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ABP - Agence Burundaise de Presse

Grenier de l'information au Burundi

Le secteur formel des semences de qualité est encore faible

ByAdministrateur

Mai 31, 2024

BUJUMBURA, 24 mai (ABP) – A l’ occasion de la célébration de 50 ans d’existence du Centre international pour la fertilité des sols et développement agricole  (IFDC), l’IFDC Burundi a organisé jeudi, un forum national semencier à l’endroit des professionnels du secteur semencier. C’était  un cadre d’échange et de partage pour donner des contributions constructives nécessaires à l’aboutissement d’une sécurité alimentaire à travers une disponibilité continue des semences de qualité, abordables pour tous les agriculteurs du Burundi.

Dans son discours d’ouverture, le ministre de l’environnement, de l’ agriculture et de l’élevage M. Prosper Dodiko a d’ abord rappelé que le gouvernement a mis en avant l’agriculture pour qu’elle soit réellement un moteur de développement du Burundi et dans cette logique , jouer un grand rôle dans l’ atteinte de la vision 2040-2060. Il n’a pas oublié de mentionner que le gouvernement a décidé de donner une place importante au secteur privé.  Comme les semences se trouvent dans la catégorie des intrants agricoles comme les engrais, l’eau et autres, l’Etat et les acteurs du secteur privé doivent travailler ensemble pour voir comment avoir une disponibilité et une accessibilité durable des semences aux agriculteurs.

S’agissant de la santé des sols, il a fait remarquer que le constat est que le taux d’acide a augmenté ce qui entraîne la non disponibilité des éléments nutritifs que les plantes ont besoin. Selon lui, il est nécessaire de corriger l’acidité des sols par l’apport de la dolomie, ce qui permettra de faire une gestion intégrée de la fertilité des sols. Le ministère verra  aussi comment le pays puisse avoir des entreprises semencières qui ont la capacité de résister aux aléas climatiques et dans lesquelles le gouvernement peut adresser une demande. Il a donné l’exemple du PANAR, société semencière de la Zambie. Selon lui, le Burundi dispose des multiplicateurs de semences  qui n’ont pas la capacité de résister aux aléas climatiques. Le ministre en charge de  l’agriculture a fait savoir qu’une feuille de route concrète qui va conduire à la structuration de la demande des agriculteurs, à la structuration des multiplicateurs en société semencières spécialisées dans différentes cultures, en attaquant réellement les questions de la santé du sol est nécessaire pour arriver à la disponibilité et à l’accessibilité durable des semences.

Dans son discours,  le directeur pays de l’IFDC M. Marcel Nibasumba a fait savoir  que les 50 ans d’existence de l’IFDC ont été caractérisés par d’intenses activités sur la recherche et le développement à travers 4 axes principaux. Il a cité le développement des meilleures technologies, renforcement des marchés et la création d’un environnement favorable. Il a également signalé qu’à travers ces axes, les résultats attendus sont notamment l’amélioration de la santé des sols et de la nutrition des plantes en développant de nouveaux engrais, le développement des cultures résistantes au climat et  le développement des produits de haute qualité pour des producteurs et des consommateurs diversifiés.

Selon M. Nibasumba, au niveau du Burundi, pour atteindre ces résultats, on a privilégié la mise en place d’un partenariat public-privé (PPP).

Toutefois des défis persistent, a-t-il précisé, la souveraineté alimentaire à laquelle le Burundi  aspire sera conditionnée par une bonne gestion de l’offre et de la demande en semences de qualité. Cette gestion passe par une synergie de tous les acteurs de la chaîne de valeur incluant la règlementation  qui crée un climat favorable ; la recherche qui répond aux besoins exprimés, le secteur privé opérant dans un cadre compétitif, rentable et durable ; les services de vulgarisation qui émettent leur expertise au service des agriculteurs ; les agrodealers qui rapprochent le produit de qualité aux agriculteurs tout en étant profitable et des agriculteurs avec un meilleur rendement. Comme le secteur formel des semences de qualité reste faible (inférieur à 20%), il a promis que l’IFDC Burundi est déterminé dans la recherche des solutions durables pour un secteur semencier efficace et durable grâce à un appui coordonné sur les différents maillons de la chaine de valeur.

Dr Willy Irakoze de l’ISABU qui a fait une présentation sur l’évolution de la recherche scientifique et le développement d’une industrie semencière a fait savoir que le but d’une société semencière est d’augmenter sensiblement la qualité et la quantité des semences végétales et des animaux d’élevage performants, à usage interne et pour l’exportation. Il n’a pas manqué de relever certaines des contraintes qui se manifestent dans le secteur semencier au Burundi. Il a cité le budget de recherche qui est inférieur à 2% du budget annuel de l’État et le décaissement du budget ne concordant pas avec la saisonnalité agricole. Il a évoqué aussi les défis liés à l’insuffisance du personnel hautement qualifié, les laboratoires moins équipés et l’inexistence  d’un  laboratoire de génie génétique. Il a noté aussi l’insuffisance de variétés pour certaines cultures et un risque élevé en cas de dégénérescence, les  nouvelles variétés moins vulgarisées, des partenaires très réticents à accorder les fonds de recherche appliquée et autres.

Comme voies de sortie à ces problèmes,  le Dr Irakoze propose des sensibilisations à l’endroit du gouvernement et de ses partenaires sur l’intérêt de la recherche appliquée  et la contribution des multiplicateurs de semences. Il propose aussi la restitution de l’autonomie de gestion financière de l’ISABU, l’intensification du travail de création variétale pour certaines cultures, la collaboration  davantage avec les services de vulgarisation agricole, la collaboration entre l’ISABU et l’Office National de contrôle et de certification des semences (ONCCS) et les (bureaux provinciaux de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage (BPEAES) pour surveiller de près la production semencière chez les privés.