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Les femmes Intwari interpellées à être des ambassadrices de la paix et de la réconciliation

ByAdministrateur

Mai 29, 2023

BUJUMBURA, 26 mai (ABP) – La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) a rencontré vendredi le 26 mai 2023 à Bujumbura, l’association des  » Femmes Intwari » dont certaines sont des épouses des leaders du pays, pour leur présenter les missions, les réalisations et les perspectives de la CVR.

Le président de la CVR, M. Pierre Claver Ndayicariye a précisé que parmi les missions allouées à la CVR, figurent celle d’enquêter et établir la vérité sur les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire, élucider les violations des droits politiques, civils, économiques et sociaux, établir les responsabilités sur ces violations, déterminer le rôle du colonisateur dans les violations cycliques qui ont endeuillé le Burundi, déterminer la nature, les causes et l’étendue des violations précitées, identifier et cartographier les fosses communes, qualifier les violations, proposer des programmes de réparation, de pardon, de réconciliation, de commémorations et autres.

Concernant les réalisations de la CVR pour la période de 2018 à 2022, surtout pour les événements de 1972-1973, il a indiqué que la CVR a déjà exhumé 226 fosses communes et 22.717 victimes dans toutes les provinces du pays.  À cette occasion, un film documentaire illustrant l’exhumation de ces fosses communes a été projeté pour montrer aux femmes Intwari les œuvres de la CVR.

Ndayicariye a également indiqué qu’un génocide est toujours commis par des organes de l’Etat. Selon lui, « Le génocide commis contre les Bahutu du Burundi en 1972-1973 n’aurait pas pu avoir l’ampleur qu’il a eu sans la participation des forces armées, de l’administration et du parti UPRONA ». En 1972, a-t-il signalé, le pouvoir du président Micombero a failli à sa mission première de protéger tous les citoyens.

Il a continué en précisant que dans l’avenir, la CVR va continuer à enquêter sur les violations commises entre 1885 et 2008, ajoutant que d’autres exhumations seront organisées. À cette occasion, M. Ndayicariye a demandé aux femmes Intwari de connaître le passé douloureux que le Burundi a traversé pour bien accomplir les fonctions que le pays leur a donné. Le président de la CVR les a aussi exhortés de partager cette vérité enquêtée par la CVR  dans leurs familles et dans leurs milieux de travail. Les femmes Intwari sont invitées aussi à enseigner à leurs enfants la paix, l’amour et le patriotisme tout en évitant toute forme de division que ça soit éthnique, religieuse, afin que leurs enfants ne traversent pas ce qu’elles ont vécu. Il leur a expliqué que pendant la guerre, les femmes sont vulnérables et victimes de plusieurs maux dont les abus sexuels. Pour cette raison, les femmes Intwari sont invitées à être des ambassadrices de la paix, de la cohésion sociale et de la réconciliation.

La vice-présidente de l’association femmes Intwari, Mme Solange Nkurunziza  a demandé à la CVR de mettre en place une cellule d’écoute pour les rescapés et les victimes de ces événements. Selon elle, les biens spoliés doivent être remis aux veuves ou aux enfants des victimes de ces événements pour parvenir à la guérison des plaies. Elle a promis que les femmes Intwari vont vulgariser ce passé à leurs enfants.

D’autres femmes Intwari qui étaient présentes dans cette séance ont demandé à la CVR d’améliorer la communication en  multipliant des émissions à la radio et à la télévision pour atteindre un public plus large dont la jeunesse. Les femmes Intwari victimes de ces événements ont indiqué à la CVR qu’elles vivent la douleur de ne pas savoir là où se trouve la fosse commune dans laquelle on a mis les leurs.