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Les changements climatiques affectent les différents secteurs socioéconomiques de la vie nationale

ByAdministrateur

Juin 18, 2023

BUJUMBURA, 16 juin (ABP) – Au Burundi, les changements climatiques affectent les différents secteurs socioéconomiques de la vie nationale, a affirmé Jean Marie Sabushimike, Professeur à l’Université du Burundi dans le département des Sciences Géographiques de l’Environnement et de la Population (SGEP), dans une interview accordée à l’ABP, vendredi le 9 juin 2023 à Bujumbura, sur le thème « Impact des changements climatiques sur la vie socioéconomique de la population burundaise. »

Après avoir rappelé que l’économie burundaise est essentiellement agricole, cet expert en sciences environnementales a indiqué qu’au Burundi comme ailleurs, les changements climatiques affectent le secteur agricole. Il a expliqué que les événements météorologiques dont les déficits pluviométriques et les excès pluviométriques occasionnent des pertes en termes de production agricole.

Certaines maladies des plantes liées aux changements climatiques entraînent aussi la chute de la production agricole qui peut causer l’insécurité alimentaire, a-t-il souligné.

Selon M. Sabushimike, l’insécurité alimentaire peut être causée par la prolifération des insectes ravageurs dont la naissance est associée à la variation des paramètres climatiques comme l’humidité, la température du sol et les microorganismes qui changent d’activité.  Il a, en outre, indiqué que les aléas climatiques affectent beaucoup le secteur de la santé, l’un des principaux secteurs sensibles de la vie nationale. Il a signalé que le Burundi comme d’autres pays de la région, a connu certaines épidémies comme le paludisme associé à l’augmentation de la température. Cette dernière a entraîné la généralisation du paludisme qui, jadis, n’existait pas.

Le professeur Sabushimike a également signalé que les catastrophes naturelles dont les inondations, ayant entrainé le déplacement massif des populations, font qu’il y ait la présence des maladies pandémiques comme les maladies cutanées, les maladies des mains sales dont la dysenterie, le choléra, la méningite et autres : « La perte en vies humaines et la perte de la biodiversité sont certaines des conséquences liées aux changements climatiques que le Burundi enregistre. », a-t-il précisé.

Selon toujours cet expert en sciences environnementales, les changements climatiques affectent également le domaine des infrastructures en général. « Chaque fois qu’il y ait des glissements de terrain ou des fortes pluies occasionnant des inondations, ces dernières détruisent les maisons et d’autres infrastructures sociales comme les écoles, les routes, les hôpitaux et autres », a-t-il expliqué tout en ajoutant, que ces phénomènes déstabilisent la vie de la population en général.

S’agissant du secteur de l’énergie, il a précisé que l’assèchement des barrages et des rivières a perturbé l’approvisionnement en électricité dans les années passées. Ainsi, il a signalé que le recours au délestage qui s’observait dans le passé a occasionné des pertes énormes aux consommateurs de l’électricité pendant l’exercice de leurs activités génératrices de revenus.

Il a par ailleurs indiqué que le recours de la Regideso aux centrales thermiques qui consomment du carburant nécessitant des devises pour son importation, touche l’économie nationale.  Il en est de même pour les ressources en eau et sols nécessaires pour le développement économique et social du Burundi, qui sont soumises à de fortes pressions démographiques et à la surexploitation des terres, a-t-il poursuivi.

Dans le secteur de l’éducation, Sabushimike a donné l’exemple des inondations à Gatumba en commune Mutimbuzi, où les écoles ont été inondées, ce qui a perturbé les activités scolaires. Certains établissements scolaires ont constitué un endroit de refuge pour les victimes de ces inondations, a-t-il fait remarquer.

Pour ce faire, cet expert lance un appel vibrant aux décideurs politiques de veiller à ce que les différents Codes portant protection de l’environnement soient bien exploités. En outre, une synergie d’autres acteurs tels le secteur privé, la société civile, les médias est recommandé. La population en général est appelée au changement d’attitude en termes d’aménagement territorial, de consommation et de fécondité, expliquant que, plus la pression démographique sur l’environnement n’augmente, plus les impacts graves de changements climatiques ne se manifestent.

Mme Daphrose Minani et Mme Marie Kabanyana de la colline Mwendo de la commune Kayanza, de la province Kayanza ont affirmé au micro de Claude Ndayisaba, correspondant de l’ABP en cette province, que les effets néfastes liés aux changements climatiques sont réels.

Pour Mme Minani, « La récolte de la saison culturale A 2023 n’a pas été bonne suite au déficit pluviométrique qui s’était déclaré et qui a occasionné la chute de la production, d’où  la famine, la pauvreté, la hausse des prix des denrées alimentaires dans le pays».

Pour sa part, Mme Kabanyana a indiqué que les impacts négatifs liés au changement climatique dans la commune Kayanza se manifestent aussi à travers les inondations qui entraînent la destruction des infrastructures dont les maisons d’habitation et quelques fois des pertes en vies humaines. Il y a aussi des maladies pandémiques des animaux dont la fièvre de la  Vallée du Rift qui a entrainé la mort de plusieurs animaux domestiques mais aussi et surtout les maladies des plantes qui se manifestent dans certains cas, a-t-elle ajouté.

Les habitants du quartier Mugoboka de la commune Mukaza en mairie de Bujumbura se réjouissent du début des travaux de réhabilitation des berges de la rivière Ntahangwa. « L’effondrement des berges de la rivière Ntahangwa a occasionné un grand ravin qui tend à menacer certaines infrastructures publiques de cette localité. Certains habitants ont migré vers d’autres endroits parce que leurs maisons ont été détruites suite aux glissements des bords de la rivière Ntahangwa. Un autre phénomène de fissures qui détruisent les infrastructures tout en occasionnant d’énormes pertes se manifeste aussi sur l’autre rive de la même rivière, côté Mutanga Nord », ont témoigné les habitants de Mugoboka. Ces habitants déplorent qu’il y ait certains citoyens qui font l’exploitation anarchique des matériaux de construction dans cette rivière, ou ceux qui continuent à construire des maisons sans tenir compte des lois y relatives.

Le ravin de Mugoboka qui menace les infrastructures publiques