BUJUMBURA, 8 mai (ABP) – Le Burundi a abrité le samedi 6 mai 2023, dans sa capitale économique, le 11ème Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement des pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RD Congo et la région.
Dans son mot de circonstance, le président de la RD Congo et président sortant du mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre, M. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a, d’emblée, exprimé sa gratitude à la République du Burundi et à son peuple, qui a accueilli les activités proprement dites dudit Sommet sous le thème « Le rôle des femmes et des jeunes dans la promotion de la paix et du développement pour une mise en œuvre efficace de l’Accord-cadre ».
Le président Tshisekedi a salué la présence physique du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), M. Antonio Guterres, pour ses efforts inlassables à la quête de la paix et la sécurité dans le monde en général et dans la région des Grands lacs en particulier.
Entrant dans le vif du sujet, M. Tshisekedi a révélé aux participants à ce Sommet de haut niveau, l’état alarmant de la situation sécuritaire dans la région des Grands lacs en général et dans l’Est de la RD Congo en particulier. « Ces dernières semaines, le peuple congolais a une fois de plus été endeuillé par des tueries massives notamment à Kizimba et à Karega dans le Masisi ainsi qu’à Kishishe dans le Rutshuru, dans la province du Nord Kivu, suite à l’activisme des groupes armés et terroristes sévissant dans la région. Aussi, le regard de tensions observées au Soudan, plus particulièrement à Khartoum, fait des victimes innocentes et des déplacés par milliers », a-t-il déploré.
Par la suite, le président sortant du mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba qui vient de passer 10 ans, a passé le flambeau de la présidence de ce mécanisme à son homologue burundais, Evariste Ndayishimiye, le président entrant. Il lui a souhaité plein succès tout en l’encourageant à s’armer de résilience et de justice dans cette haute responsabilité pour la deuxième décennie de ce mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Avant d’entamer son propos, le président de la République du Burundi et président entrant du mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre, M. Ndayishimiye a exprimé ses condoléances au Gouvernement et au peuple de la RD Congo et du Rwanda, endeuillés suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur leurs différentes provinces. Il a également présenté ses condoléances au peuple congolais, victime des violences commises au quotidien par les groupes armés qui sévissent dans ce pays.
Depuis que la RD Congo est devenue officiellement l’un des pays membres de la Communauté Est Africaine (EAC), cette communauté s’est naturellement impliquée pour contribuer aux efforts de pacification d’un pays frère, a fait remarquer le président Ndayishimiye, ajoutant qu’en plus des forces de la MONUSCO qui interviennent dans ce pays, des contingents de la force est-africaine s’y sont aussi déployés pour apporter leur contribution au retour et au maintien de la paix dans cette nation-sœur.
Abordant le thème choisi pour ce Sommet, le chef de l’Etat burundais a souligné que l’on doit capitaliser les atouts immenses que la région possède et les ressources humaines dont les femmes et les jeunes, qui occupent une place de choix pour la paix, la sécurité et le développement. « Au Burundi, les femmes jouent un rôle très important pour la stabilité du pays. Elles sont hautement représentées dans les institutions de l’Etat et sont soutenues dans les activités économiques. Quant aux jeunes, ils constituent une force transformatrice et l’avenir de notre pays », a exemplifié le président Ndayishimiye.
Il a, à cet effet, réitéré la ferme détermination du Burundi à tout mettre en œuvre pour contribuer significativement au retour de la paix et à la stabilité à l’Est de la RDC et de toute la région. Il a enfin souhaité que les discussions de ce 11ème Sommet aboutissent à des décisions et conclusions qui marqueront la nouvelle décennie de l’Accord-cadre en vue d’une paix, sécurité et développement durable dans toute la région.
Dans son intervention, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déploré que malgré les efforts collectifs déjà fournis, plusieurs centaines de groupes armés congolais et étrangers opèrent encore, menaçant ainsi la stabilité de l’ensemble de la région des Grands lacs. Il a, à cet effet, réitéré son appel envers tous ces groupes armés à déposer immédiatement les armes et à rejoindre les processus de démobilisation, de désarmement et de réintégration. Il a exhorté les responsables politiques et communautaires à en finir avec les discours de haine et d’incitation à la violence.
Pour sa part, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a fait remarquer que la détérioration du contexte sécuritaire et la montée des tensions à l’Est de la RD Congo inquiètent au plus haut point l’ensemble des pays de la région ainsi que les organisations régionales, continentales et internationales. Il a, par ailleurs, salué la pertinence de l’approche globale offerte par le processus de Naïrobi de l’EAC, en l’occurrence le déploiement de la force régionale de l’EAC, pour freiner l’escalade de la violence.
Selon l’envoyé spécial de l’Union européenne (UE) au nom des partenaires internationaux, ambassadeur Bernard Quintin, l’UE vise à appuyer les efforts fournis pour parvenir à une paix et une stabilité durable dans la région, à mettre fin, une fois pour toute, aux violences que subissent les civils, à assurer la sécurité et à restaurer la dignité des personnes qui vivent dans cette région, et enfin à faire de la région des Grands lacs le moteur de développement de tout le continent africain.
« Nous, femmes de la région, lançons un appel pour le renforcement de la mise en œuvre des politiques et du respect des législations visant à mettre fin à l’impunité pour la violence à l’égard des femmes et des filles ainsi que pour la prise en charge holistique des victimes et des survivantes », a martelé la présidente du Forum régional des femmes de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs, Dr Sabine Ntakarutimana. Elle a demandé d’associer pleinement les femmes dans le processus de redynamisation de l’Accord-cadre.
Signalons que la 1ère partie du 11ème Sommet des pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba a été suivie par une cérémonie de plantation d’arbres pour célébrer le 10ème anniversaire de cet Accord et une séance à huis clos des chefs d’Etat et de gouvernement et des chefs des délégations.