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ABP - Agence Burundaise de Presse

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Les femmes leaders contribuent énormément dans la guérison du traumatisme.

ByAdministrateur

Avr 2, 2024

BUJUMBURA, 2 avril (ABP) – L’association des femmes pour la paix et le développement de la zone Kinama, en Mairie de Bujumbura « ABANIKI » composée de 80 femmes en âge avancé, a contribué énormément au retour de la paix dans la zone Kinama, selon Mme Georgette Mahwera, présidente de cette association s’exprimant au cours d’une interview accordée à l’ABP, le 7 mars 2024.

« Notre association est née dans le but de rassembler les femmes hutu et tutsi séparées par la guerre, qui étaient dispersées dans les quartiers Kinama et Cibitoke (au nord du Bujumbura), pendant la crise de 1993 », a-t-elle expliqué.

Elle a indiqué à l’ABP que la population de la zone Kinama, majoritairement hutu, avait fui en RDC et dans d’autres quartiers de la capitale. A ce moment, les tutsis, de leur part avait demandé refuge notamment dans les quartiers de Cibitoke et Ngagara, ce qui rappelle tristement la balkanisation des quartiers de la ville de Bujumbura et l’histoire des sans échecs et sans défaites, des milices armées qui semaient la terreur dans les quartiers de la ville de Bujumbura, a-t-elle raconté.

Ayant constaté cette situation déplorable, Mme Mahwera a pu réunir quelques femmes qui étaient réfugiées en RDC, en province Bujumbura rural et dans différents quartiers de la ville de Bujumbura Mairie, pour cohabiter et penser pour le développement de leurs zones, plus particulièrement sur la lutte contre la discrimination ethnique et les violences domestiques. C’est à ce moment qu’elle leur a proposé de créer une association pour travailler en harmonie. A cet effet, la présidente de cette association a fait savoir qu’elles ont commencé étant au nombre de 44 femmes dont 22 hutu et 22 tutsi, avec un capital de 35000 Fbu, en 1995.

Elles ont démarré sur les cultures vivrières, notamment le riz, les légumes, du maïs, des oignons et du soja. Au départ, explique-t-elle, on exploitait 32 hectares qui se trouvaient dans la zone Kinama, actuel quartier Carama. Au moment où cet endroit a été érigé en quartier résidentiel, nous avons déménagé vers Gihanga où nous louons jusqu’aujourd’hui des champs appartenant à la SRDI (Société Régionale de Développement de l’Imbo), a-t-elle ajouté.

Deux ans après le démarrage, Mme Mahwera a indiqué qu’elles ont acheté leur propre parcelle de 4.000.000 Fbu tout près de la zone Kinama où elles ont implanté le bureau de travail et une maison de stockage. Elle a, par ailleurs indiqué, qu’elles ont un compte bancaire et une caisse sociale qui les aident à s’entraider mutuellement. Ces femmes sont en train de former des jeunes filles pour leur succéder dans ces activités.

Quant à l’association « Urisanze » œuvrant dans la lutte contre les violences basées sur le genre, VBGs, travaille spécialement dans la prise en charge des personnes en âge avancé abandonnées. Soulignant que les personnes âgées sont très fragiles, l’ex présidente de cette association, Mme Niragira Béatrice, fait savoir que ces personnes méritent d’être soutenues et accompagnées. Cette association basée en commune urbaine de Ntahangwa, zone Kinama, quartier Carama a débuté en 1998

avec trois personnes  en  pleine   crise.

C’est au moment où elles se rendaient dans la messe matinale à la nonciature apostolique qu’elles voyaient des personnes âgées en train de mendier. Elle a indiqué qu’ils ont fait appel au programme alimentaire mondial (PAM), qui leur avait octroyé une aide alimentaire qui leur a permis de nourrir un effectif de 150 à 300 personnes, hommes et femmes en âge avancé, victimes d’abandon, chaque mois dans les zones de la ville de Bujumbura.

                        Mme Béatrice Niragira

Elle a signalé qu’elles ont amélioré et travaillent à l’intérieur du pays dans au moins 13 provinces où elles parviennent à prendre en charge plus de 1800 personnes par an sur toute l’étendue du territoire national.

Mme Niragira, a fait savoir, qu’elles ont pu acheter une maison pouvant accueillir plus de 15 vieilles femmes. Au même endroit, le projet de construire un logement pour les vieux hommes est en cours, a-t-elle souligné.

Elle a précisé qu’actuellement les membres de l’association sont au nombre de 35. Ils contribuent chacun 5000Fbu par mois pour accomplir quelques besoins.  Par ailleurs d’autres bienfaiteurs leur accompagnent dans la soutenance et l’accompagnement de ces personnes, par l’octroi des savons, de la nourriture, des habits ainsi que d’autres matériels nécessaires. Elle a aussi indiqué qu’ils ont cherché des cartes de soins qui les facilitent à se faire soigner, ajoutant qu’il y a celles qui ont des maladies chroniques qui nécessitent des médecins spécialistes.

Quant à la coordinatrice nationale de friend women’s association (FWA), Mme Parfaite Ntahuba, cette organisation locale dirigée par les femmes burundaises répond aux besoins des femmes confrontées aux conflits, à la pauvreté, au VIH/SIDA et aux violences sexuelles.

           Mme Parfaite Ntahuba

Mme Ntahuba a fait savoir qu’elles ont initié la clinique de santé « Ntaseka » de FWA qui se concentre sur le traitement des besoins physiques et psychosociaux. La santé est un droit humain, a-t-elle ajouté, insistant que lorsque ce droit est véritablement respecté, il y a de l’espoir pour une paix durable à long terme au Burundi. « On se concentre sur le bien-être des patients et de la communauté, en traitant à la fois leurs besoins corporels et en facilitant leur processus de guérison de la violence ainsi que le traumatisme, » a-t-elle souligné.

Une femme bénéficiant de l’appui de cette association, a témoigné qu’elle s’est mariée à 14ans, et qu’elle n’a jamais gouté à l’amour dans son mariage, indiquant que lui et son mari travaillaient ensemble dans leur restaurant. Quand elle rentrait fatiguée, ajoute-t-elle, son mari lui lançait des mots traumatisants, et des menaces de mort. Parfois, il lui montrait des photos de sa petite amie, pour lui montrer qu’elle est inutile. En définitive, son mari a vendu les parcelles qu’ils avaient cherché ensemble et l’a expulsée de sa maison avec 7 enfants qu’ils ont eu ensemble, signale-t-elle, ajoutant qu’actuellement elle a bénéficié un petit terrain de la part de sa famille où elle a pu construire une maison.

Puisque l’homme avait pris tout ce qu’on avait dans la maison et tout le matériel du restaurant, elle a commencé petit à petit à s’en sortir à l’aide de friend women’s association qui l’a prise en charge psychologiquement et physiquement. Actuellement elle a indiqué qu’elle commence à s’en sortir.