BUJUMBURA, 20 nov (ABP) – Sous l’égide du ministère de la Communication, des Technologies de l’Information (TIC) et des Médias, le groupement dénommé Centre d’Etude et de Recherche en Population et Développement (CERPED) du Burundi, en collaboration avec la société tunisienne SFM Technologies, a procédé mercredi le 20 novembre 2024, à Bujumbura, à la présentation du rapport de l’enquête nationale sur l’accès et l’utilisation du numérique, qui s’est déroulée du 29 avril au 17 mai 2024 sur tout le territoire du Burundi.
Dans son mot de circonstance, le secrétaire permanent du ministère ayant les TIC dans ses attributions, Ferdinand Manirakiza, a indiqué que la présentation avait pour objectif, de partager les fruits de cette enquête de terrain, qui a été effectuée par le groupement CERPED-SFM Technologies qui a gagné le marché. L’enquête dont il s’agit, a été menée auprès des ménages, des entreprises, des administrations publiques. Sans oublier les groupements communautaires du Burundi dont les tontines, les centres pour les jeunes, les centres pour les personnes en situations de handicap.
Il a ajouté qu’il s’agissait d’un atelier technique pour découvrir les résultats de cette étude qui aideront à mieux cerner les besoins, ainsi que les données, pour mesurer les progrès dans les différents domaines du numérique.
« Cette enquête nationale menée pour la première fois au Burundi, vise à déterminer le niveau d’accès et d’utilisation des services et des produits TIC dans le pays, ainsi que les perceptions des utilisateurs concernant la clarté et l’accessibilité financières des services numériques, » a fait remarquer Manirakiza.
Selon lui, les informations récoltées, serviront de base pour mieux appréhender les besoins et les orientations réellement souhaitées par les utilisateurs pour la promotion de l’e-administration, de l’e-gouvernement, de l’e-commerce, et d’orienter en conséquence les politiques de développement du secteur des TIC vis-à-vis des usagers.
Manirakiza a signalé que résultats issus de cette enquête, permettront également, entre autres, d’éclairer la conception et le ciblage des programmes d’accès numérique. Selon lui ces résultats visent aussi, à élaborer une nouvelle politique en matière de large bande, qui énonce les principes de base pour approfondir la réforme sectorielle favorable à la concurrence ; à soutenir la connectivité rurale ; à respecter l’égalité des sexes et le climat ; ainsi qu’à élaborer une nouvelle politique d’inclusion numérique.
« Ces résultats permettront ainsi, d’évaluer l’état de la pénétration des TIC dans la société burundaise. Ils permettront également la mise en œuvre de plusieurs activités et les objectifs de la vision Burundi, pays émergent en 2040 et pays développé en 2060, en particulier l’objectif 8 qui est en rapport avec le développement des services financiers et les TIC. Sans oublier aussi l’objectif consistant à améliorer les capacités institutionnelles de l’Etat pour le développement des compétences des cadres des administrations, la promotion des formations en cours d’emploi selon les besoins des administrations, et le développement de l’utilisation des nouvelles TIC ainsi que la digitalisation des services publics, » a-t-il fait remarquer.
Quant aux objectifs spécifiques de l’enquête, Ferdinand Manirakiza a fait savoir que cette dernière visait à mesurer l’accès aux terminaux des communications électroniques ; à identifier les besoins et les attentes des responsables au sein des organisations par rapport aux produits et services TIC ; à identifier les avantages perçus ; à identifier les objectifs d’accès aux service TIC ; à évaluer la fracture numérique liée au genre, à la catégorie socioéconomique et à l’espace géographique. Enfin, à mesurer le niveau de développement de digitalisation des activités des organisations tant publiques que privées.
Au cours de la présentation du rapport de l’enquête, le chef de mission du groupement CERPED-SFM Technologies qui a réalisé cette activité, Désiré Munezero, a indiqué que partant des résultats issus de cette enquête, un certain nombre de priorités réglementaires et technologiques se dégagent. Selon lui, certaines de ces priorités consistent en l’amélioration de l’infrastructure numérique, la réduction des coûts d’accès à internet, le développement des capacités institutionnelles et humaines, le renforcement du cadre règlementaire, ainsi que l’encouragement à l’innovation et à l’entreprenariat numérique.
Munezero a précisé que l’équipe de collecte des données était constituée de120 enquêteurs répartis dans 205 zones du pays.
Sur 4100 ménages, 820 groupements communautaires, 405 entreprises et 405 administrations publiques enquêtés, les enquêteurs ont constaté que 43% de la population possèdent des postes radios en milieu urbain contre 28% en milieu rural ; 2% en possession des téléphones fixes en milieu urbain seulement ; 53% en possession de téléphone mobile simple en milieu rural ; le milieu urbain dépasse 3 fois le milieu rural pour la population en possession des téléphones androïdes, tandis que le niveau d’utilisation des ordinateurs n’atteint même pas 1%.
Munezero a déploré que l’internet soit faiblement adopté par les entreprises en milieu rural. Il a également déploré que les gens n’adhèrent pas au payement en ligne de peur d’être arnaqués.
Il a, par ailleurs, révélé que l’économie numérique au Burundi est en émergence, mais qu’il reste à surmonter pas mal de défis. Parmi les défis évoqués, figurent la faible connectivité de l’internet dans certaines régions, le manque de ressources techniques, ainsi que le besoin de renforcer les compétences numériques pour créer un environnement propice au développement des TIC, et pour stimuler l’innovation et la compétitivité économique.
Les participants à cet atelier technique ont remercié le groupement CERPED-SFM Technologies, pour le travail qu’il a effectué. Néanmoins, ils ont proposé l’amélioration de cette étude en y insérant quelques volets dont la cyber-sécurité et la cybercriminalité. Ils ont profité de cette occasion pour relever les défis que rencontre la population, quant à la consommation des services offerts par les téléphones mobiles.
Après la séance des questions-réponses et des suggestions, le rapport de l’enquête sur l’accès et l’utilisation du numérique a été validé, moyennant l’intégration des recommandations qui ont été émises pour l’améliorer, et d’identifier les zones mal servies.
Il sied de signaler, que cette enquête avait été commanditée par le Projet d’appui aux fondations de l’économie numérique (PAFEN), sous le financement de la Banque mondiale.