MUYINGA, 24 nov (ABP) – Les griefs des justiciables contre les magistrats ont dominé mercredi de bout à bout la rencontre de la ministre de la justice, Mme Domine Banyankimbona avec les magistrats, les administrateurs communaux et les représentants des forces de l’ordre du ressort de la province de Muyinga et le président de la cour d’Appel de Ngozi, a constaté l’ABP sur place. Cette rencontre était ponctuée par une séance d’écoute des doléances toutes axées sur les conflits fonciers. Des justiciables n’ont pas été du tout tendres avec les magistrats. Ils dénonçaient tous une justice non équitable, du favoritisme où quelques fois le plus nanti impose son dictat. Une lenteur des magistrats qui frise la mémoire, ont-ils accusé.
Touchée par les cris de désespoir poussés par des justiciables découragés, qui malheureusement n’ont pas été tous entendus après avoir parcouru plusieurs kilomètres à la recherche d’une justice manquée, la ministre de la justice, apparemment consternée a demandé aux magistrats à se ressaisir, à avoir une peau neuve afin de rendre une justice saine, une justice sociale, équitable, source du développement. La ministre n’a pas cru à ses oreilles et à chaque fois invité les responsables des juridictions, depuis le tribunal de résidence, de grande instance et la Cour d’appel de Ngozi, le procureur de la république à s’expliquer sur tel ou tel autre cas. La ministre Banyankimbona, a recommandé les magistrats de traiter les dossiers avec célérité, toute l’attention voulue, avec sagesse et intelligence afin d’amener les parties aux conflits sur la voie de l’entente.
La ministre n’a pas réalisé comment une affaire peut rester pendant devant des juridictions durant plusieurs années. D’ailleurs au cours de cette séance, elle a pu dénouer une affaire vieille de plus de 50 ans devant les juridictions. Un conflit de propriété opposant plus de 120 personnes de la famille des » Bayengero » de la colline Kagari en commune Gashoho. La ministre a dû remonter la piste du conflit depuis le jugement rendu en 1971 jusqu’à celui prononcé en 2016 par la cour Suprême toutes chambres réunies. Elle a rapproché les jugements prononcés par les cours et tribunaux pour dégager la vérité. Le dossier était devenu un casse-tête, un véritable fardeau pour l’administration et les tribunaux.
Des autres cas entendus, elle a chargé les magistrats des différentes juridictions à y réserver une attention particulière en vue de trouver une solution qui rapproche les parties. » Éviter que les justiciables perdent toujours du temps pendant des années à courir derrière des dossiers qui peuvent être traités dans quelques mois ou quelques jours, a-t-il recommandé, ajoutant que les magistrats devrait avoir de l’empathie pour les justiciables qui perdent beaucoup de temps à courir derrière la justice au lieu de s’atteler aux activités de développement ».