragédie innommable, 50 ans de silence, 50 ans sans deuil, 50 ans sans oser dire la vérité, 50 ans de mensonge », a déploré le président de la CVR tout en soulignant que la CVR a aujourd’hui presque toutes les preuves qui montrent que ces violences ont été planifiées par le pouvoir de l’époque.
Il a, par ailleurs, fait remarquer que ni les historiens burundais ni les historiens étrangers n’ont écrit sur l’histoire tragique du Burundi, sur les fosses communes éparpillées à travers le pays et sur les arrestations des citoyens innocents en 1972-1973.
Au cours de la séance des questions-réponses, l’ambassadeur des Pays-Bas au Burundi, le Nonce apostolique au Burundi, Dieudonné Datonou et le représentant du président de la commission africaine pour la région des Grands lacs, M. Gonzague-Patrick H. Balagizi, ont voulu savoir comment la CVR travaille pour que ses activités soient acceptées par la société, la méthodologie utilisée dans l’accomplissement de la mission de la CVR, la collaboration qui existe entre la CVR et les confessions religieuses ainsi que les organisations tant régionales qu’internationales.
Le vice-président de la CVR, révérend Clément Noé Ninziza a fait savoir que la CVR est une commission qui travaille dans la diversité de par sa composition. « L’histoire burundaise était mal connue par la population mais, la CVR a pris l’option de vulgariser ses résultats recueillis devant la diversité des Burundais. Ces résultats sont considérés comme une information vraie », a ajouté la secrétaire de la CVR, Mme Pascasie Nzigamasabo.
Quant à la méthodologie utilisée par la CVR pour accomplir sa mission, Mme Nzigamasabo a souligné qu’il s’agit d’une méthodologie concertée et évolutive suivant la région.
Concernant la collaboration entre la CVR et les confessions religieuses, le président de la CVR a indiqué que l’on a déjà animé une réunion d’information sur « la réconciliation » à l’endroit de la société biblique où l’on conclut que la réconciliation est une marche divine, un effort de modestie et d’humilité.
M. Ndayicariye également signalé que la CVR a organisé deux journées de méditation avec les religieux où l’on a conclu que l’activité de cette commission inquiète ceux qui n’aiment pas la vérité, ceux qui ont caché la vérité, les auteurs encore en vie et les parentés des auteurs encore en vie.